Quel a été votre cheminement dans le monde du droit et de la magistrature?
Je suis l’enfant d’immigrants qui ont surmonté des obstacles discriminatoires pour saisir les possibilités que le Canada avait à offrir et qui ont encouragé leurs enfants à en faire de même. Mon ambition était de suivre leur voie à tous les deux dans le domaine de l’enseignement. C’est mon père qui m’a suggéré de présenter ma candidature à la faculté de droit « juste pour voir ». Le droit pénal a éveillé mon intérêt dès le début, et un emploi étudiant pendant l’été dans un bureau de la Couronne a renforcé cette passion. J’ai aimé mes nombreuses années de travail en tant que procureure et gestionnaire à mon ministère, mais j’ai fini par sentir que j’avais atteint mes limites et je pensais pouvoir utiliser les compétences en droit et en gestion que j’avais acquises jusqu’alors pour me fixer un autre objectif satisfaisant.
Au fil des ans, aussi bien au cours de ma carrière juridique que dans le cadre de mon travail bénévole avec Operation Springboard et divers organismes de bienfaisance et communautaires, j’en suis venu à apprécier la valeur des aspects dénonciateurs et dissuasifs du système de justice pénale, d’une part, mais aussi de son accent sur la réhabilitation. J’ai travaillé avec des gens animés d’une passion pour la justice sociale et déterminés à faire du monde une meilleure place pour les personnes dans le besoin, ce qui a également contribué à la sécurité publique en réduisant la possibilité de choisir la criminalité, avec tout le potentiel de récidive qui va de pair avec cette décision. Au cours des dernières années de ma carrière précédente, j’ai eu l’occasion de travailler avec des membres de la magistrature sur des projets gouvernementaux en lien avec la mise en liberté sous caution, avec l’efficacité des tribunaux et avec le programme fédéral « JUST ». Ces expériences ont contribué à m’ouvrir les yeux sur ce que les juges peuvent réellement accomplir. Le travail de juge vous donne l’occasion d’aider des individus et votre collectivité, d’améliorer le système de justice et, en tant que fonctionnaire, d’essayer d’être un agent de changement.
Quels conseils donneriez-vous aux juristes qui comparaissent devant vous?
Soyez prête. Connaissez votre client ou témoin, et soyez parfaitement consciente des éléments de preuve de votre cause, de sorte que vous sachiez quelles questions ou quels problèmes mettre en lumière pour le juge qui préside, ou pour y réagir. Établissez une stratégie. Les juges aiment l’organisation : utilisez des répertoires, des tableaux et des chronologies pour faciliter la prise de décisions. Et s’il vous plaît, n’oubliez jamais la valeur de la courtoisie! Gardez à l’esprit en tout temps que nous avons affaire à de vraies personnes et à des questions qui ne se limitent pas à la portée de la jurisprudence ou des précédents.