Les personnes transgenres, non binaires et de la diversitĂ© des genres se butent Ă d’importants obstacles d’accès Ă la justice, signale l’Association du barreau canadien Ă la Cour suprĂŞme du Canada dans une lettre signĂ©e par la Section de la communautĂ© sur l’orientation et l’identitĂ© sexuelles, le Sous-comitĂ© de liaison avec la Cour suprĂŞme du Canada et le ComitĂ© de liaison entre la magistrature des Cours fĂ©dĂ©rales et le barreau. Cette lettre, demandĂ©e par la Cour, renferme plusieurs recommandations visant Ă solutionner cette problĂ©matique et Ă amĂ©liorer les pratiques Ă la Cour. La Cour fĂ©dĂ©rale d’appel et la Cour fĂ©dĂ©rale (disponible uniquement en anglais) ont Ă©galement demandĂ© Ă l’ABC de leur formuler des recommandations.
Les lettres sont rĂ©sumĂ©es ci-après. Veuillez noter que le terme « trans » est systĂ©matiquement utilisĂ© pour dĂ©signer l’ensemble des personnes dont l’identitĂ© de genre diffère du sexe qui leur a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă la naissance, ce qui comprend la majoritĂ© des personnes non binaires.
En plus des comportements ouvertement hostiles aux personnes trans qu’elles peuvent parfois subir, les personnes de la diversitĂ© des genres peuvent ĂŞtre brimĂ©es par un manque de respect et de reconnaissance de leur identitĂ© propre dans le système de justice. Un cas de figure parmi les plus courants : se tromper de genre en s’adressant Ă la personne – c’est-Ă -dire s’adresser Ă elle comme Ă une personne d’un genre diffĂ©rent de celui auquel elle s’identifie, en utilisant le mauvais pronom ou le nom qu’elle portait avant sa transition, ce nom Ă©tant souvent dĂ©signĂ© comme un nom « mort ».
Le mĂ©genrage est parfois intentionnel, mais il peut aussi se produire par accident ou par une tendance Ă tirer des conclusions d’après les caractĂ©ristiques telles que l’apparence, le nom ou la voix. « N’importe qui peut ĂŞtre victime d’une telle mĂ©prise, mais ce sont les personnes trans qui en font le plus les frais », expliquent la section et les comitĂ©s. Cela peut avoir des effets dĂ©vastateurs chez certaines personnes trans, qui peuvent se sentir stigmatisĂ©es et marginalisĂ©es, recevant le signal que leurs identitĂ©s ne sont ni reconnues ni respectĂ©es, et que s’afficher telles qu’elles sont n’est pas sans risque. « On comprendra que lorsque cela se produit au tribunal, l’Ă©quitĂ© d’accès Ă la justice est mise Ă risque. »
La section, le comitĂ© et le sous-comitĂ© de l’ABC constatent que de nombreuses instances au Canada ont dĂ©jĂ mis Ă jour leurs procĂ©dures d’introduction pour les rendre plus inclusives Ă la diversitĂ© des genres. Les pratiques varient d’un ocĂ©an Ă l’autre, mais toutes consistent Ă promouvoir la sensibilisation et encouragent les parties Ă indiquer d’elles-mĂŞmes quels pronoms et titres de civilitĂ© utiliser pendant la procĂ©dure. « Ces ajustements viennent rĂ©duire les incidents de mĂ©genrage prĂ©judiciable, rappellent l’obligation de s’adresser respectueusement Ă toutes les parties, et soulignent le droit des personnes de toutes identitĂ©s de se voir accorder une dignitĂ© Ă©gale devant le tribunal », Ă©crit-on dans la lettre.
Les sections de l’ABC recommandent Ă la Cour suprĂŞme et aux Cours fĂ©dĂ©rales de se doter d’un mĂ©canisme semblable et d’envisager l’ajout de ressources Ă©ducatives pour les juges et le personnel au sujet des rĂ©alitĂ©s des personnes trans.
Ces mesures « non seulement [amĂ©lioreront] l’expĂ©rience des personnes trans qui comparaissent en justice, mais aussi [ouvriront] la marche pour le reste du système judiciaire. Donner ainsi le ton montrerait que les personnes trans doivent bĂ©nĂ©ficier d’un accès et d’un respect Ă©gaux, y compris devant notre plus haute instance. »
Outre la sensibilisation et la mise Ă jour des formules de prĂ©sentation, d’autres usages pourraient ĂŞtre revus, comme l’adoption de « maĂ®tre » comme titre non genrĂ© pour toutes les personnes ayant le titre d’avocat, et l’introduction de solutions Ă©picènes pour Ă©viter des formulations genrĂ©es.