Quel cheminement vous a mené au monde du droit et à la magistrature?
Mon cheminement dans le monde du droit et dans la magistrature n’a pas été très direct, mais amusant et pittoresque, plein de plaisir et d’aventures. Je n’ai jamais eu l’intention de passer par la faculté de droit, d’être une avocate œuvrant dans un domaine en particulier ou de devenir juge. Au gré des occasions qui se sont présentées dans ma vie, j’ai plutôt été guidé par ce qui me paraissait intéressant et significatif. Je crois que cette approche m’a menée à l’endroit où je suis aujourd’hui.
Après avoir obtenu mon diplôme de premier cycle, j’ai voyagé puis travaillé pour le gouvernement de l’Alberta en politique publique, notamment en politique constitutionnelle. Je pensais que ma carrière allait dans une certaine direction, mais quand l’occasion que j’avais espérée pendant plusieurs années s’est présentée, j’ai subitement changé d’avis. À ce moment-là, je n’étais pas sûre de ce qu’il me fallait faire. Je me suis dit que je tenterais ma chance à la faculté de droit, car ça me semblait un choix « pratique ».
Je n’avais aucune idée de ce que la faculté de droit impliquerait. Elle s’est avérée être l’une des expériences les plus intellectuellement stimulantes de ma vie. J’y ai été admise en 1988, alors que la Cour suprême du Canada rendait plusieurs décisions dans des affaires clés liées à la Charte. L’enthousiasme qui va de pair avec l’élaboration du droit constitutionnel du Canada m’a rapidement attiré.
Mon enthousiasme et ma curiosité pour la loi allaient bien au-delà du droit constitutionnel. Par exemple, l’une de mes classes préférées à la faculté de droit a été un séminaire universitaire sur l’insolvabilité. Dans ce cours et tout au long de mes études en droit, j’ai appris comment certains principes juridiques fondamentaux s’appliquent à tous les aspects de notre société et de nos vies. La possibilité de travailler dans un domaine qui avait une telle portée a été une révélation.
Après un emploi à titre d’auxiliaire juridique à la Cour du Banc de la Reine et à la Cour d’appel de l’Alberta, j’ai fait un stage dans un grand cabinet juridique du centre-ville d’Edmonton. J’ai beaucoup appris et j’ai été exposé à de nombreux domaines de pratique, mais j’ai fini par travailler dans des dossiers de droit public. Plus tard, j’ai eu l’occasion de me joindre au professeur Dale Gibson dans un petit cabinet de droit constitutionnel et de droit de la personne. Malgré tous les risques que cette entreprise comportait, j’ai saisi l’occasion et ma carrière a pris une autre direction. Je me suis ensuite jointe à Chivers Greckol and Kanee (aujourd’hui Chivers Carpenter), où je me suis tournée vers le droit du travail tout en continuant à exercer dans d’autres domaines du droit public. Je suis resté en poste jusqu’à ma nomination à la magistrature en 2017.
Je me suis toujours soucié du travail que je fais et j’ai eu la chance d’avoir des emplois intéressants, stimulants et significatifs tout au long de ma carrière. Mon parcours a été merveilleux. Bien sûr, il n’est pas terminé. Je suis honorée de pouvoir continuer à accomplir du travail significatif et important au service du public, et je prends très au sérieux la responsabilité et la confiance qu’on place en moi tous les jours.
Quelle expérience de votre carrière juridique vous a le mieux préparée à votre travail au sein de la magistrature?
Je ne pense pas qu’une seule expérience puisse préparer qui que ce soit à être juge. Les juges se distinguent par la variété de leur vie et de leur expérience professionnelle. Pour être juge, il faut puiser dans tout ce qui nous entoure, et ne pas se fier seulement à l’intelligence et à la compréhension du droit, mais aussi à la compréhension des gens et de la vie. C’est pourquoi il est si important d’avoir des juges avec des expériences différentes dans les tribunaux. Cela contribue à refléter la diversité de la société dans laquelle nous vivons.
Je dirais, cependant, que le fait d’être parent m’a appris plus sur l’humilité, la patience, l’acceptation et la flexibilité que tout ce que j’ai fait dans ma vie. Toutes ces leçons me sont utiles dans mon poste actuel.
