Besoin-de-bouger

14 août 2023

Chère Advy,

Avez-vous des tactiques ou des stratégies à recommander pour un juriste occupé qui n’a pas le temps de faire de l’exercice? J’ai l’impression de contrôler ma santé mentale, mais que mon horaire de travail fou a de lourdes conséquences sur mon régime alimentaire et sur mon programme d’exercices.

Sincères salutations,
Besoin-de-bouger


Cher Besoin-de-bouger,

Eh bien, bonjour? J’ai l’impression de m’entendre parler!

Permettez-moi de faire l’une des choses que j’aime faire, qui est de contester les hypothèses non testées. Nous sommes donc des « juristes occupés qui n’ont pas le temps de faire de l’exercice ». Occupés? En effet. Juristes? Pas de doute. Qui n’ont pas le temps de faire de l’exercice? Je n’en suis pas certaine.

Ne parlant que pour moi-même, je peux absolument confirmer que je prends actuellement peu de temps pour faire de l’exercice. Je trouve du temps pour beaucoup d’autres choses, y compris, dans le désordre : vérifier mes courriels, négocier des clauses de limitation de responsabilité, mettre mon fils au lit, rédiger des ordonnances de cessation et d’abstention, cuisiner, vérifier mes courriels encore une fois, conseiller mon directeur des finances sur des questions de financement, fureter dans les médias sociaux, faire la lecture à ce petit monstre (mon fils, pas le directeur finances, bien que j’aie aussi fait ça), manger, aller dans un magasin pour acheter des choses dont j’ai vraiment besoin ou dont je n’ai pas du tout besoin, vérifier mes courriels… Oh, est-ce que j’ai oublié de mentionner « vérifier mes courriels »?

Quoi qu’il en soit, ce que je veux dire c’est que je décide de ce que je fais de mon temps. Et je sais que l’exercice est important pour moi. Pendant des années, je me suis entraînée tous les jours. Puis, il y a quelques années, j’ai cessé de le faire. Nouvel emploi, pandémie, peu importe la raison – j’ai arrêté. Qu’il s’agisse d’un choix délibéré ou de quelque chose qui s’est tout simplement produit, j’ai arrêté.

La suggestion fondamentale ici est de nous rappeler un fait important : nous avons la faculté d’agir. Nous décidons. Pas notre client, pas nos collègues, pas même notre conjoint ou conjointe. Nous décidons. Ce faisant, nous devrions nous efforcer de trouver l’équilibre entre les pressions qui sont en concurrence par rapport à l’utilisation de notre temps et dont la source est des gens qui n’ont pas nos besoins personnels. Il est possible de trouver beaucoup de joie dans cet aspect.

Jouons le jeu. Si nous estimons que « notre horaire de travail fou a de lourdes conséquences » sur un élément fondamental de notre vie (c.-à-d. la santé de notre corps et, en particulier, comme vous le dites, notre alimentation et notre programme d’exercices), alors peut-être pouvons-nous nous efforcer de trouver l’équilibre entre ces pressions qui se font concurrence. Sommes-nous prêts à sacrifier notre corps en raison de notre horaire de travail? Si c’est le cas, faisons un choix délibéré et passons à autre chose. (Beaucoup de gens le font! En écrivant ceci, je me rends compte que je ne souhaite pas être l’une ces personnes, mais simplement cette chère Advy.)

Si nous ne sommes pas prêts à faire ce compromis, alors regardons ce que nous pouvons faire à cet égard. Voici quelques conseils choisis que j’ai entendus, qui peuvent ou non fonctionner pour vous :

  • Changez votre état d’esprit par rapport à ce qui constitue de l’exercice. L’exercice ne se limite pas au temps passé à « la salle de gym ». La prise de petites habitudes simples peut réellement changer les choses avant que vous ne vous en rendiez compte : imprimer sur l’imprimante la plus éloignée du bureau, stationner un peu plus loin lorsque vous allez à l’épicerie, se rendre à une réunion à pied au lieu de prendre la voiture, prendre les escaliers au lieu de l’escalier roulant, ou encore demander à un collègue de discuter d’un dossier en marchant. Toutes ces choses sont des façons de bouger qui sont faciles d’accès.
  • Remplacez votre pyjama par des vêtements d’entraînement propres. De cette façon, lors de votre réveil le matin, vous serez déjà habillé pour faire de l’exercice. C’est incroyable de voir comment le signal que votre corps envoie à votre esprit (« je porte des vêtements pour X, alors je suppose que je ferais mieux de faire cela ») fonctionne pour mettre ce que Daniel Kahneman qualifie de « système 1 » d’un cerveau en service pour accomplir des choses plutôt que pour faire obstacle à nos plans de vie.
  • Associez le fait de faire de l’exercice à « écouter un balado », ou encore, si vous allez à une salle de gym qui offre des services de diffusion en direct, à « je vais regarder cette émission que j’aime ». Ce n’est pas tout à fait un mensonge parce que pendant tout ce temps où vous profitez de ce divertissement, vous faites aussi de l’exercice, mais cette façon de l’aborder vous permet d’attendre avec impatience ce moment. Pour évoquer Kahneman à nouveau, parce que j’ai toujours la curiosité de savoir ce que sera la prochaine partie d’une histoire, le fait de lier l’exercice à la découverte de ce qui se passe ensuite dans une histoire amène le système 1 à contracter une bonne habitude plutôt qu’à y faire obstacle.
  • Intégrez l’exercice à votre horaire en le liant à une autre habitude que vous faites sans réfléchir. Par exemple, si à chaque fois que vous vous brossez les dents, vous faisiez dix flexions des jambes? Ou si avant d’entrer dans la douche, vous faisiez cinq redressements assis? Essayez de mettre un Post-it sur votre dentifrice : ce sont dix flexions des jambes que vous n’auriez pas faites autrement. Peut-être que c’est une idée horrible et cela ne fera que créer de la culpabilité. Si c’est le cas, débarrassez-vous du Post-it!

Permettez-moi de souligner ce dernier point sur la culpabilité. Peu importe ce que nous décidons, quelle que soit la stratégie que nous mettons en œuvre, si cela entraîne de la culpabilité, alors nous devrions revoir notre décision. La culpabilité est le résultat d’une prise de conscience que nous avons trahi nos propres normes. Nous punir pour cette « trahison », qui est susceptible d’être un coup de tête, ne nous aidera pas à long terme. Ce qui est utile c’est d’établir un lien avec le but réel de cette émotion, soit prendre soin de notre identité privée. Autrement dit, ce qui nous aidera, c’est la suggestion fondamentale avec laquelle j’ai commencé ce billet : nous avons la faculté d’agir, nous décidons.

Si quelque chose n’est pas en harmonie avec ce que nous voulons pour nous-mêmes (que ça n’aille pas du tout ou que ça entraîne de la culpabilité ou tout autre état d’esprit indésirable), nous pouvons aussi nous rappeler que nous avons la faculté d’agir et que nous pouvons choisir de nous ajuster.

Il y a quelques mois, j’ai décidé de reprendre le yoga et j’avais l’intention d’y aller deux fois par semaine. J’aurais donc dû m’y rendre… neuf fois en date d’aujourd’hui. Je n’y suis allée que six fois. Et je me sens coupable. Que vais-je faire? Je vais me demander si ce type particulier de yoga à cet endroit en particulier est ce dont j’ai besoin. Peut-être que je peux faire du yoga et autre chose. Ou peut-être que je peux tout simplement faire autre chose. En fin de compte, je suis capable de trouver un moyen, si je le choisis… Et si j’ai besoin du soutien d’un membre de ma famille, d’un collègue, d’un mentor ou de quelqu’un d’autre pour rester sur la bonne voie, je peux aussi le chercher!

Prenez bien soin de vous,
Advy

Invitation de mon ami à contester l’hypothèse selon laquelle « nous n’avons pas le temps »  : How to make the most of the time you have