Le bureau national de l'ABC sera fermé du 23 décembre 2025 au 1er janvier 2026 (inclusivement), et reprendra ses activités le 2 janvier 2026.

Skip to main content

L'honorable Karan Shaner

Justice-Karan-Shaner-1.jpg

Quelle expérience de votre carrière juridique vous a le mieux préparée à votre travail au sein de la magistrature?

En tant que juristes, nous servons des personnes de diverses origines culturelles, ethniques, économiques et linguistiques. Nos expériences personnelles modèlent nos perceptions et, surtout, la façon dont nous traitons l’information. Les conseils de juristes ne sont utiles que si la personne à qui ils sont destinés les comprend et peut en tirer parti pour prendre une décision éclairée. Le même principe s’applique aux procédures de la cour et aux jugements rendus. Nous devons nous assurer que les personnes impliquées comprennent la procédure et le motif de notre décision. Cela signifie que nous devons être en mesure de déterminer si les personnes à qui nous nous adressons comprennent réellement nos propos et d’adapter notre style de communication en conséquence. J’ai appris à déceler les différences culturelles, les problèmes d’apprentissage et d’alphabétisation ainsi que les barrières linguistiques, aussi subtiles soient-elles, et je modifie mon style de communication en fonction de chaque situation.

Quels conseils donneriez-vous aux juristes qui comparaissent devant vous?

Même s’il peut vous sembler banal, mon conseil est le suivant : considérez la situation dans son ensemble, et assurez-vous que votre cliente ou votre client fait de même. Avant de prendre une mesure pour un dossier, demandez-vous comment le geste que vous comptez poser, comme écrire une lettre assez directe à l’intention des juristes de la partie adverse, présenter une requête ou élaborer une argumentation, permettra de faire progresser le litige. Souvent, cela requiert une discussion franche avec la personne que vous représentez sur la façon de gérer le dossier, l’importance de se montrer raisonnable et flexible ainsi que les facteurs qui pourraient entraîner une rupture d’accord.

Que souhaitez-vous que le public sache au sujet du système de justice?

J’aimerais que le public comprenne davantage que les décisions que peuvent prendre les cours pénales sont limitées en cas de crime. Certes, priver de leur liberté des personnes ayant contrevenu à la loi pourrait prévenir de futurs comportements criminels, mais bon nombre de ces personnes se retrouvent devant les tribunaux en raison d’importantes épreuves de vie non résolues, notamment les traumatismes intergénérationnels, la pauvreté, la dépendance, les maladies mentales, le manque d’éducation et l’itinérance. Ces facteurs et leurs effets s’accumulent souvent tout au long de la vie d’une personne ayant contrevenu à la loi, et même sur plusieurs générations. Les juges s’efforcent de déterminer une peine qui encouragera une personne à essayer d’obtenir l’aide dont elle a besoin, mais les outils dont nous disposons se limitent à la prison, à la probation ou à une combinaison des deux. La détermination de la peine n’est qu’un aspect d’un enjeu sur lequel la société dans son ensemble doit se pencher, c’est-à-dire les causes sous-jacentes des activités criminelles.