Le bureau national de l'ABC sera fermé du 23 décembre 2025 au 1er janvier 2026 (inclusivement), et reprendra ses activités le 2 janvier 2026.

Skip to main content

Se mettre au vert, une idée pas si mauvaise que cela pour les jeunes juristes!

01 mars 2014 | Kim Covert

**Avertissement** : Veuillez noter que vous consultez un contenu ayant été archivé. Cette page se trouve parmi nos anciennes archives et ne fait plus l’objet d’une actualisation. Les renseignements qu’elle contient ne sont peut-être pas représentatifs des données courantes ou des plus récents développements. Nous vous remercions de votre compréhension.

Remarque : Une version similaire de cet article a été publiée, à l’origine, sous forme de blogue, uniquement en anglais, sur le site nationalmagazine.ca, le 22 février 2014.

Erin Crocker raconte que lorsqu’elle a dit à un de ses amis étudiants en droit qu’elle acceptait un emploi à Smithers (C.-B.), il a essayé de la consoler en lui disant qu’elle pourrait « probablement » revenir à la ville dans quelques années. Il n’a même pas pensé que quelqu’un pourrait sciemment envisager de travailler dans une communauté de petite taille ou éloignée s’il existait des possibilités de se dorer sous les néons de la grande ville.

Pourtant, selon Erin Crocker, les raisons de travailler hors les murs des grandes villes ne manquent pas. Alors que les pistes de ski et les pistes de vélo tout terrain de la région (et une clause de son contrat lui permettant de s’absenter le matin pour faire du ski) l’ont séduite, elle apprécie énormément le fait qu’en tant que juriste relativement nouvelle, elle peut être chargée de dossiers complexes. Elle a travaillé sur des dossiers d’entreprises, a même touché au droit des brevets, en plus des affaires plus couramment traitées par les cabinets de pratique générale.

Susan McGrath, une avocate de Cochrane (Ontario) exerçant seule, a dit lors des discussions d’un groupe d’experts de l’ABC sur les communautés rurales et éloignée au cours de l’Assemblée de la mi-hiver du Conseil de l’ABC à Ottawa, qu’avec ses 35 ans de pratique, elle illustre parfaitement le vieillissement des juristes en Ontario. Trente-cinq années pourtant parfaitement satisfaisantes si on l’en croit. Elle a commencé par dire à quel point il est agréable d’élever une famille dans un village et de pouvoir rentrer déjeuner à la maison tous les jours, sans parler du fait que son chalet est situé au bord d’un lac qui ne se trouve qu’à 10 minutes en voiture ou une demi-heure à bicyclette.

Ce n’est cependant pas tout ce qui contribue à rendre un travail dans une petite communauté si satisfaisant à ses yeux. Elle en était à sa première année d’exercice lorsqu’on lui a demandé de devenir présidente du barreau local. L’année suivante, on lui demandait de participer au Conseil de l’ABC. Peu après, elle était membre de la chambre de commerce locale … et présidente du club de curling. Loin d’être isolée dans sa communauté du Nord de l’Ontario, elle a pu profiter de possibilités d’enrichissement personnel et professionnel qui ne se seraient tout simplement pas présentées à elle, du moins aussi rapidement, si elle avait travaillé dans une grande ville.

[traduction] « Les possibilités quant à l’exercice du droit, professionnelles et communautaires sont légion, vous n’avez qu’à les saisir », déclare Susan McGrath.

Bon, d’accord : La qualité de la vie? Oui. Les activités de loisirs? Oui. La participation à la vie communautaire? Oui. Alors voici une question : si tout est si parfait au milieu de nulle part, pourquoi personne n’y va-t-il?

Alan Fineblit, président du Barreau du Manitoba dit des communautés canadiennes de petite taille ou éloignées qu’elles sont [traduction] « particulièrement mal desservies ». En outre, là où il y a des juristes, ils vieillissent. Il remarque que cinq des sept avocats de la ville de Shelburne (N.-É.) exercent depuis plus de 27 ans. Les petites communautés éloignées « ont désespérément besoin que des gens aillent s’y installer pour exercer », dit-il.

La Rural Education and Access to Lawyers Initiative mise en place par la C.-B. a aidé à trouver un emploi à Smithers pour Me Crocker et s’efforce activement de placer de jeunes juristes dans les régions rurales et éloignées. Cyril Gurevitch, de l’Alberta, a parlé au Conseil des programmes en place dans cette province et Alan Fineblit a mentionné les initiatives que le barreau du Manitoba tente de mettre en place.

Un membre du public a dit qu’une initiative pour faire sortir les avocats des grandes villes [traduction] « n’a pas besoin d’être un vaste programme ou de coûter beaucoup d’argent ». Selon lui, ce qui importe, c’est de faire en sorte que les étudiants et étudiantes se rendent dans les régions rurales pour constater les possibilités, pour pouvoir imaginer leur vie personnelle et professionnelle dans ces endroits. Car comme l’a fait remarquer Erin Crocker, les gens qui n’ont jamais vécu en milieu rural peuvent avoir des préjugés négatifs au sujet du style de vie qu’il offre.

Les communautés de petite taille et éloignée peuvent aussi insister sur certains aspects pour se rendre plus attrayantes aux yeux des jeunes juristes. Erin Crocker a mentionné les possibilités de mentorat, Susan McGrath a souligné le soutien qu’apportent les petites communautés, particulièrement les petites communautés juridiques. Alan Fineblit suggère que la mise en place d’une sorte de programme de suppléance pourrait être important pour convaincre les gens qu’ils pourraient quitter leur petit cabinet ou leur pratique individuelle pour partir en vacances ou en congé de maternité.

Doug Downey a suggéré que le nouveau Programme de pratique du droit (PPD) de l’Ontario constitue [traduction] « notre chance de placer des juristes dans les communautés rurales ». Selon lui, la volonté politique qui sous-tend l’idée que le stage de quatre mois effectué au terme des exigences du programme devrait se dérouler dans des communautés de moindre taille est solide.

Comme l’a dit un commentateur, il est essentiel que les facultés de droit, et les cabinets juridiques, soient convaincus de traiter cette question. L’accès à la justice ne peut que se dégrader si aucun professionnel du droit n’est disponible lorsque surgit un problème juridique.

Kim Covert est auteure et rédactrice auprès de l’Association du Barreau canadien à Ottawa