Quelle expérience de votre carrière juridique vous a le mieux préparé à votre travail au sein de la magistrature?
Peu après ma nomination, j’ai constaté à quel point je mettais à contribution mes expériences de vie antérieures, dont quelques-unes que je n’aurais pas nécessairement associées à mon poste de juge. Les expériences plus traditionnelles que j’ai vécues en lien avec la plaidoirie tous les types de causes, la rédaction de mémoires, la présidence de réunions, ainsi que la supervision et l’encadrement de juristes m’ont évidemment été utiles. Toutefois, certaines autres expériences de vie ont facilité mon travail dont le fait d’aider des amis à régler les problèmes de relations, d’offrir des services de médiation lors de conflits dans ma famille immédiate, de lire des livres de fiction et ouvrages documentaires, de faire du bénévolat auprès de réfugiés. Ces expériences ont accru mon empathie, amélioré ma compréhension de la nature humaine et des motivations humaines, et renforcé la façon dont je vois la complexité des interactions humaines. Puisque la plupart des conflits juridiques sont en fin de compte le résultat de la détérioration ou de la mauvaise compréhension de relations humaines, il n’est pas surprenant que ces expériences m’aient servi de préparation.
Que souhaitez-vous que le public sache au sujet du système de justice?
J’aimerais que le public en sache davantage sur les processus de résolution avant qu’une affaire criminelle, familiale ou civile aboutisse devant les tribunaux. Le tribunal est l’instance de dernier recours pour régler une question judiciaire contestée. Les processus de divulgation, les négociations entre les parties à divers stades de la procédure, avec ou sans l’aide d’un tiers, y compris d’un juge, la gestion de l’instance et les décisions relatives aux procédures préliminaires aident tous à régler les différends avant qu’ils ne rendent à une salle d’audience. Par conséquent, les affaires que le tribunal entend sont souvent les plus difficiles à résoudre, pour diverses raisons, comme le degré de conflit entre les parties, une question juridique indéterminée ou les enjeux importants du résultat. La prise de décisions dans ces genres d’affaires est un rôle important que joue la cour. Les avocats et avocates ou les personnes qui se représentent elles-mêmes ont un rôle essentiel à jouer dans la façon dont l’affaire se déroule, se résout ou aboutit – ou non – en cour. Les juges qui président des audiences ne peuvent prendre leur décision qu’en se fondant sur les faits et sur les éléments de preuve présentés, guidés par des paramètres juridiques pertinents. Habituellement, beaucoup d’autres renseignements que les juges ignorent ont été échangés entre les parties sur toute affaire portée devant les tribunaux. Les outils dont dispose le tribunal pour régler une affaire, y compris un recours, sont beaucoup plus limités que ce qui est possible à l’extérieur du tribunal. Il est important que le public comprenne que l’audience n’est qu’une des nombreuses étapes du système de justice et qu’il existe plusieurs autres manières flexibles de résoudre une affaire avant qu’elle n’atteigne cette étape.