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Une carrière en solo : avez-vous ce qu’il faut?

01 juin 2015 | James Careless

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La pratique autonome du droit n’est pas pour tout le monde. Adieu, le chèque de paye; bonjour, les responsabilités : de la gestion des cas au développement des affaires en passant par le paiement des dettes et la facturation, tout retombe sur vous.

En revanche, le juriste autonome est libre de tracer son propre chemin. Il n’a pas à chercher un emploi; c’est lui l’employeur. Dans la mesure du possible, il peut aussi fixer son propre horaire et même travailler à partir de chez lui, si tel est son désir.

Que faut-il donc pour faire cavalier seul? Voici quelques incontournables :

  1. Pour réussir à son compte, « un avocat ou une avocate doit avoir l’esprit d’entreprise, explique Omar Ha-Redeye, directeur de la société torontoise Fleet Street Law, qui aide les juristes autonomes et les petits cabinets à faire leurs premiers pas. Il doit pouvoir composer avec un certain degré d’inconnu, ajoute-t-il. Autrement dit, il doit être en mesure de gérer l’incertitude financière qu’implique l’entrepreneuriat et trouver des moyens d’économiser pour se maintenir à flot pendant les années maigres. »

    « Il faut aimer l’aspect administratif de la pratique, ou à tout le moins savoir s’y prendre, renchérit Jordan Furlong, directeur de la firme ottavienne Edge International, qui se spécialise dans l’analyse des marchés juridiques. Cela n’a rien à voir avoir un poste d’associé dans un cabinet, où les clients semblent se succéder naturellement et où le salaire est régulier. Le juriste autonome doit tout faire lui-même. »

  2. Il ne suffit pas de savoir supporter l’incertitude financière : il faut prendre le taureau par les cornes pour faire entrer l’argent. La question n’est plus « Que voulez-vous que je fasse? », mais plutôt « Qu’est-ce que je peux faire? » Le juriste doit savoir analyser les particularités d’une situation et se donner les moyens de l’améliorer.

    « Les chèques sont rares ce mois-ci? Vos débiteurs vous rembourseront peut-être plus rapidement si vous leur offrez un escompte, conseille M. Ha-Redeye. Vous n’avez pas assez de clients? C’est le temps d’augmenter la cadence, côté réseautage et promotion. » L’obligation de trouver ses propres clients suffit pour en décourager plus d’un. « Si cette crainte domine, l’avocat ou l’avocate a plus intérêt à travailler pour un cabinet qu’à exercer seul, affirme M. Furlong. Il n’y a pas de honte à avoir. Certains sont mieux disposés au travail salarié. »

    « Le juriste autonome ne doit pas nécessairement être un extraverti fini pour se faire de nouveaux clients, précise Bo Arfai, juriste autonome à Toronto, mais il doit tout de même se faire une clientèle en tissant des liens avec les membres de la profession et en se faisant connaître du public. Bref, il doit être visible ». Personne ne trouve du travail en restant assis à son bureau à attendre que des clients lui tombent du ciel. « Il faut sortir de sa bulle et montrer au monde ce qu’on a à offrir. »

  3. Autre qualité indispensable du juriste qui se met à son compte : la discipline. Maîtrise de soi et ténacité doivent être au rendez-vous, s’il veut en faire une carrière sérieuse à temps plein, de même que la persévérance dans l’épreuve. « C’est à vous de faire ce qu’il faut pour garder le cap, non seulement en trouvant des clients, en les servant et en facturant vos services, mais aussi en gérant tous les détails qui font le quotidien d’une petite entreprise, dit M. Furlong. Et si vous n’avez pas les compétences nécessaires pour administrer une petite entreprise, vous devrez les acquérir. »

  4. Le problème pour les nouveaux avocats et les nouvelles avocates, c’est que les facultés de droit enseignent le droit, et non l’entrepreneuriat. Pour y remédier, l’avocate américaine Susan Cartier Liebel a fondé l’université Solo Practice. Il s’agit d’un réseau en ligne de formation et de réseautage professionnel qui enseigne aux avocats et aux avocates comment gérer leur propre cabinet. On y offre des cours comme « Comment passer du banc d’école à son propre cabinet… ou presque » ou encore « Introduction à la facturation et à la comptabilité », entre autres cours sur le marketing, la technologie virtuelle, la séparation des services juridiques, etc. (L’université Solo Practice offre aussi des cours gratuits en ligne et sur iTunes.)

« Même si notre siège est aux États-Unis, certains de nos étudiants et étudiantes sont canadiens, indique Mme Cartier Liebel. Cela tient au fait que les cours que nous donnons sont de nature générale et traitent des enjeux globaux relatifs à certains domaines de la pratique, en misant sur le côté concret. Ces principes s’appliquent, peu importe les particularités du territoire dans lequel exerce chaque avocat ou avocate. »

Vous être trop occupés pour parfaire votre formation? « Avec tout ce qu’ils doivent gérer, les juristes autonomes ne peuvent pas se permettre de ne pas prendre le temps, répond Mme Cartier Liebel. Si vous voulez mener la barque, vous devez savoir naviguer, sinon vous coulerez. »

Quelles que soient les ressources pédagogiques qu’ils choisissent, les juristes autonomes doivent être prêts à poursuivre leur apprentissage, d’année en année. C’est d’autant plus vrai maintenant que la profession se dirige de plus en plus vers les outils électroniques et les services en ligne. « Les juristes autonomes doivent aussi songer à remplacer le taux horaire traditionnel par une tarification fondée sur la valeur du service rendu au client, propose Mme Cartier Liebel. C’est la voie de l’avenir, et c’est ce que veut le client. Les juristes autonomes peuvent profiter de cette réalité pour adopter dès maintenant le modèle de facturation que privilégient les clients. »

En somme, un juriste autonome doit avoir l’esprit d’entrepreneuriat et un bon seuil de tolérance au risque, la volonté de dénicher des clients ainsi que la discipline nécessaire pour persévérer malgré les difficultés, car difficultés il y aura. Le nouvel entrepreneur doit aussi avoir les compétences requises pour administrer son propre cabinet, au moins jusqu’à ce qu’il gagne assez d’argent pour engager un technicien et un comptable.

« Il y a encore une chose dont un juriste autonome ne peut se passer : la capacité de concilier sa vie professionnelle et sa vie personnelle, affirme M. Arfai. Si vous réagissez au stress engendré par un revenu précaire en travaillant sept jours sur sept, vous perdez tous les avantages que vous gagniez en devenant votre propre patron. Les congés vous permettront de conserver vos relations – et votre santé mentale! »

À propos de l'auteur

James Careless est journaliste indépendant.