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Depuis 2006, la National Association of Women in the Law (NAWL) des États-Unis mène chaque année une étude sur le maintien et l’avancement des femmes en pratique privée. Les résultats de la dernière étude ont été divulgués en octobre. Le lien qui suit mène au texte intégral : NAWL Report : National Survey on Retention and Promotion of Women in Law Firms
L’étude annuelle de la NAWL est la seule étude américaine à faire état chaque année des progrès professionnels des femmes dans les 200 plus grands cabinets d’avocats du pays. Elle établit une comparaison de la carrière et de la rémunération des hommes et des femmes en pratique privée, et analyse les facteurs influençant le progrès des carrières.
En bref, les nouvelles de l’année 2011 ne sont pas bonnes. Ce qu’il y a de plus notable dans ces nouvelles est que 2011 marque le premier recul dans la progression des femmes vers l’égalité avec les hommes dans la profession.
Pour citer le rapport, les résultats de l’étude présentent :
[…] une image sobre des perspectives des femmes dans les grands cabinets. Non seulement les femmes comptent pour une part de plus en plus faible du nombre d’avocats dans les grands cabinets, mais elles ont beaucoup plus de chances d’occuper des postes avec des possibilités réduites d’avancement ou de participation à la direction du cabinet (comme les postes d’avocate salariée, d’avocate-conseil et d’associée à revenu fixe). [c’est nous qui soulignons]
En somme, les niveaux toujours aussi bas de participation des femmes aux rôles d’associée principale et d’associée directrice se combinent, à tout le moins aux États-Unis, à la complexité croissante des hiérarchies dans les cabinets d’avocats et à une diminution du nombre des femmes entrant en pratique privée pour produire un maintien de l’inégalité entre hommes et femmes dans la profession juridique. Voici quelques-uns des résultats concrets obtenus par l’étude américaine :
- le taux d’admission des femmes dans les facultés de droit et dans les grands cabinets d’avocats a apparemment plafonné et commence maintenant à décliner;
- pour la première fois depuis 2006, la proportion de femmes dans les grands cabinets est en diminution;
- les femmes ne représentent que 15 % des associés participant au capital, et ce nombre n’a pas changé en vingt ans;
- les femmes ont beaucoup plus de chances que les hommes d’occuper des postes qui ne mènent pas à l’association;
- la part des femmes auxquelles on ne reconnaît pas le recrutement de nouveaux clients (soit qu’elles ne recrutent effectivement pas, soit qu’on ne leur reconnaît pas leurs recrutements) est disproportionnée;
- les femmes gagnent moins que leurs homologues masculins à tous les niveaux de la hiérarchie des cabinets, le plus grand écart de revenus se situant au niveau des associés participant au capital;
- les femmes sont toujours « nettement sous-représentées » dans les directions de cabinets; et
- les femmes constituent un stupéfiant 80 % des « associées à revenu fixe », des postes d’associé où l’on participe au capital sans participer aux profits globaux du cabinet.
La seule bonne chose dans ces mauvaises nouvelles apportées par la NAWL est peut-être le fait que l’étude documente la réalité du problème de l’inégalité entre les sexes. On entend souvent dans les cabinets d’avocats et dans le discours populaire en général que l’égalité des femmes et des hommes a été atteinte dans la profession juridique et dans les autres milieux professionnels au Canada. De telles affirmations erronées peuvent miner nos efforts actuels et futurs, et surtout mettre en péril les ressources allouées à ces efforts. L’étude de la NAWL met en évidence la nécessité de fournir des efforts soutenus pour assurer aux femmes la possibilité de prendre une place égale à celle de leurs collègues masculins dans la profession juridique. Bien que cette étude ne concerne que les États-Unis et que le contexte canadien soit distinct sur plusieurs des aspects, il est peu probable, surtout dans le contexte de la mondialisation croissante du travail juridique en Amérique du Nord, que le portrait soit totalement différent au Canada. Le recul vers l’inégalité qui vient d’être documenté met en évidence la nécessité de redoubler d’effort pour maintenir les femmes en pratique privée.
L’étude de la NAWL met également en évidence la nécessité grandissante de concentrer nos efforts sur les femmes qui songent à leurs choix de carrière et n’ont pas encore pris leur place dans la profession juridique. En effet, de plus en plus de jeunes avocates choisissent de ne pas entrer en pratique privée; et de plus en plus de femmes choisissent même de ne pas entrer du tout en droit. Étant donné qu’il s’agit d’un problème nouveau, il faudra peut-être consacrer une réflexion à la question de savoir s’il ne faudrait pas mettre en œuvre de nouveaux moyens imaginatifs d’encourager les femmes à entrer, ainsi qu’à demeurer, dans la profession.
Rebecca Bromwich est avocate-conseil, Réforme du droit et Égalité au bureau national de l'ABC, à Ottawa.