Je suis une femme micmaque de la Première Nation de Lennox Island, à Epekwitk (Île-du-Prince-Édouard). J’ai eu l’honneur d’être la première femme micmaque nommée à la Cour provinciale de la Nouvelle-Écosse, en 2017. Mon parcours a débuté à la clinique d’aide juridique de l’Université Dalhousie. J’ai ensuite effectué un stage en droit criminel à l’aide juridique de la Nouvelle-Écosse, où j’ai travaillé pendant 22 ans. Pendant ce temps, je suis devenue avocate gestionnaire du bureau d’aide juridique de Bridgewater et conseillère du roi (anciennement conseillère de la reine) en 2016. De plus, à titre de juriste, j’ai continué de donner à la communauté micmaque en siégeant au conseil d’administration du Mi’kmaq Justice Institute, l’organisme précurseur du Mi’kmaw Legal Support Network, de la Tawaak Housing Association et du Micmac Native Friendship Center.
Comme femme autochtone, j’ai eu l’avantage de connaître deux cultures très différentes, ce qui a clairement enrichi ma compréhension et accru mon adaptabilité à diverses communautés et structures et à différents processus. Tirer le meilleur des perspectives autochtones et allochtones m’a semblé naturel et nécessaire pour devenir une partie prenante efficace du système de justice pénale.
Nous savons depuis longtemps que le système de justice pénale actuel n’a pas été des plus équitables avec la population autochtone. J’ai toujours cru que les connaissances et perspectives autochtones doivent être mises au premier plan dans les conflits opposant des personnes autochtones à ce système.
La notion micmaque d’Ilsutekik (« corriger ou rétablir ») suppose l’exigence que l’issue d’une affaire doive être de nature à réparer les préjudices et à rétablir les relations pour en arriver à un équilibre, une harmonie, tant pour la personne que pour la société.
Il va sans dire que les fonctions de juges figurent parmi les plus lourdes et solennelles de la société canadienne. Chaque jour, un juge rend des décisions qui changent la vie des citoyens. Voilà pourquoi il est si important que les avocats qui comparaissent aient les renseignements nécessaires à la prise d’une décision juste et éclairée, non seulement pour les personnes autochtones, mais aussi pour les personnes allochtones, qui sont en conflit avec le système de justice pénale.
En tant qu’Autochtone, il est important et nécessaire pour moi de redonner significativement à la communauté micmaque, et il est tout aussi essentiel que les gens hors de cette communauté voient les Micmacs comme des gens compétents, précieux et respectés pour leurs perspectives et contributions. J’œuvre en ce sens en tâchant de donner le meilleur exemple possible dans tout ce que je fais.
