Santé
Le droit de l’enfant de jouir du meilleur Ă©tat de santĂ© possible
[TRADUCTION] « Le droit de l’enfant Ă des services de soins de santĂ© [Article 24] doit recevoir une interprĂ©tation large, et on doit prĂŞter attention Ă tous les facteurs pouvant influer sur l’exercice d’un tel droit. Puisque les droits de la personne sont interdĂ©pendants, l’exercice du droit de l’enfant de jouir du meilleur Ă©tat de santĂ© possible touche l’exercice de ses autres droits et est touchĂ© par celui-ci. Ainsi, si un enfant est malade, n’a pas accès Ă des services de soins de santĂ© et n’est pas en mesure de frĂ©quenter l’Ă©cole, cela aura une incidence nĂ©gative sur son droit Ă l’Ă©ducation. De mĂŞme, si d’autres droits en lien avec la Convention, comme le droit d’ĂŞtre protĂ©gĂ© contre toute forme de violence (article 19), ne sont pas respectĂ©s, les consĂ©quences sur le droit de l’enfant Ă la santĂ© seront immĂ©diates. Parmi les autres droits intrinsèquement liĂ©s Ă la rĂ©alisation du droit Ă la santĂ© figurent le droit Ă la vie, Ă la survie et au dĂ©veloppement (article 6), le droit Ă l’Ă©galitĂ© et Ă la non-discrimination (article 2), le droit de l’enfant de n’ĂŞtre astreint Ă aucun travail comportant des risques de nuire Ă sa santĂ© (article 32), le droit de protection de l’enfant contre toutes les formes d’exploitation sexuelle et de violence sexuelle (article 34) et le droit de ne pas ĂŞtre soumis Ă la torture ni Ă des peines ou traitements cruels, inhumains ou dĂ©gradants (article 37). Le droit de se livrer au jeu (article 31) est Ă©galement primordial, car le jeu est essentiel Ă la santĂ© Ă©motionnelle et physique de l’enfant, et Ă son bien-ĂŞtre.
L’obligation de rendre des comptes est un Ă©lĂ©ment essentiel pour garantir la jouissance du droit de l’enfant Ă la santĂ©, et les mĂ©canismes nationaux de reddition de comptes doivent ĂŞtre efficaces et transparents. De tels mĂ©canismes adĂ©quats comprennent des systèmes de plainte, des recours judiciaires et des organes de contrĂ´le indĂ©pendants. Avec l’engagement actif du gouvernement, de communautĂ©s, de la sociĂ©tĂ© civile et des enfants, les mĂ©canismes nationaux de reddition de comptes doivent viser Ă tenir tous les acteurs responsables de leurs actes. ».
Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme
Genève, mars 2013, p. 7 et 20
Convention relative aux droits de l’enfant). L’article 24 de la Convention appuie le droit de chaque enfant de jouir du meilleur Ă©tat de santĂ© possible. On doit interprĂ©ter ce droit de manière large en reconnaissant tous les facteurs, ainsi que les autres droits qui peuvent influer sur son exercice, tels que le droit d’ĂŞtre protĂ©gĂ© contre toute forme de violence (article 19). Les États parties Ă la Convention sont encouragĂ©s Ă assurer l’accès Ă des soins de santĂ© de qualitĂ© tout au long de la vie de l’enfant, y compris des soins prĂ©ventifs, et Ă des conseils destinĂ©s aux parents. Des mesures doivent ĂŞtre prises afin d’abolir les pratiques traditionnelles prĂ©judiciables Ă la santĂ© de l’enfant. Diverses observations gĂ©nĂ©rales du Conseil des droits de l’enfant des Nations Unies portent sur la santĂ© de l’enfant, dont l’Observation gĂ©nĂ©rale no 4, qui porte sur la santĂ© et le dĂ©veloppement de l’adolescent.
Le droit de l’enfant de participer Ă des dĂ©cisions relatives aux traitements mĂ©dicaux est reconnu dans le droit canadien, mais il varie d’un ressort Ă l’autre. Des lois provinciales ou territoriales abordent la question du consentement Ă un traitement mĂ©dical, comme la loi Infants Act de la Colombie-Britannique et la Loi de 1996 sur le consentement aux soins de santĂ© de l’Ontario. La Cour suprĂŞme du Canada a Ă©galement indiquĂ© que la norme relative Ă l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant doit ĂŞtre appliquĂ©e d’une façon qui tient compte de plus en plus du point de vue de l’enfant, conformĂ©ment Ă son degrĂ© de maturitĂ©, dans les dĂ©cisions relatives aux traitements mĂ©dicaux (voir l’affaire A.C c. Manitoba (Directeur des services Ă l’enfance et Ă la famille) 2009 SCC 30 [2009] 2 S.C.R. 181. En outre, des lois provinciales et territoriales sur la vie privĂ©e abordent la question de la protection des renseignements personnels sur les soins prodiguĂ©s Ă l’enfant et sur la gestion des donnĂ©es.
Droit international
Convention relative aux droits de l’enfant
CRC Article 6
Article 6 de la Convention :
- Les États parties reconnaissent que tout enfant a un droit inhérent à la vie.
- Les États parties assurent dans toute la mesure possible la survie et le dĂ©veloppement de l’enfant.
CRC Article 24
Article 24 de la Convention :
- Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant de jouir du meilleur Ă©tat de santĂ© possible et de bĂ©nĂ©ficier de services mĂ©dicaux et de rĂ©Ă©ducation. Ils s’efforcent de garantir qu’aucun enfant ne soit privĂ© du droit d’avoir accès Ă ces services.
- Les États parties s’efforcent d’assurer la rĂ©alisation intĂ©grale du droit susmentionnĂ© et, en particulier, prennent les mesures appropriĂ©es pour :
- Réduire la mortalité parmi les nourrissons et les enfants;
- Assurer Ă tous les enfants l’assistance mĂ©dicale et les soins de santĂ© nĂ©cessaires, l’accent Ă©tant mis sur le dĂ©veloppement des soins de santĂ© primaires;
- Lutter contre la maladie et la malnutrition, y compris dans le cadre de soins de santĂ© primaires, grâce notamment Ă l’utilisation de techniques aisĂ©ment disponibles et Ă la fourniture d’aliments nutritifs et d’eau potable, compte tenu des dangers et des risques de pollution du milieu naturel;
- Assurer aux mères des soins prénatals et postnatals appropriés;
- Faire en sorte que tous les groupes de la sociĂ©tĂ©, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santĂ© et la nutrition de l’enfant, les avantages de l’allaitement au sein, l’hygiène et la salubritĂ© de l’environnement et la prĂ©vention des accidents, et bĂ©nĂ©ficient d’une aide leur permettant de mettre Ă profit cette information;
- DĂ©velopper les soins de santĂ© prĂ©ventifs, les conseils aux parents et l’Ă©ducation et les services en matière de planification familiale.
- Les États parties prennent toutes les mesures efficaces appropriĂ©es en vue d’abolir les pratiques traditionnelles prĂ©judiciables Ă la santĂ© des enfants.
- Les États parties s’engagent Ă favoriser et Ă encourager la coopĂ©ration internationale en vue d’assurer progressivement la pleine rĂ©alisation du droit reconnu dans le prĂ©sent article. Ă€ cet Ă©gard, il est tenu particulièrement compte des besoins des pays en dĂ©veloppement.
Articles liés de la Convention : 2, 3, 6, 8, 9, 12, 13, 19, 24, 28, 29, 31, 37, 42
Autres normes et instruments internationaux
Sources d’interprĂ©tation
- Observations gĂ©nĂ©rales du ComitĂ© des droits de l’enfant nos 4, 6, 7, 8, 9, 12, 13, 14, 15 et 17
- Observation gĂ©nĂ©rale no 14 (2013) – Droit de l’enfant Ă ce que son intĂ©rĂŞt supĂ©rieur soit une considĂ©ration primordiale (article 3, paragraphe 1)
- Observation gĂ©nĂ©rale no 12 (2009) – Le droit de l’enfant d’ĂŞtre entendu
- Observation gĂ©nĂ©rale no 13 (2011) – Le droit de l’enfant d’ĂŞtre protĂ©gĂ© contre toutes les formes de violence
- Observation gĂ©nĂ©rale no 8 (2006) – Le droit de l’enfant Ă une protection contre les châtiments corporels et autres formes cruelles ou dĂ©gradantes de châtiments (article 19, article 28, paragraphe 2, et article 37, entre autres)
- Observation gĂ©nĂ©rale no 7 (2005) – Mise en Ĺ“uvre des droits de l’enfant dans la petite enfance
- Observation gĂ©nĂ©rale no 15 (2013) – Le droit de l’enfant de jouir du meilleur Ă©tat de santĂ© possible
- Observation gĂ©nĂ©rale no 9 (2006) – Les droits des enfants handicapĂ©s
- Observation gĂ©nĂ©rale no 6 (2005) – Traitement des enfants non accompagnĂ©s et des enfants sĂ©parĂ©s en dehors de leur pays d’origine
- Observation gĂ©nĂ©rale no 4 (2003) – La santĂ© et le dĂ©veloppement de l’adolescent dans le contexte de la Convention relative aux droits de l’enfant
- Observation gĂ©nĂ©rale no 17 (2013) – Droit de l’enfant au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et Ă des activitĂ©s rĂ©crĂ©atives et de participer Ă la vie culturelle et artistique
- Brochure intitulĂ©e « Droit de l’enfant de jouir du meilleur Ă©tat de santĂ© possible » (en anglais seulement) Office du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, Genève, mars 2013.
- Recommandation gĂ©nĂ©rale no 31 du ComitĂ© pour l’Ă©limination de la discrimination Ă l’Ă©gard des femmes du Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations Unies, conjointement avec l’Observation gĂ©nĂ©rale no 18 du ComitĂ© des droits de l’homme des Nations Unies – Pratiques nĂ©fastes (CEDAW/31-CRC/GC/2014/18, 14 novembre 2014)
Droit canadien
Lois fédérales
(Voir les sections de la prĂ©sente trousse d’outils portant sur la Charte et sur la vie privĂ©e pour obtenir de plus amples renseignements.)
Lois provinciales ou territoriales
Un grand nombre de lois provinciales ou territoriales abordent la question du consentement Ă un traitement mĂ©dical, comme la loi Infants Act de la Colombie-Britannique et la Loi de 1996 sur le consentement aux soins de santĂ© de l’Ontario. Des lois provinciales et territoriales sur la vie privĂ©e abordent la question de la protection des renseignements personnels sur les soins prodiguĂ©s Ă l’enfant et sur la gestion des donnĂ©es. Consulter l’annexe sur l’âge et les droits en matière de soins de santĂ© et l’annexe sur l’âge minimum pour les directives en matière de soins de santĂ© pour plus d’informations sur les lois en vigueur dans les provinces et les territoires.
En 2023 et 2024, les gouvernements provinciaux du Nouveau-Brunswick, de la Saskatchewan et de l’Alberta ont annoncĂ© des politiques et des modifications lĂ©gislatives visant Ă restreindre les droits des personnes transgenres et, plus prĂ©cisĂ©ment, Ă empĂŞcher les jeunes transgenres de recevoir certaines formes de traitement mĂ©dical confirmant leur sexe et Ă empĂŞcher ces jeunes de participer Ă des activitĂ©s sportives. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral ainsi que de nombreuses ONG ont exprimĂ© leur avis, affirmant que ces lois et politiques provinciales violent les droits des enfants et des jeunes que garantit la Charte. L’Association mĂ©dicale canadienne et l’Association des psychiatres du Canada se sont opposĂ©es Ă ces rĂ©formes, affirmant qu’elles compromettaient les droits aux traitements mĂ©dicaux auxquels les enfants ont droit. Au moment de la rĂ©daction du prĂ©sent rapport, la façon dont les contestations fondĂ©es sur la Charte se produiront et le moment oĂą elles auront lieu sont toujours nĂ©buleuses. Il est clair, cependant, que ces lois provinciales ne sont pas en harmonie avec les protections de la santĂ© prĂ©vues par la Convention.
Jurisprudence
A.C c. Manitoba (Directeur des services Ă l’enfance et Ă la famille), [2009] 2 RCS 181 – Cette affaire concernait l’arrestation d’une enfant âgĂ©e de près de 15 ans souffrant de saignements du tractus gastro-intestinal causĂ©s par la maladie de Crohn alors qu’elle refusait une transfusion sanguine en raison du fait qu’elle Ă©tait tĂ©moin de JĂ©hovah. Le paragraphe 25(8) de la Loi sur les services Ă l’enfant et Ă la famille du Manitoba permet Ă la Cour d’autoriser des traitements mĂ©dicaux qu’elle juge ĂŞtre dans l’intĂ©rĂŞt de l’enfant, et le paragraphe 25(9) prĂ©cise que l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur d’un enfant âgĂ© d’au moins 16 ans est mieux servi en acceptant que son point de vue soit dĂ©terminant, Ă moins qu’il soit dĂ©montrĂ© que l’enfant ne peut pas comprendre la dĂ©cision ou ses consĂ©quences. Les dispositions suivantes de la Charte ont Ă©tĂ© soulevĂ©es : le paragraphe 2(a) (conscience et religion), le paragraphe 7 (vie, libertĂ© et sĂ©curitĂ© de la personne et aucune privation de ces droits, sauf si elle est conforme aux principes de justice fondamentale) et le paragraphe 15(1) (ÉgalitĂ©). La Cour a examinĂ© la common law pour les adultes et a conclu que la Loi conduit Ă une interprĂ©tation de « l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur » de l’enfant qui est compatible avec les normes internationales, les dĂ©veloppements rĂ©cents en common law et la rĂ©alitĂ© de la protection de l’enfance et des enfants (paragraphes 80). La Cour a jugĂ© que les dispositions lĂ©gislatives de la Loi sont constitutionnelles et que, bien que la maturitĂ© soit difficile Ă dĂ©finir en raison de son caractère Ă©volutif et contextuel, « le droit des adolescents matures Ă ne pas ĂŞtre injustement privĂ©s de la possibilitĂ© de prendre de façon autonome des dĂ©cisions mĂ©dicales commande que l’Ă©valuation soit effectuĂ©e avec respect et rigueur » (paragraphe 96). Par consĂ©quent, la Cour a posĂ© une liste de questions qui ne prĂ©tend pas ĂŞtre une formule, mais qui vise Ă aider les tribunaux Ă dĂ©terminer dans quelle mesure les volontĂ©s exprimĂ©es par l’enfant reflètent des choix vĂ©ritables, durables et autonomes.
Auton (Tutrice Ă l’instance de) c. Colombie-Britannique (Procureur gĂ©nĂ©ral), 2004 CSC 78 – Les requĂ©rants Ă©taient des nourrissons autistes qui, avec l’aide de leurs parents en tant que tuteurs lĂ©gaux soutenaient que le fait que le gouvernement provincial n’avait pas financĂ© la thĂ©rapie comportementale appliquĂ©e violait leurs droits Ă l’Ă©galitĂ© en vertu de la Charte. Le traitement inĂ©gal rĂ©sidait dans le fait que les enfants ou les adultes non handicapĂ©s recevaient des services de santĂ© mentale financĂ©s par la province tandis que les enfants autistes se voyaient refuser la thĂ©rapie comportementale appliquĂ©e, mĂŞme si la province reconnaissait l’importance d’une intervention, d’un diagnostic et d’un traitement prĂ©coces pour l’autisme. La juge de première instance et la Cour d’appel de la Colombie-Britannique ont estimĂ© que la province avait enfreint les droits d’Ă©galitĂ© des enfants. Cependant, la Cour suprĂŞme du Canada ne s’est pas montrĂ©e de cet avis en soutenant qu’il n’y a pas eu de violation du fait que la province Ă©tait seulement tenue, en vertu de la loi applicable, de financer des services requis ou nĂ©cessaires fournis par des mĂ©decins, et que ces derniers n’incluent pas les services en question. La Cour a insistĂ© sur la nĂ©cessitĂ© d’examiner les questions relatives Ă l’Ă©galitĂ© en fonction de la rĂ©alitĂ© et du contexte, mais elle n’a pas fait mention Ă la Convention dans les motifs qu’elle a invoquĂ©s. Son analyse de l’Ă©galitĂ© a reposĂ© sur la question de savoir si les services constituaient un avantage prĂ©vu par la loi et, dans la nĂ©gative, si l’avantage prĂ©vu par la loi a Ă©tĂ© accordĂ© Ă un groupe de comparaison semblable.
Il convient de remarquer qu’un argument similaire soulevĂ© plus rĂ©cemment par le Canada, selon lequel les enfants autochtones vivant dans une rĂ©serve ne doivent pas ĂŞtre comparĂ©s aux enfants hors rĂ©serve, a Ă©tĂ© rejetĂ© par le Tribunal canadien des droits de la personne relativement Ă une plainte sur l’aide Ă l’enfance des Premières Nations (Docket : T1340/7708).
B. (R.) v. Children’s Aid Society of Metropolitan Toronto, [1995] 1 SCR 315 – La Cour suprĂŞme du Canada a rejetĂ© les arguments avancĂ©s par des parents de Toronto, tĂ©moins de JĂ©hovah, qui prĂ©tendaient que leurs droits garantis par la Charte avaient Ă©tĂ© violĂ©s lorsque leur fille en bas âge avait reçu une transfusion sanguine ordonnĂ©e par le tribunal malgrĂ© leurs objections pour motifs religieux. La Cour a conclu que la libertĂ© de religion d’un parent, telle qu’elle est garantie en vertu du paragraphe 2(a) de la Charte, est nĂ©cessairement limitĂ©e par l’article 1 en ce sens qu’elle ne comprend pas le droit d’imposer des pratiques religieuses Ă un enfant pouvant nuire Ă sa sĂ©curitĂ©, Ă sa santĂ© et Ă sa vie. Dans cette affaire, l’enfant Ă©tait trop jeune pour avoir adhĂ©rĂ© Ă la foi de ses parents. En consĂ©quence, le refus des parents de permettre qu’elle reçoive une transfusion sanguine empiĂ©tait sur sa libertĂ© de conscience. En principe, la libertĂ© de religion d’une personne, y compris un parent, ne comprend pas les activitĂ©s d’une personne qui nient catĂ©goriquement la libertĂ© de conscience d’une autre personne, y compris lorsque cette autre personne est son enfant.
Canada c. MĂ©decins canadiens pour les soins aux rĂ©fugiĂ©s et les autres, 2014 CF 651 (appel interjetĂ© et subsĂ©quemment retirĂ©) – En juin 2012, le gouvernement fĂ©dĂ©ral du Canada a procĂ©dĂ© Ă des rĂ©ductions dans son rĂ©gime d’assurance maladie, de sorte que l’assurance maladie fournie aux demandeurs d’asile en vertu du Programme fĂ©dĂ©ral de santĂ© intĂ©rimaire (PFSI) a Ă©tĂ© supprimĂ©e. Les demandeurs cherchaient Ă obtenir un examen judiciaire de la dĂ©cision. Le 4 juillet 2014, la Cour a jugĂ© que les rĂ©ductions ont donnĂ© lieu Ă la violation de deux dispositions de la Charte l’article 12 (Traitements ou peines cruels et inusitĂ©s) et 15 (Traitement diffĂ©rent selon la catĂ©gorie des pays d'origine dĂ©signĂ©s). En septembre 2014, le Canada a interjetĂ© appel de la dĂ©cision, mais, après l’Ă©lection fĂ©dĂ©rale de 2015, l’appel a Ă©tĂ© retirĂ©.
EnquĂŞte du coroner sur le dĂ©cès d’Ashley Smith, verdict du jury du coroner – Loi sur les coroners –Province de l’Ontario, dĂ©cembre 2013 – Il s’agissait d’une enquĂŞte mĂ©dico-lĂ©gale concernant le dĂ©cès d’Ashley Smith, une jeune femme âgĂ©e de 19 ans dĂ©tenue par le système correctionnel fĂ©dĂ©ral en 2007. Le jury a conclu que les circonstances du dĂ©cès Ă©taient un homicide. Il s’agissait de la première fois qu’un verdict d’homicide d’un dĂ©tenu ou d’une dĂ©tenue dans le système correctionnel canadien Ă©tait commis par une personne qui n’Ă©tait pas un autre dĂ©tenu ou une autre dĂ©tenue. Ashley Smith avait Ă©tĂ© placĂ©e sous garde Ă l’âge de 14 ans dans un Ă©tablissement pour jeunes pendant un mois en 2003, pour avoir lancĂ© des pommettes Ă un employĂ© des postes. Une fois placĂ©e sous garde, Smith a commis des centaines d’infractions disciplinaires et a accumulĂ© des accusations criminelles en raison de son comportement. Elle a ensuite Ă©tĂ© placĂ©e sous garde pendant plus de quatre ans, presque entièrement en isolement, avant d’ĂŞtre transfĂ©rĂ©e dans un Ă©tablissement de dĂ©tention pour adultes, oĂą elle est dĂ©cĂ©dĂ©e en 2007. Smith s’est enlevĂ© la vie au moyen d’une corde, pendant que les gardiens de première ligne se sont contentĂ©s de la regarder pendant environ 45 minutes avant d’intervenir. En dĂ©tention, Smith Ă©tait dĂ©tenue dans un espace clos. Ses plaintes officielles Ă©taient ignorĂ©es, et ses droits rĂ©gulièrement bafouĂ©s. Elle a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©e dans un Ă©tablissement de dĂ©tention pour adultes, alors qu’elle venait d’avoir 18 ans, puis transfĂ©rĂ©e 17 autres fois dans huit Ă©tablissements diffĂ©rents. Le verdict a condamnĂ© le dĂ©faut du système judiciaire et du système correctionnel canadiens d’assurer des soins, des traitements, des mesures de soutien et des protections favorables Ă l’exercice des droits des adolescents dĂ©tenus et fournissait diverses recommandations visant Ă rĂ©soudre des problèmes systĂ©miques prĂ©sents dans le système correctionnel canadien, oĂą les jeunes dĂ©tenus ne reçoivent pas un soutien ou un traitement humain adĂ©quat.
Hamilton Health Sciences Corp. v. D.H., 2014 ONCJ 603 (CanLII) – Un hĂ´pital a dĂ©posĂ© une requĂŞte contre une sociĂ©tĂ© d’aide Ă l’enfance pour obliger une fillette âgĂ©e de 11 ans Ă poursuivre une chimiothĂ©rapie pour traiter une leucĂ©mie. Les parents de l’enfant, d’origine autochtone, ont choisi de ne pas poursuivre la chimiothĂ©rapie et de recourir Ă un autre traitement en Floride. Ils ont qualifiĂ© ce traitement de compatible aux pratiques autochtones et ont donc soutenu qu’il s’agissait d’un droit autochtone de l’enfant de choisir un traitement alternatif au lieu des soins de santĂ© occidentaux. La Cour de l’Ontario a jugĂ© que l’hĂ´pital ne pouvait pas obliger la jeune fille Ă reprendre un traitement de chimiothĂ©rapie parce que la Constitution protège le droit de la mère de traiter son enfant au moyen d’une mĂ©decine traditionnelle autochtone.
Considérations spéciales
- Consentement et capacitĂ© – Le droit d’un enfant de participer Ă la prise de dĂ©cisions concernant les soins de santĂ© peut comprendre le consentement Ă un traitement mĂ©dical, mais les règles varient d’un ressort Ă l’autre.
- Les enfants autochtones ont des droits protégés par la Constitution et des traités, de même que des droits culturels en vertu de la Convention, qui peuvent influer sur les décisions relatives aux traitements médicaux (affaire Hamilton Health Sciences Corp. v. D.H., 2014 ONCJ 603 (CanLII))
Pratiques essentielles
- Si vous êtes avocat ou avocate de société pour les hôpitaux :
- recommandez que des politiques et des protocoles soient mis en place pour s’assurer que les enfants participent Ă la prise de dĂ©cisions concernant les soins de santĂ© Ă des niveaux propices Ă leur dĂ©veloppement et conformĂ©ment Ă la loi applicable;
- assurez-vous que des politiques et des protocoles sont mis en place de manière Ă ce que les professionnels de la santĂ© comprennent que l’intĂ©rĂŞt supĂ©rieur de l’enfant doit ĂŞtre la considĂ©ration primordiale dans toutes les dĂ©cisions concernant les soins de santĂ© prodiguĂ©s aux enfants.
- Assurez-vous que les enfants sont informĂ©s sur leur droit Ă des services de soins de santĂ© et que, s’ils sont aptes Ă exprimer leurs points de vue, qu’ils ont l’occasion de prendre part aux dĂ©cisions qui les concernent.
- Assurez-vous Ă©galement que le droit de l’enfant Ă la vie privĂ©e est respectĂ© et soigneusement protĂ©gĂ©.
Ressources
- MĂ©decins canadiens pour les soins aux rĂ©fugiĂ©s c. Canada (Procureur gĂ©nĂ©ral), [2014] A.C.F. No 679, 2014 C.F. (MĂ©moire de l’intervenante, Justice pour les enfants et les jeunes) Ă 651, en ligne.
- Justice pour les enfants et les jeunes, « Wiki – Droits lĂ©gaux : SantĂ© » (2013), en ligne.
- Provincial Advocate for Children & Youth, The Ultimate Health Rights Survival Guide:A Step-By-Step Guide For Young People For Making Your Own Health
- Provincial Advocate for Children & Youth, Decisions And What To Do When You Can’t Make Your Own Decisions, (Ontario: The Office of the Provincial Advocate for Children & Youth, 2014), en ligne.
- International Institute For Child Rights and Development, CRED-PRO Child Rights Curriculum for Health Professionals, par Lansdown, Heykoop et Hart, (Victoria : International Institute for Child Rights and Development, 2008) en ligne.
- Nicholas Léger-Riopel, Christian Whalen et Malaïka Bacon-Dussault (eds), Law and Mental Health of Children and the Youth / Droit et santé mentale des enfants et des jeunes, Éditions Université de Moncton (mai 2016)
- N. Léger-Riopel et P. Deslauriers, Code de déontologie des médecins annotés (Annotated Physician Code of Ethics), Yvon Blais, 2016.
- Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, « Le droit de l’enfant de jouir du meilleur Ă©tat de santĂ© possible » (uniquement en anglais), Genève : mars 2013.
Ressources médicales
- Association mondiale de psychiatrie, «WPA Presidential Global Program on Child mental Health» (2016), en ligne.
- Société canadienne de pédiatrie, Position Paper on Children and Consent to Treatment Decisions
- Association mĂ©dicale canadienne, DĂ©claration sur les traitements d’affirmation de genre, 20 fĂ©vrier 2024
- C. Harrison, « Position Paper on Children and Consent to Treatment Decisions » (2004) 9:2 Paediatric Child Health 99 (en ligne).
- Zillah Parker et coll., « PĂ©dopsychiatrie canadienne ;les effectifs mĂ©dicaux » (2002), en ligne.
- College of Physicians and Surgeons of Alberta, « Informed Consent for Minors: Advice to the Profession » (2015), en ligne.
- Ordre des mĂ©decins et chirurgiens de l’Ontario, « La divulgation des prĂ©judices » (2003), en ligne.
- Groupe de travail canadien sur les soins de santĂ© prĂ©ventifs, « Obesity in Children: Summary Of Recommendations For Clinicians And Policy Makers » (2015), en ligne.
- Yves Tremblay, Anne-Marie Gagné et Marie-Hélène Pennestri dir, Réflexions sur la réanimation du bébé grand prématuré : une approche transdisciplinaire, (Montréal : Université de Montréal, 2012), en ligne.
- Ann Lorek et coll., « The Mental and Physical Health Difficulties of Children Held Within a British Immigration Detention Center:A Pilot Study » (2009) 33 Child Abuse & Neglect 573 (en ligne).