ĂŠtre accusĂ© d’une infraction pĂ©nale peut s’avĂ©rer une expĂ©rience des plus inquiĂ©tantes. Au-delĂ de l’anxiĂ©tĂ© souvent associĂ©e au processus judiciaire, les personnes accusĂ©es d’une infraction pĂ©nale peuvent faire face notamment Ă des pĂ©riodes d’incarcĂ©ration, Ă des amendes considĂ©rables et Ă une inscription d’une mention Ă leur casier judiciaire si le procureur de la Couronne peut prouver les Ă©lĂ©ments de l’infraction hors de tout doute raisonnable. Cependant, il existe un programme qui, dans certaines circonstances, permet de faire sortir un dossier pĂ©nal du système judiciaire. Il s’agit du Programme de mesures de rechange.
Ce programme est conçu pour dĂ©judiciariser certains cas tout en s’assurant que les accusĂ©s assument la responsabilitĂ© de leurs actes. Un policier ou le procureur de la Couronne doit recommander que la personne soit admise au programme, soit avant soit après la mise en accusation officielle.
Le procureur de la Couronne et la police examinent un certain nombre de facteurs en vue de dĂ©cider de recommander que la personne bĂ©nĂ©ficie du programme. Parmi les facteurs communs figurent la question de savoir si la personne possède dĂ©jĂ un casier judiciaire, la nature et la gravitĂ© de l’accusation au pĂ©nal, l’attitude de la personne, et les souhaits des victimes de ses actes. Selon la province, le Programme de mesures de rechange n’est pas une option pour certaines infractions pĂ©nales. Ainsi, Ă l’ĂŽle-du-Prince-Édouard, les personnes qui sont accusĂ©es de conduite avec facultĂ©s affaiblies ne seraient pas admissibles.
Lorsqu’une personne est renvoyĂ©e au Programme de mesures de rechange, elle doit ĂŞtre prĂŞte Ă assumer la responsabilitĂ© de l’accusation. Elle doit signer un accord de mesures de rechange (Alternative Measures agreement) et se conformer un certain nombre de modalitĂ©s pour terminer le programme de façon satisfaisante. Les conditions sont dĂ©terminĂ©es au cas par cas, mais peuvent comporter la rĂ©daction d’une lettre pour prĂ©senter ses excuses aux victimes, le règlement d’une restitution aux victimes, et l’adoption d’un comportement paisible et acceptable. Il importe de remarquer que mĂŞme si l’accusĂ© reconnaĂ®t sa responsabilitĂ© lorsqu’il signe l’accord, s’il doit ultĂ©rieurement comparaĂ®tre devant les tribunaux en raison de l’infraction, la reconnaissance de responsabilitĂ© ne peut ĂŞtre retenue contre lui Ă titre de preuve. La reconnaissance de responsabilitĂ© n’est pas un plaidoyer de culpabilitĂ©.
Une date butoir sera retenue pour satisfaire aux modalitĂ©s de l’accord de mesures de rechange. En cas de dĂ©faut de satisfaction aux modalitĂ©s, le procureur de la Couronne peut aller de l’avant et poursuivre l’accusĂ© en se fondant sur l’accusation originale. Si l’accusĂ© s’acquitte de toutes les conditions et s’il a terminĂ© toutes les Ă©tapes du Programme de mesures de rechange, le procureur de la Couronne surseoira aux accusations Ă son encontre ou les retirera. Le fait de terminer toutes les Ă©tapes du programme se traduit par l’absence de toute incarcĂ©ration ou amende connexe Ă l’infraction. Alors que rien ne sera inscrit au casier judiciaire, les fonctionnaires judiciaires pourront avoir connaissance de la participation de la personne aux actes rĂ©prĂ©hensibles pendant deux ans Ă partir de la date Ă laquelle elle a signĂ© l’accord de mesures de rechange. Au terme de cette pĂ©riode, le dossier de participation ne sera plus Ă la disposition de la justice.
Alors que le renvoi d’une personne au Programme de mesures de rechange relève de la compĂ©tence du procureur de la Couronne ou de la police, un accusĂ© ou l’avocat qui le dĂ©fend peut passer en revue, avec le procureur de la Couronne, les options disponibles pour rĂ©gler l’affaire hors des tribunaux. Par consĂ©quent, les avocats de la dĂ©fense spĂ©cialisĂ©s en droit pĂ©nal devraient envisager la possibilitĂ© de recours aux mesures de rechanges si les circonstances du dossier suggèrent que cela pourrait ĂŞtre appropriĂ©. Toutefois, la dĂ©cision finale quant au caractère appropriĂ© du recours au programme dans une situation donnĂ©e incombe au procureur de la Couronne ou Ă la police.
Joel M. Wonnacott est le reprĂ©sentant de la Division de l’ĂŽle-du-Prince-Édouard de la Section du droit pĂ©nal