Chère Advy,
Je siège à la direction d’un comité de santé et de bien-être de mon cabinet et, dernièrement, il est presque impossible de convaincre des gens de faire du bénévolat et de se joindre au groupe. Un avocat principal est tenu d’assister aux réunions, mais je crains que le manque de participation aux activités et événements que nous organisons (dîner-causeries et yoga) ne contraigne cet avocat principal à dire à ses associés de la direction que ce comité n’est peut-être pas nécessaire, et je crois vraiment que nous en avons besoin plus que jamais. Ma question comporte deux volets : premièrement, comment puis-je amener les employés du cabinet à participer davantage; deuxièmement, pouvez-vous m’indiquer des ressources existantes que je peux utiliser? Peut-être que ce que nous offrons est à côté de la plaque.
Sincèrement,
Rater-la-Cible
Chère Rater-la-Cible,
Ce sont là deux questions intéressantes avec lesquelles des cabinets (et des services juridiques) de partout au pays doivent composer.
Première question :
Comment puis-je amener les employés du cabinet à participer davantage?
Je vais faire ce qui rend tous les juristes fous, c’est-à-dire répondre à votre question par une question. Qu’essayez-vous exactement d’accomplir avec ce comité? Tentez-vous d’améliorer la culture de votre lieu de travail de façon générale afin qu’elle favorise davantage une bonne santé mentale? Le but est-il de fournir un espace sécuritaire où les employés peuvent obtenir du soutien pour guérir ou se rétablir? De préconiser des changements précis à des politiques et pratiques du cabinet auprès de la direction? De réduire la stigmatisation associée à la santé mentale et à la maladie mentale en général? Est-ce une combinaison de ces choses? Ou est-ce quelque chose de totalement différent?
Laissez-moi vous raconter une petite histoire pour illustrer ce que je veux dire. Lors d’une balade en campagne, un homme passe devant une grange sur laquelle des cibles sont peintes. Au centre de chaque cible, il remarque des trous de balle, ce qui l’amène à croire que le propriétaire de la grange est possiblement le meilleur tireur de l’histoire! En tournant le coin, il aperçoit le propriétaire, l’interpelle, lui fait part de son admiration et lui demande comment il est devenu si bon tireur. « Eh bien, le secret est de peindre la cible après avoir tiré. »
Contrairement à cette histoire, votre inquiétude est que, une fois que vous aurez tiré vos coups de feu, quelqu’un de la direction du cabinet peigne la cible loin de l’endroit où vous visiez et réduise à néant tout votre dur labeur. Je peux comprendre pourquoi. Cependant, pour vraiment savoir si vous touchez la cible, vous devez d’abord savoir quelle est votre cible. Cela vous permettra non seulement de mesurer votre succès, mais aussi d’établir un objectif clair au moment de communiquer avec les membres de votre cabinet qui ressentent peu d’enthousiasme à l’égard du travail que vous effectuez.
Ayez une conversation franche avec la direction. Ils n’ont peut-être pas beaucoup réfléchi à l’idée de créer ou d’approuver eux-mêmes un comité de bien-être. Vous avez peut-être une idée de ce que vous tentez de réaliser, mais cela ne correspond pas aux attentes de la direction. Vous avez besoin d’une image plus précise de ce qu’ils vous demandent d’accomplir avec ce comité. Demandez-leur ce qu’ils considéreraient comme une réussite. Quel changement considèrent-ils comme urgent ou important? Quels problèmes êtes-vous censée résoudre? Quels résultats devriez-vous viser? Où ont-ils peint la cible sur la grange? Se trouve-t-elle à l’endroit où vous pensez qu’elle est?
Une fois que vous aurez établi un ensemble d’objectifs clair et que vous les communiquerez de façon cohérente aux membres du cabinet, vous serez mieux outillée pour affronter les deux problèmes auxquels vous avez été confrontée jusqu’ici :
- la complaisance;
- la stigmatisation.
Certains membres de votre cabinet ne font tout simplement pas grand cas de ce comité. Ils ont des objectifs de facturation à atteindre, des mémoires à déposer, des contrats à rédiger, des échéances à respecter et beaucoup d’autres problèmes immédiats. En élaborant un ou plusieurs objectifs qui sont en harmonie avec les priorités de votre cabinet, vous aurez une bonne réponse à la question « pourquoi devrais-je consacrer du temps à cela? ». Donnez aux gens une raison convaincante de se présenter, et ce, dès maintenant.
Certains membres du cabinet peuvent rester à l’écart des événements que vous organisez en raison de la grande stigmatisation, toujours aussi présente, associée à la santé mentale. Il n’y a pas de solution rapide et facile pour lutter contre la stigmatisation. La seule façon de la surmonter est de normaliser le fait de parler de santé mentale. Tout comme une personne qui a des dents peut avoir divers problèmes de santé dentaire à différents moments de sa vie, la santé mentale de toute personne qui a un cerveau fluctue avec le temps. Parlez de votre propre santé mentale et de ce que vous faites pour vous en occuper. Votre cerveau est, après tout, l’usine de votre cabinet juridique. Il est essentiel de conserver un cerveau sain pour assurer le succès de votre cabinet. Il n’y a rien d’anormal ou d’étrange à faire des choses pour veiller à ce que votre cerveau, d’où sortent les idées dont dépend votre cabinet, soit en bon état de fonctionnement. Parlez-en aux gens pour qu’il semble moins étrange pour eux d’en parler aussi.
La plupart des employés qui hésitent à participer au comité le sont en raison d’une combinaison de stigmatisation et de complaisance. Vous pouvez toucher ces deux types de personnes en leur expliquant les raisons pour lesquelles le cabinet aborde cet enjeu important et les raisons pour lesquelles vous le faites personnellement. Rappelez-vous que les gens à qui vous transmettez ce message ont entendu pendant la majeure partie de leur vie que la santé mentale est quelque chose dont on ne parle pas. Faites preuve de patience. Il y a peut-être des gens que vous ne convaincrez jamais avec cet argument, mais avec un peu de temps et de patience, vous devriez être en mesure de faire entendre raison à un plus grand nombre de collègues qu’en ce moment.
Seconde question :
Pouvez-vous m’indiquer certaines ressources existantes que je peux utiliser?
Il existe de nombreuses ressources que vous pouvez utiliser. La meilleure ressource est celle qui correspond au problème que vous tentez de résoudre.
L’heure du bien-être de l’ABC propose des méthodes novatrices de structurer le travail juridique pour soutenir le bien-être. Certains programmes s’adressent aux femmes, aux juristes de groupes racisés, aux juristes autochtones (et à ceux qui travaillent avec des juristes autochtones), aux jeunes juristes et à d’autres professionnels. Vous pouvez en apprendre davantage sur l’épuisement professionnel et la lutte contre la stigmatisation en milieu de travail, mais aussi sur le yoga. Il a même un tout nouvel épisode qui traite précisément de la façon de commencer à apporter des changements dans votre milieu de travail! Si vous êtes membre de l’ABC, ces ressources sont gratuites. Si vous ne l’êtes pas, vous pouvez toujours y avoir recours en payant une somme modique, mais vous constaterez probablement que votre abonnement se paie rapidement.
Toujours en ce qui a trait à l’ABC, il existe d’autres ressources de bien-être à l’intention des juristes. Vous trouverez du matériel de perfectionnement professionnel, des articles, des liens vers diverses sources d’aide et bien d’autres choses qui pourraient vous être utiles. Je devrais ajouter que, parfois, la simple lecture des articles de la présente chronique vous aidera à vous sentir moins seule. Vous pouvez voir les questions que posent des gens qui éprouvent des difficultés semblables aux vôtres.
Vous pouvez aussi communiquer avec votre programme d’aide aux juristes local. Plusieurs articles comprennent des conseils et du soutien qui peuvent s’adapter aux besoins de votre cabinet. Jetez aussi un coup d’œil à ce que votre barreau a à offrir, bien que la page de l’ABC que j’ai mentionnée plus tôt regroupe des ressources provenant de nombreuses sources, y compris d’organismes de réglementation, de sorte que vous les aurez peut-être déjà consultées au moment de visiter la page d’accueil de votre organisme de réglementation.
Envisagez de suivre la formation en milieu de travail de l’Association canadienne pour la santé mentale et le programme de premiers soins en santé mentale de la Commission de la santé mentale du Canada. Ces programmes de formation sont utiles en soi, mais lorsqu’un cabinet prend en charge les formations offertes à l’échelle de l’organisation, cela peut agir comme un catalyseur pour changer les normes de santé mentale et de bien-être. Si votre objectif est un changement de culture global, il peut être très utile de suivre une formation en groupe.
Ce n’est qu’un début, mais un très bon début.
Prenez bien soin de vous.
Advy