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Le travail est une gratification en soi : portrait de deux as du pro bono

12 juin 2014 | Valerie Mutton

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De plus en plus, les jeunes avocats sont les fers de lance des démarches pro bono au sein de la communauté juridique canadienne. Armés de la conviction que comme professionnels du droit, ils ont une obligation de déférence et d’aide à l’égard des moins favorisés de la société, ils sont en train de créer une nouvelle traditionpro bono adaptée au 21e siècle. Nous vous présentons deux de ces avocats.

Shannon Salter : faire une différence

Après avoir agi comme clerc à la Cour suprême de la Colombie-Britannique, Me Shannon Salter s’est jointe en 2006 au cabinet Farris, Vaughan, Wills et Murphy de Vancouver. Elle avait dès lors pour but de consacrer une partie de sa pratique à des dossierspro bono. Bien que ceci puisse, à première vue, paraître inhabituel pour un ancien clerc, Me Salter relate que plusieurs de ses collègues clercs partageaient cette ambition. « Travailler étroitement avec les juges nous amenait à voir les choses de leur perspective. Notre vision ne se limite plus au profane. Elle s’étend à la pression que leur présence met sur le système judiciaire, et sur la façon dont les juges ressentent cette pression car ils doivent s’assurer que ces profanes obtiennent un procès équitable ».

Me Salter a tenu sa promesse. L’organisme Pro Bono Law of BC lui a d’ailleurs rendu hommage pour son dévouement. Entre autres, elle a aidé une mère célibataire à éviter l’éviction et a représenté avec succès un autre client dans le cadre d’une révision de caution. Me Salter comprend l’angoisse de ses clients face à ces situations difficiles. Les faire bénéficier de son expertise lui procure une grande satisfaction. « Ils font face aux combats fondamentaux de la vie : perdre sa résidence, perdre sa liberté ».

Pour Me Salter, faire du travail bénévole est un devoir. Elle a eu la chance de faire des études en droit et estime que les contribuables, à leur façon, l’ont aidée dans son cheminement. Elle a la conviction que d’avoir des droits ne signifie pas grand-chose lorsqu’on n’a pas les moyens de les faire valoir. Les avocats qui font du travail bénévole aident au respect des droits de tous, incluant ceux des indigents.

Elle recommande fortement que les jeunes avocats fassent du travail bénévole lorsqu’ils le peuvent. Le cabinet de Me Salter valorise le bénévolat en reconnaissant les heures qui y sont consacrées. Il offre, aussi, un programme d’acquisition d’expérience de plaideur en partenariat avec la cliniquePro bono de l’Armée du Salut. Me Salter affirme que ce programme a été indispensable à son apprentissage des compétences de plaideur. « Le programme vous permet d’accéder à une formation à laquelle vous n’auriez pas accès autrement dans les douze à vingt-quatre mois suivant votre assermentation. Ainsi, lorsque vous abordez votre cinquième année comme associé, vous êtes à l’aise devant les tribunaux et avez déjà de l’expérience. »

Parmi les dossiers pro bono, Me Salter préfère ceux qui concernent des clients organisés et bien informés qui ne peuvent aller de l’avant car ils n’ont pas le savoir-faire requis pour s’y retrouver au sein du système juridique. « C’est lorsque je suis en mesure d’aider des gens qui ne peuvent s’aider eux-mêmes que je suis le plus fière d’être avocate. L’occasion vous est offerte de faire, pour ces gens, une énorme différence ».

Josh Weinstein : Défendre ceux qui n’ont pas voix au chapitre

La défense des causes qui n’ont pas la faveur du public est l’une des plus nobles traditions du barreau. Josh Weinstein la poursuit en représentant certains des membres les plus démunis de la société : les mendiants.

En juin 2005, la ville de Winnipeg adoptait un règlement créant une nouvelle infraction punissable par l’amende ou l’emprisonnement : celle de mendier, même de façon pacifique, au centre-ville de Winnipeg. Le Centre juridique de l’intérêt public, un service indépendant de l’aide juridique du Manitoba, a demandé à Me Weinstein de s’impliquer dans une contestation constitutionnelle pro bono dudit règlement au nom de l’Association nationale anti-pauvreté.

« J’ai tout de suite su que je désirais m’impliquer » révèle monsieur Weinstein. « Pour moi, il est évident qu’un mendiant qui reçoit une contravention n’aura jamais l’argent ou les moyens d’entreprendre une contestation constitutionnelle » dit-il. Les raisons motivant Me Weinstein à s’impliquer n’étaient cependant pas strictement limitées à l’intérêt qu’il portait aux questions juridiques et sociétales du dossier. Il y voyait aussi une occasion de croître sur le plan personnel.

« Pour moi, la partie la plus profitable de mon implication dans ce dossier était de prendre conscience de mes faiblesses en ce qui concerne ma propre perception des mendiants. J’ai réfléchi et tenté de trouver ce qu’ils nous font ressentir, et je crois que leur présence crée un malaise. Les gens ressentent beaucoup de gêne quand la pauvreté leur est jetée au visage. Ils ont peur de la voir en plein centre-ville. Les gens doivent néanmoins réaliser qu’il n’est pas nécessaire de faire un acte illégal. Ils doivent plutôt réfléchir et faire face à leur malaise. »

Le caractère particulièrement absurde de la loi le frappait. « Supposons que mon véhicule tombe en panne à l’extérieur de mon bureau. Théoriquement, il serait illégal que j’aborde quelqu’un à l’arrêt d’autobus et lui demande deux dollars pour me rendre à la maison. Je peux cependant vous assurer que je n’aurais jamais d’amende à payer et que c’est strictement à cause de mon aspect ». Un sans-abri, dit-il par ailleurs, qui demanderait lui aussi deux dollars serait vraisemblablement accusé d’une infraction à cause de son aspect.

Il dit souhaiter que d’autres avocats, s’ils sont en mesure de le faire, s’impliquent dans des dossiers semblables, même s’ils exigent beaucoup de temps. Faire du travailpro bono dans un dossier qui vous intéresse peut aussi donner à votre carrière de juriste l’élan motivateur que vous recherchez. Comme le dit Me Weinstein, « tout ce qui concerne ce dossier me passionne ».