Ayokunle Ogundipe
De nombreuses communautés dans le comté de Kwale le long de la côte méridionale du Kenya étaient en très bonne posture avant la pandémie de COVID-19. Les belles plages garantissaient un flux constant de touristes pendant presque toute l’année, mais ont également fait de Kwale un foyer actif du coronavirus au Kenya, avec un taux relatif d’infection au début de la pandémie plus élevé que la moyenne. Aujourd’hui, les habitants des villes et des villages miniers avoisinants, déjà marginalisés et vivant dans la pauvreté et des conditions environnementales difficiles, courent un risque accru de contracter le virus. La plupart des résidents n’ont pas accès à la télévision et à la radio pour recevoir les messages de prévention. Par conséquent, il est difficile de communiquer les renseignements concernant les manières de se protéger et d’éviter de transmettre le virus à autrui. Le savon et les autres produits hygiéniques ne sont pas faciles à trouver et pour la plupart des résidents, l’achat de nourriture passe en priorité devant les autres produits.
Le projet Soutien à l’exploitation inclusive des ressources en Afrique de l’Est (avec un financement d’Affaires mondiales Canada) a rapidement conçu une stratégie d’intervention pour faire face à la COVID. En partenariat avec le Barreau du Kenya, le Kwale Youth and Governance Consortium et le Msambweni Youth Bunge Alliance, le projet Soutien à l’exploitation inclusive des ressources en Afrique de l’Est a commencé à apporter un soutien aux membres les plus vulnérables des villages miniers du comté de Kwale.
Ces interventions visent à atteindre 10 femmes et 10 hommes dans 10 villages en avril et en mai et à leur fournir des renseignements qui pourraient sauver des vies et des produits sanitaires.
La première activité de sensibilisation, tenue en respect des nécessités de distanciation physique, a eu lieu dans le village de Fingirika le 22 avril. Pour la première fois, les habitants ont vu un agent de la santé publique montrer la technique correcte de lavage des mains et ont appris l’importance de demeurer à la maison et de pratiquer la distanciation sociale. Un agent du bureau sexospécifique de la police a prodigué des conseils sur la manière de reconnaître, de limiter et de déclarer la violence sexospécifique et la maltraitance des enfants. La présence du commissaire adjoint du comté (Assistant County Commissioner) a ajouté un poids gouvernemental plus officiel. Il a expliqué que les règles et règlements pour arrêter la propagation du virus ne sont pas de simples suggestions, mais que tout un chacun a un rôle à jouer pour protéger la sécurité de sa communauté.
Les chefs, les dirigeants de villages et les aînés sont généralement les personnages influents les plus accessibles. On leur a demandé d’utiliser leur influence pour aider leur communauté respective en sensibilisant en toute sécurité les habitants et en aidant à l’application des mesures, particulièrement en supervisant la fermeture de hauts lieux de la vie sociale tels que les bars.
Les représentants du projet Soutien à l’exploitation inclusive des ressources en Afrique de l’Est ont profité de l’occasion pour distribuer des fiches de soutien de l’aide juridique qui garantissent aux membres de la communauté l’accès à un juriste bénévole du projet et du Barreau du Kenya au cas où une aide juridique s’avèrerait nécessaire pendant la période des restrictions dues à la COVID et par la suite. Des articles de soutien ont été distribués à chaque foyer, y compris dix masques réutilisables et lavables, des contenants de 5 litres de savon liquide pour les mains, un sac de 5 kg de farine de maïs et des produits d’hygiène féminine.
Le projet Soutien à l’exploitation inclusive des ressources en Afrique de l’Est a passé les trois dernières années à collaborer avec des partenaires dans la région de l’Afrique orientale, travaillant avec les barreaux du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie, avec les organisations communautaires et les groupes dirigés par des femmes en vue d’accroître la croissance économique des Africains de l’Est, et plus particulièrement des femmes et des groupes vulnérables touchés par le secteur de l’extraction. Le projet répond à la pandémie de COVID en augmentant le soutien déjà apporté aux communautés marginalisées au sein desquelles la qualité de vie a été dégradée par les activités minières.
Ayokunle Ogundipe est gestionnaire de projet, Initiatives internationales de l’ABC.