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Que peut-on faire avec un diplôme en droit? C’est le titre d’un livre dans lequel était plongée une de mes anciennes camarades de classe, il y a plusieurs années, alors qu’elle était à un carrefour de sa vie professionnelle. Cela ne faisait pas longtemps que nous étions sorties de la faculté, que nous avions complété nos stages et que nous étions devenues membres de nos barreaux respectifs.
Nous avions alors toutes les deux un emploi. Mais il nous semblait que nous avions fait le saut entre les études en droit et le « vrai » travail d’avocate à temps plein de façon un peu machinale. Notre vie professionnelle nous paraissait toute tracée par notre J.D., et les restrictions imposées par nos diplômes nous donnaient la nette impression d’une cage.
C’était du moins notre perception. La réalité, c’est que nous allions bientôt, chacune de notre côté, nous engager sur des voies toutes différentes. Alors qu’il nous semblait que nos carrières étaient gravées dans le marbre, nous allions chacune trouver — ou créer — des possibilités nouvelles et intéressantes, et ce, avec une facilité inattendue. D’autres orientations encore devaient s’ensuivre pour chacune d’entre nous, et des chemins inconnus se présenteront dans les années à venir, j’en suis certaine.
Mais à l’époque, le sentiment d’un avenir limité et décrété était authentique. Peut-être cette hésitation à l’égard d’une trajectoire toute tracée par notre J.D. tenait-elle en partie à une inquiétude sous-jacente à l’égard de l’économie et du marché du travail? Je connais des nouveaux diplômés et des jeunes avocats qui nourrissent aujourd’hui les mêmes préoccupations vis-à-vis de leurs perspectives d’emploi.
Je n’ai pas enquêté, mais j’imagine que les livres sur les débouchés possibles d’un diplôme en droit existent toujours, se font toujours publier, et se vendent probablement toujours. À l’évidence, les sites Web et les blogues sur les orientations de carrière offertes aux titulaires de J.D. abondent. Et des gens comme moi écrivent des articles comme celui-ci pour présenter aux étudiants, aux nouveaux diplômés et aux jeunes avocats des avenues, des idées et des histoires qui leur feront découvrir tout ce qu’il est possible de faire avec un J.D.
Ma propre cohorte de diplômés compte déjà plusieurs exemples fabuleux. Même les quelques personnes avec lesquelles j’ai gardé contact ou sur lesquelles je suis tombée par hasard, en personne ou en ligne, font des choses passionnantes. Cette amie qui étudiait les débouchés possibles du diplôme en droit, par exemple, a travaillé au Service extérieur pendant des années, vivant à l’étranger dans des lieux fascinants, et apportant son aide aux Canadiens à l’étranger dans leurs affaires, leurs voyages et d’autres opportunités. Son diplôme en droit lui avait donné un réel avantage dans le processus compétitif menant à cette carrière.
Professeur, doyen, juge, politicien
Certains de mes anciens camarades de classe qui n’exercent plus le droit aujourd’hui se sont engagés dans des carrières de rechange plus « traditionnelles ». Par exemple, quelques professeurs de droit, au Canada et ailleurs, comptent parmi mes anciens collègues. Ils sont tous impressionnants et distingués, et je tire une certaine fierté du fait de pouvoir les mentionner comme d’anciens camarades (même si, naturellement, je ne revendique aucun rôle de leurs exploits). Certains sont même passés à l’administration pour poursuivre la carrière de doyen.
Certains de mes anciens camarades sont maintenant juges. Je trouve cela très impressionnant, et un petit complexe d’infériorité pointe le bout de nez quand j’y pense trop longtemps.
La politique et l’implication civique sont d’autres voies professionnelles possibles. Je compte au moins trois ou quatre personnalités politiques, à tous les niveaux de gouvernement, dont certains qui occupent des postes d’assez haut niveau. Un membre de ma cohorte de diplômés est aujourd’hui un chef très respecté et influent.
Auteur, agent, producteur, réalisateur
Bien sûr, parmi ces camarades de classe qui ont persisté dans la voie universitaire, la publication d’un livre n’est pas rare. En tant que responsable de la collection de la bibliothèque d’une faculté de droit, je vois les ouvrages nouvellement publiés entrer dans notre bibliothèque. Ce n’est plus surprenant — bien que ce soit toujours excitant — de voir le nom de mes anciens collègues sur la couverture. Dernièrement, lors d’une visite à une célèbre bibliothèque de droit américaine, je me suis fait un devoir de prendre en photo certains de ces livres sur ses vénérables étagères.
D’autres camarades publiés côtoient ces professeurs détenteurs d’ISBN. Un membre de ma cohorte est aujourd’hui une journaliste et une auteure respectée. Je suis convaincue que sa formation juridique et l’approche critique de la pensée juridique qu’on nous a inculquée y ont été pour quelque chose. J’ai aussi les essais d’un autre camarade sur mon étagère.
Le secteur de l’édition réserve aussi d’autres espaces pour les juristes. C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pris connaissance, il y a peu de temps, du travail d’une ancienne camarade devenue agente littéraire. Je n’étais toutefois pas surprise : pour être un agent compétent, quel que soit le milieu, on tire un avantage certain du fait de posséder une formation en droit.
D’autres avenues encore dans le domaine des arts sont illustrées par les réalisations de mes anciens collègues. La première fois que j’ai vu le nom d’un ami apparaître au générique final d’un film, à titre de producteur, j’étais ravie, même excitée. Mais encore une fois, quoique le titre de « producteur de films » ait sans aucun doute de l’éclat, un tel rôle n’est pas si inattendu pour un avocat qui compte le droit du divertissement dans son champ d’expertise.
Plus récemment, je suis tombée sur un autre ex-camarade de classe, alors que j’étais en congrès. Après nous être mutuellement replacés dans notre cohorte, j’ai été fascinée d’apprendre qu’il menait une carrière de créateur, réalisateur et producteur de documentaires. J’aime à croire qu’il a lui aussi trouvé assez cool que je sois bibliothécaire d’une faculté de droit.
Des années après avoir médité sur ce qui était possible de faire avec un diplôme en droit, j’ai appris que l’éventail des carrières et des activités qu’il pouvait soutenir était surprenamment large. Il est vrai que certains des collègues cités plus haut ne travaillent pas à strictement parler avec leur J.D., ou que le rôle de leur formation juridique dans leurs activités ne saute pas aux yeux. Je suis cependant certaine que la plupart d’entre eux jugent que leur diplôme en droit a été un outil précieux dans leur travail, ou qu’il améliorait leurs perspectives. Je crois que ce qu’on apprend dans une faculté de droit ne peut être désappris, même si on peut en oublier les détails. Je ne pourrais peut-être pas restituer la définition précise de la règle d’interdiction des perpétuités, mais j’ai senti un lien secret supplémentaire avec The Descendants.
Kim Nayyer est bibliothécaire universitaire adjointe, Droit, et professeure agrégée auxiliaire à la Faculté de droit de l’Université de Victoria.