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Réflexions sur le forum inaugural du projet Soutien à l’exploitation inclusive des ressources en Afrique de l’Est

08 février 2018

J’ai eu l’occasion de faire partie du groupe de conseillers et conseillères techniques de l’Association du Barreau canadien qui s’est rendu à Arusha, en Tanzanie, pour le premier forum régional organisé dans le cadre du projet le plus récent mené par Initiatives internationales de l’ABC dans la région, intitulé Soutien à l’exploitation inclusive des ressources en Afrique de l’Est.

Les évolutions du secteur de l’extraction en Afrique orientale regorgent d’enjeux sociaux, politiques et juridiques à la fois complexes et sensibles. Non seulement il existe dans ce contexte des normes culturelles et de genre complexes et diverses, mais l’application de structures législatives, telles que les accords de permis, les dividendes et les incidences environnementales, est difficile et manque de transparence. La propriété foncière et les lois sur l’expropriation ne produisent pas des résultats équitables pour les femmes et autres personnes vivant dans les communautés isolées touchées par le développement du secteur de l’extraction. Les questions de santé et de sécurité prédominent particulièrement dans les activités minières artisanales et à petite échelle, le plus souvent dénuées de toute réglementation, qui apparaissent généralement aux pourtours des activités minières commerciales à grande échelle.

Le forum, intitulé Pour plus de transparence et de sensibilité aux enjeux de genre et un plus grand respect de l’obligation de rendre des comptes – Nouveautés dans le secteur extractif en Afrique de l’Est, a rassemblé des personnes représentant l’East African Law Society et les barreaux de la Tanzanie, du Kenya et de l’Ouganda, ainsi que d’autres s’exprimant au nom d’organisations de la société civile, du milieu universitaire et du secteur de l’extraction.

Au fil d’un ordre du jour très serré réparti sur deux jours, les participants ont échangé des connaissances, discuté des défis et mis en commun les pratiques exemplaires visant à apporter un soutien aux femmes et aux communautés touchées par le développement du secteur de l’extraction, y compris l’idée de leur donner des occasions de participer plus activement à l’extraction des ressources dans leur pays et d’en tirer un meilleur parti.

Le forum était axé sur quatre thèmes généraux : (1) les défis et possibilités du point de vue des femmes dans le contexte des industries extractives, (2) la nécessité de susciter la participation des communautés en général et des femmes en particulier afin d’accroître les avantages et de réduire les préjudices, (3) les répercussions des dommages environnementaux sur les communautés en général et les femmes et filles en particulier, et (4) les difficultés de la gestion des différends entre l’industrie et les communautés. Le groupe canadien a fait des exposés sur des points tels que les droits des Autochtones, la réglementation environnementale, les mécanismes de règlement des différends et les arrangements visant à faire profiter les communautés; exposés qui ont ouvert la porte à des discussions et ont facilité un apprentissage comparatif et une mise en commun.

Les personnes qui ont participé au forum ont déterminé plusieurs exigences fondamentales pour pouvoir aller de l’avant dans ce milieu très complexe. Il faut tout d’abord comprendre clairement les cadres internationaux et nationaux actuels quant à l’égalité et aux droits des femmes, ce qui aidera à asseoir le travail de représentation dans ce domaine. Il faut également appuyer l’accession d’un plus grand nombre de femmes à des positions de leadership au sein de leurs communautés, tant dans le domaine politique qu’au sein du secteur de l’extraction. Cela nécessitera une formation en leadership et un mentorat destinés aux femmes, ainsi que des politiques et programmes sur la diversité de genre pour favoriser l’émergence de milieux dans lesquels les femmes peuvent avancer dans la hiérarchie. Les femmes doivent pouvoir obtenir des emplois dans le secteur de l’extraction lui-même ou dans des industries connexes afin de pouvoir recueillir les avantages économiques produits par le secteur. Ces exigences fondamentales constituent en elles-mêmes des défis complexes dont certains, notamment la lutte pour faire accéder les femmes à des positions de leadership dans le domaine politique et dans l’industrie, sont des défis constants même au Canada. Il n’existe aucune panacée. Malgré tout, les participants ont quitté le forum en ayant le sentiment d’avoir accompli quelque chose et armés d’une détermination renouvelée.

Personnellement, je peux affirmer que c’est l’une des expériences professionnelles les plus fascinantes qu’il m’ait été donné de vivre jusque-là. J’avais indiqué souhaiter participer au projet d’une façon ou d’une autre en raison de mon expérience en matière de rédaction législative et de mon intérêt à l’égard d’un projet international qui cherche à améliorer la vie des femmes. Je n’aurais jamais pensé que mon expression d’intérêt m’aurait conduite à aller en Afrique pour la première fois et à participer à cette activité inaugurale. J’espère que ce n’est que le début de mes apports à ce projet qui n’en est qu’au tout début de sa durée de cinq ans.

Kelly McLaughlin vit à Yellowknife où elle travaille pour le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Elle participe activement aux activités de l’ABC tant à l’échelle nationale que territoriale.