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Première génération à exercer le droit : comment combler l’absence de relations

11 juin 2020

L’exercice du droit est une profession dans laquelle vos relations comptent énormément. Si vous connaissez les personnes appropriées, les portes s’ouvrent plus facilement devant vous. Les personnes qui sont les premières de leur famille à étudier le droit ont généralement peu de relations et il leur est plus difficile de s’en faire. Par conséquent, lorsqu’elles commencent à chercher un emploi, elles réalisent généralement le manque de relations « de famille ». Manifestement, cela ne veut pas dire qu’on ne peut prospérer dans le monde du droit que si l’on peut compter sur les relations déjà tissées par notre famille. Cependant, d’aucuns affirment que les obstacles semblent plus évidents en leur absence.

Une « personne qui est la première de sa famille à étudier le droit » peut être décrite comme quelqu’un dont les parents n’ont pas poursuivi d’études universitaires. Mon père est un immigrant et ma mère une réfugiée. Ni l’un ni l’autre n’a pu poursuivre d’études universitaires. Je me retrouve donc, comme de nombreux étudiants en droit dans la même position, sans aucun appui pour entrer dans le secteur du droit.

Sans expérience en personne dans le domaine de l’exercice du droit, un grand nombre d’entre nous n’ont personne auprès de qui trouver de l’aide. Nous n’avons pas de mère au sein de la magistrature pour nous tenir la main, pas de père avocat plaidant pour nous enseigner les secrets du métier, pas de grands-parents ayant de l’expérience en tant qu’associés directeurs auxquels demander leur avis. En tant que personne qui est la première de sa famille à étudier le droit, au début, j’ai vraiment eu l’impression de n’avoir aucun appui.

Malgré mon inscription à la Faculté de droit de l’Université Thompson Rivers sans aucune relation dans le monde du droit, j’ai récemment décroché mon diplôme, armé d’un solide réseau d’envergure nationale. Comment ai-je fait? Pour me construire un réseau, je reconnais l’utilité des stratégies suivantes, que je recommande aux personnes qui étudient le droit, qu’elles soient ou non les premières dans leur famille à le faire.

Tout d’abord, il faut adhérer à des organisations de juristes. L’ABC, par exemple, m’a permis de tisser des liens avec d’autres étudiants en droit, des stagiaires, des juristes et des juges de tout le pays. Les activités de l’ABC m’ont permis d’aller à Ottawa à plusieurs reprises. Là, j’ai rencontré des chefs de file de ce secteur prêts à transmettre leur sagesse. D’autres organisations nationales proposent aussi des possibilités de mentorat. M’intéressant particulièrement au contentieux, j’ai adhéré à la The Advocates’ Society et tissé des liens avec certains des meilleurs juristes du pays. Je suis également membre de la Federation of Asian Canadian Lawyers, une organisation nationale qui fait la promotion de l’équité, de la justice et des débouchés pour les juristes qui ont les mêmes origines que moi. Les juristes membres de ces organisations sont généralement ouverts à faire partie des réseaux des personnes qui étudient le droit.

Ma deuxième recommandation est de participer aux activités juridiques hors des murs de votre faculté. Ainsi, j’ai participé à la Coupe Sopinka, un concours de plaidoirie pénale. Venus de toutes les régions du Canada, des étudiants et juristes, ces derniers tous ravis de croiser le fer avec de futurs avocats plaidants, y participaient. Les concours de plaidoirie sont une occasion rêvée pour réseauter car ils comportent fréquemment des composantes sociales. Dans le cadre de la Coupe Sopinka, j’ai même pu rencontrer les juges Moldaver, Côté et Rowe. Parmi les autres activités figurent des conférences, généralement axées sur un domaine particulier du droit ou un enjeu du système judiciaire, ou sont conçues spécifiquement pour certaines catégories de praticiens. Les conférences permettent aux étudiants non seulement d’assister aux exposés des juristes les plus brillants dans leur domaine, mais aussi de rencontrer des praticiens du droit passionnés par ce qu’ils font.

Enfin, je recommande aux personnes qui étudient le droit d’avoir recours à ce qui pourrait être considéré comme une méthode « forte ». En d’autres termes, aborder des praticiens de front. Il existe un grand nombre de façons de tisser des liens avec les gens de nos jours. Les courriels et les appels à froid sont la base, mais point n’est besoin pour les étudiants en droit de se limiter aux méthodes traditionnelles. Les juristes sont de plus en plus présents sur les médias sociaux et sont ravis de recevoir des messages professionnels envoyés par des personnes qui étudient le droit. Personnellement, j’ai vraiment aimé assister à des audiences et discuter avec les juristes pendant les pauses. Les avocats apprécient généralement que l’on s’intéresse aux dossiers qu’ils plaident.

Être une personne qui est la première de sa famille à étudier le droit comporte ses inconvénients, mais ce sont eux qui ont aiguillé grand nombre d’entre nous vers la réussite. Les facultés de droit fournissent à un grand nombre de premières personnes de leur famille à étudier le droit un tremplin pour construire leurs réseaux professionnels de manière novatrice. Avec ces réseaux les obstacles à l’entrée dans le secteur juridique peuvent alors ne plus sembler si insurmontables.

Vincent Li est vice-président de la Section nationale des étudiants et étudiantes en droit de l’ABC