Quel a été votre cheminement dans le monde du droit et de la magistrature?
Je suis promue du Barreau Québec en 1981. Par la suite, je me suis jointe à différentes études d’avocat et j’ai toujours pratiqué dans le domaine du litige civil et commercial. Ma plus grande satisfaction a toujours été d’établir une relation de confiance avec mes client-e-s afin de leur permettre de régler leurs problèmes. Dans ce contexte, la représentation de mes clients devant les tribunaux était un moyen parmi d’autres pour arriver à mes fins, soit le règlement satisfaisant d’un conflit.
Après 27 années de pratique privée, le temps était venu d’entamer une nouvelle carrière. J’ai délibérément choisi de faire application pour être juge à la Cour du Québec, une cour provinciale avec une juridiction diversifiée. La Cour du Québec traite des litiges reliés à différents domaines du droit tel le droit civil général, les petites créances, le droit administratif et le droit fiscal. Le côté éclectique de cette juridiction m’attirait beaucoup. Je n’ai pas été déçue. J’ai adoré la diversité et la complexité des problèmes qui nous étaient soumis et j’ai aimé l’approche polyvalente que nous devions avoir au sein de cette juridiction. Je me suis impliquée dans la vie de la cour à différents postes. J’ai été juge responsable du programme de perfectionnement des juges de la cour, j’ai agi comme juge coordonnatrice de la division administrative et appel, j’ai participé aux comités de perfectionnement en droit fiscal, j’ai fait partie de nombreux comités. Bref, ces nombreuses implications ont fait en sorte que je ne me suis jamais ennuyée dans mes fonctions. J’ai toujours considéré qu’être juge à la Cour du Québec était un incroyable privilège. Je vais toujours être redevable envers la société qui m’a confié ce rôle si important.
Quelle expérience de votre carrière juridique vous a le mieux préparée à votre travail au sein de la magistrature?
Il est dommage que la question fasse référence à une expérience de ma carrière juridique. Si la question avait été formulée plus largement j’aurais sans aucune hésitation mentionné que c’est le fait d’avoir élevé trois enfants qui m’a le mieux préparé à mon travail à la magistrature. En effet, éduquer des enfants, nous force à trouver des façons de gérer les conflits avec autorité et empathie. Cela nous oblige à être à l’écoute, à encourager le dialogue et finalement à prendre des décisions pour rétablir l’harmonie. Mais puisqu’on me demande une expérience juridique, je vous dirais que c’est certainement le fait d’enseigner aux étudiants du Barreau et de donner des conférences qui m’a le plus aidé à développer un esprit clair, à présenter des questions complexes facilement, à cibler l’essentiel dans un message et à être conscient de la meilleure façon de passer un message. Cette agilité à organiser des informations et à trouver le fil directeur d’un raisonnement m’a particulièrement servi lors de la rédaction de mes jugements.
