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Nul besoin de dire à un nouvel avocat que le marché du travail est difficile.
Les facultés de droit forment des légions de diplômés, les stages ne mènent plus nécessairement à un poste permanent à temps plein, et les cabinets comptent généralement beaucoup moins d’avocats.
Comment les avocats débutants font-ils, alors, pour se lancer dans la pratique, acquérir de l’expérience et se construire un réseau?
L’une des solutions consiste à devenir suppléant, c’est-à-dire un avocat qui travaille sous contrat pour un cabinet à titre de remplaçant lors de congés pour une courte ou une longue période, en périodes de pointe ou lorsque le cabinet est débordé et a besoin de l’aide d’un autre avocat.
« Que ce soit pour un contrat de trois ou de six mois, pour l’examen d’un document ou pour un très important dossier de litige, vous avez l’occasion de vous lancer et d’acquérir de l’expérience professionnelle », explique Salima Alibhai, conseillère directrice chez ZSA Legal Recruitment à Toronto. « Certains cabinets sont occupés à des moments précis de l’année et souhaitent embaucher du personnel pour quelques semaines ou quelques mois afin de traverser cette période de pointe. Un de nos clients, qui s’occupait de litiges entre créancier et débiteur, avait plusieurs dossiers accumulés pour lesquels il pouvait payer un employé à un salaire beaucoup moindre que celui d’un avocat à temps plein. La solution du remplaçant s’est donc avérée économique pour lui. Il a embauché un suppléant pour examiner ces dossiers, et n’a pas eu à lui verser les honoraires d’un avocat permanent du cabinet. »
Salima Alibhai explique que ZSA Legal Recruitment perçoit 25 % du traitement reçu par le suppléant la première année, calculé au prorata, et paie toutes ses retenues. Même si le salaire d’un avocat débutant n’est pas faramineux, elle affirme que la suppléance présente d’autres avantages sur le plan financier.
« L’avantage de la suppléance, c’est la rémunération au taux horaire », fait-elle remarquer. « Les avocats n’ont pas droit à la rémunération des heures supplémentaires prévue dans la législation sur les normes du travail. Un avocat travaille généralement entre 14 et 16 heures par jour, mais ne peut être payé pour plus de 8 heures de travail. Le suppléant, lui, peut. Comme il est payé à l’heure, il arrive à recevoir un bon salaire pour un poste à court ou à long terme. Et très souvent, s’il s’agit d’un poste à long terme, par exemple dans une banque, le suppléant peut même obtenir un poste permanent. »
Alan Treleaven, directeur de l’enseignement et de la pratique pour la Law Society of British Columbia, insiste toutefois sur le fait qu’il faut faire preuve de prudence en embauchant un avocat nouvellement admis au barreau ou un avocat débutant comme suppléant.
« Les compétences et l’expérience de l’avocat débutant doivent correspondre aux tâches qui seront accomplies par le suppléant », souligne-t-il. « L’un des éléments clés pour embaucher le bon suppléant consiste à s’assurer que l’avocat choisi possède l’expérience et le jugement nécessaires pour gérer des dossiers, qu’il s’agisse de nouveaux clients ou d’affaires en cours. Pour les causes plus difficiles, comme les affaires matrimoniales ou criminelles, je recommande aux avocats qui veulent embaucher un suppléant de trouver quelqu’un qui possède de l’expérience dans le domaine, et non un avocat en phase d’apprentissage. »
Quand les circonstances s’y prêtent, il convient qu’un poste de suppléant peut constituer une excellente façon pour un avocat débutant d’acquérir de l’expérience.
« L’examen d’un dossier de litige entre créancier et débiteur, la participation à un grand procès ou l’absorption du surplus de travail d’un cabinet d’avocats, qu’il s’agisse de dossiers accumulés ou d’une augmentation du volume de travail, voilà des tâches qui peuvent être assumées par un suppléant, parce que ce dernier recevra les conseils et l’aide de ses pairs », affirme-t-il. Sa plus grande crainte serait qu’un avocat débutant travaille de façon isolée.
« L’avocat débutant doit posséder les compétences pratiques nécessaires à l’affectation. Si vous travaillez de façon complètement isolée, ce n’est pas la même chose que si vous travaillez en équipe. »
« Si l’avocat doit travailler de chez lui pour faire certaines recherches juridiques et rédiger quelques mémoires et qu’il vient ensuite au cabinet pour en discuter avec les membres, ce n’est pas un problème », affirme Alan Treleaven. « Le problème, c’est l’isolement. Apporter un tas de dossiers à la maison pour finir toutes ces affaires liées à l’administration des biens immobiliers sur la table de cuisine, pour un avocat sans expérience, ça ne peut qu’être une mauvaise idée. Mais apporter tous ces dossiers à la maison pour faire les recherches et les examens nécessaires, rédiger un rapport et se présenter ensuite au cabinet pour en discuter avec ses collègues et signaler les problèmes, selon la complexité des dossiers, ce n’est pas nécessairement une mauvaise idée. »
Les parajuristes ou les avocats suppléants ou à forfait peuvent s’inscrire sur le site Web de certains barreaux provinciaux, être recommandés par un collègue ou publier des annonces dans les revues spécialisées ou dans d’autres répertoires d’emplois dans le domaine juridique. Le Barreau du Haut-Canada, par exemple, a créé un répertoire des avocat(e)s et parajuristes à forfait en 2009 à la suite de son enquête sur la rétention des femmes en pratique privée.
« Nous nous sommes dit qu’il faudrait des avocats et des parajuristes disponibles pour fournir des services sur de courtes périodes », affirme Josée Bouchard, conseillère principale en équité au Barreau du Haut-Canada. « Mais le programme ne se limite pas aux courtes périodes. Si quelqu’un décide, par exemple, de prendre un congé de six mois pour poursuivre ses études ou décide de partir en vacances pendant quatre semaines et qu’il a besoin d’une personne pour garder ses dossiers à jour, il peut embaucher un de nos contractuels. »
Salima Alibhai convient que l’avocat doit connaître le domaine dans lequel il sera affecté, mais elle précise que lorsque c’est le cas, la suppléance peut aider les nouveaux avocats, tant sur le plan professionnel que financier, dans un marché de l’emploi en rapide évolution.
« La suppléance vous permet d’acquérir une solide expérience, d’obtenir des lettres de recommandation et de vous familiariser avec la communauté juridique. Un associé peut même vous dire “Je sais que ce cabinet cherche…”ou “Je serais heureux de vous écrire une lettre de recommandation” », affirme-t-elle. « De nos jours, tout se fait par l’intermédiaire de connaissances; c’est une façon de se faire connaître, d’améliorer ses habiletés juridiques et honnêtement, pour beaucoup d’étudiants, c’est le moyen de commencer à rembourser leurs dettes. À la fin de leurs études en droit, leur dette se chiffre à 100 000 $, et ils doivent commencer à la rembourser dans les six mois suivant l’obtention de leur diplôme. Ils ne veulent pas quitter le milieu du droit. C’est donc une façon de demeurer dans le domaine, même si on n’a pas obtenu un poste permanent. »
Becky Rynor est journaliste à Ottawa.