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Critique de livre : ne lisez pas Full Disclosure avec la voix de Beverley McLachlin

15 juin 2018

Cover of Full Disclosure by Beverley MacLachlin

Je suis un peu accro de romans policiers et à suspense.

Je lis environ un roman par semaine (en alternance avec des ouvrages documentaires à propos du droit et du contexte juridique canadien), dont la majorité fait partie d’une série ou d’une autre d’enquêtes policières. Parmi mes préférés figurent notamment les enquêtes du détective Adam Dalgliesh imaginées par P.D. James, celles de la détective Vera Stanhope et du détective Jimmy Perez rédigées par Anne Cleeves, la série Maisie Dobbs de Jacqueline Winspear et la série de Barbara Cleverly qui met en scène Joe Sandilands. J’apprécie particulièrement les romans à suspense qui se déroulent au Canada, et plus particulièrement ceux de Barbara Fradkin qui suivent les enquêtes de l’inspecteur Green et d’Amanda Doucette, la série des enquêtes de Joanne Kilbourn de Gail Bowen et, en tête de ma liste, la série de Louise Penny qui met en scène l’inspecteur Armand Gamache (que j’ai découverte alors que je lisais une affaire de la Cour d’appel de l’Ontario dans le cadre de recherches juridiques.

Par conséquent, inutile de dire avec quelle impatience j’attendais la publication du premier roman de l’ancienne juge en chef de la Cour suprême, Beverley McLachlin, intitulé Full Disclosure : A Novel, qui se déroule à Vancouver. La semaine dernière, je suis rentrée à la maison et ai découvert que le roman avait été livré. J’étais aux anges. J’ai tout de suite commencé à le lire.

. . . Et puis, ô désarroi, la lecture des premiers chapitres s’avérait laborieuse. J’ai commencé à paniquer : j’avais déjà dit sur Twitter que j’allais rédiger une critique… qu’allais-je écrire si je n’aimais pas le livre? Il était hors de question de pondre une critique négative du livre de l’ancienne juge en chef! 

J’ai essayé de comprendre ce qui me déplaisait. Ce n’était ni les personnages, ni le contexte, ni même le sujet. Bien sûr, quelques descriptions comportaient un ou deux adjectifs en trop, mais c’est chose courante dans ce genre de livre. Tout à coup, j’ai compris : j’entendais la voix de la juge en chef McLachlin. Lorsqu’elle parlait de « coupe de cheveux aguichante », décrivait une scène érotique, ou lorsqu’un personnage crachait un juron, c’était comme si j’écoutais la juge en chef me lire le livre depuis sa place officielle dans la salle d’audience de la Cour suprême du Canada, créant un désagréable hiatus dans mon esprit. J’ai réalisé que je devais oublier qui était l’auteure (ou plus précisément, la fonction qu’elle occupait auparavant), et me contenter de lire le livre. Ce que j’ai fait. Et j’en suis vraiment heureuse, car c’est véritablement un très bon roman à suspense.

L’histoire est centrée sur Jilly Truitt, avocate de la défense spécialisée en droit pénal, alors qu’elle représente un homme accusé du meurtre de sa femme mondaine. (Un magazine juridique en ligne a suggéré que l’héroïne ressemblait à Marie Henein – comme s’il n’existait qu’une seule avocate de la défense compétente, forte et intelligente au Canada qui porte aussi du rouge à lèvres et des talons hauts (insérer ici un roulement d’yeux, et consulter la série Women Leading in Law dans laquelle j’ai des entrevues avec plus d’une avocate de la défense en droit pénal exceptionnelle qui exerce à Vancouver.) Me Truitt a, comme tout personnage central d’un bon roman à suspense, un passé houleux semé de relations compliquées et imparfaites. Cependant, elle continue à voir « le bon côté » des gens.

​L’intrigue progresse comme un véritable « polar » avec multiples suspects possibles, intrigues secondaires toutes reliées les unes aux autres et nombreux rebondissements requis (dont certains sont plutôt prévisibles et d’autres moins évidents). Le style reflète le genre, mais aussi le vaste vocabulaire de madame McLachlin qui apparaît tout au long du roman. Je suis assez humble pour reconnaître que j’ai dû vérifier le sens d’un certain nombre de mots tels que « carapace » et « escritoire ». De plus, qui savait que la formulation correcte est « scotch the rumours »? Comme l’a écrit une personne sur Amazon et Caroline Mandell sur Twitter, madame McLachlin elle-même fait une apparition dans le livre dans le « genre Hitchcock ».

Caroline Mandell @cjmandell  May 2 First-time novelist Beverley MacLachlin getting cheeky in chapter 2 The pretrial winds to its weary end. I exit and take the stairs to the library at double stride. The Arthur Erickson building that houses the Supreme Court of British Columbia is light and airy, and there’s a portrait of the chief justice of Canada on the wall (when she was young and looked good) to remind me that sometimes, occasionally, women actually do rule.

Caroline Mandell @cjmandell  2 mai

Dans son premier roman, Beverley McLachlin se révèle facétieuse dans le chapitre 2

[TRADUCTION] La phase préliminaire se termine finalement. Je sors et enfile l’escalier quatre à quatre pour me rendre à la bibliothèque. Le bâtiment Arthur Erickson où est installée la Cour suprême de la Colombie-Britannique est clair et ouvert. Un portrait de la juge en chef du Canada orne un mur (fait lorsqu’elle était jeune et belle) pour me rappeler que parfois, à l’occasion, les femmes font réellement la loi.

Full Disclosure est une lecture distrayante et facile d’accès qui vous permet de jouer au détective et de découvrir le pot aux roses peut-être même avant Me Truitt, ce qui correspond exactement à ce que je recherche dans un roman à suspense. Une escapade momentanée loin de la réalité, mais dans laquelle je peux jouer un rôle actif. J’espère que c’est le premier d’une longue série de livres mettant Me Truitt en vedette qui au fil du temps formeront une belle pile sur ma table de nuit, tout près, et ils le mériteront, de ma collection de livres écrits par P.D. James et Louise Penny.

​Globalement, je recommanderais chaudement ce roman à quiconque apprécie un court polar. Avis au lecteur : ne le lisez pas comme si vous écoutiez la juge en chef du Canada vous le lire. ​

Erin C. Cowling B.A.H., LL.B., est avocate, recherchiste juridique et rédactrice indépendante