Quel cheminement vous a mené au monde du droit et à la magistrature?
Dans les deux cas, ce fut de façon inattendue.
Je n’avais pas prévu devenir juriste et encore moins juge. Pendant mon enfance, je n’ai côtoyé ni juge ni juriste. À la fin de mon programme de premier cycle en études internationales, deux options s’offraient à moi : des études universitaires en sciences sociales ou des études complémentaires orientées vers une profession de service. J’ai choisi la deuxième option et j’ai déménagé à Toronto pour suivre un programme de maîtrise en travail social. Plus tard, j’ai déposé ma candidature au programme conjoint de droit et de travail social et j’ai été acceptée.
J’ai vraiment hésité à ajouter le programme de droit. Je me souviens avoir fait face à une grande incertitude à cet égard. Deux moments précis ayant influencé ma prise de décision me viennent à l’esprit : tout d’abord, un étudiant mature du programme de travail social m’a dit : « Si tu n’es pas sûre, tu devrais simplement l’essayer ». Pour une raison quelconque, à l’époque, cela semblait être l’opinion la plus sage que j’avais entendue. Deuxièmement, lors d’un stage en travail social, après avoir contacté une clinique juridique au nom d’un client, je me suis dit : « Wow, ils m’ont beaucoup aidé – je pourrais peut-être faire ce genre de travail… ».
Travailler comme juge n’était ni quelque chose que j’avais envisagé ou prévu. Ce n’est qu’après avoir pratiqué le droit de l’immigration et des réfugiés pendant un certain temps et qu’une mentore me l’ait suggéré, que j’ai commencé à envisager la possibilité de devenir juge.
Quelle expérience de votre carrière juridique vous a le mieux préparé à votre travail au sein de la magistrature
J’ai travaillé avec des centaines d’individus et de familles issus de milieux variés, généralement en situation de crise et nécessitant une intervention juridique. Peu importe le nombre de livres que j’ai lus, je n’ai jamais pu égaler les connaissances que j’ai acquises simplement en écoutant les personnes qui traversaient une période de crise.
Quels conseils donneriez-vous aux juristes qui comparaissent devant vous?
Lorsque vous plaidez, ne pensez pas qu’il doit s’agir de présentations lustrées. Soyez prêt, mais également ouvert à la direction que prendra l’expérience, en fonction des questions posées par le ou la juge. Ne vous inquiétez pas s’il vous faut du temps pour trouver un renseignement dans le dossier, si vous devez réfléchir un peu avant de répondre, ou si vous avez besoin de temps pour réexaminer vos arguments. Il ne s’agit pas d’une conférence TED. Vous aidez le ou la juge à comprendre la position de votre client et le dossier de son point de vue. La plaidoirie orale n’est pas forcément divertissante. Le moment le plus efficace pourrait signifier pouvoir trouver dans le dossier la référence exacte qui répond à une question qui taraude le ou la juge. Je sais que tout ça est plus facile à dire qu’à faire. Je n’ai certainement pas suivi ce conseil lorsque j’exerçais comme avocate!
