Chère Advy,
Récemment, une amie qui travaille en dehors de la profession juridique m’a parlé d’un de ses collègues qui avait menacé de se suicider. Mon amie a été traumatisée par l’incident parce qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle devait faire. Elle est allée voir son directeur et s’est rapidement rendu compte qu’eux non plus ne savaient pas quel processus suivre. Appelez au 9-1-1? Fournir le numéro d’une ligne d’aide au collègue? Heureusement, le collègue en question a finalement obtenu de l’aide et la crise a été évitée, mais j’ai rapidement réalisé que je ne pense pas que quiconque dans mon cabinet aurait la moindre idée de la façon de gérer cette situation. C’est une chose d’offrir de l’aide si vous sentez que quelqu’un est déprimé ou anxieux, mais je ne suis pas convaincue qu’une mesure immédiate doit être prise si quelqu’un menace de se suicider. Que faire si je me retrouve dans la même situation?
Sincères salutations,
Se préparer-à-une-crise
Chère Se-préparer-à-une-crise,
Vous avez peut-être vu la récente Étude nationale des déterminants de la santé psychologique des professionnels du droit au Canada, qui souligne que 24 % des juristes affirment avoir eu des idées suicidaires depuis le début de leur pratique professionnelle. Compte tenu de cette statistique, il est tout à fait possible que n’importe lequel d’entre nous se retrouve dans la situation dans laquelle se trouvait votre amie. Je vous félicite de rechercher proactivement des informations afin d’être prête à soutenir un collègue, un client ou toute autre personne dans votre vie aux prises avec une crise de santé mentale.
Ça ne pourrait pas toujours paraître que quelqu’un pense au suicide, et la première étape pour aider quiconque est de reconnaître les signes avant-coureurs. Ils peuvent comprendre les suivants :
- Exprimer des pensées ou des sentiments de désespoir ou de détresse;
- Parler ou écrire sur la mort, le décès ou le suicide;
- S’isoler et s’éloigner des interactions sociales;
- Changer subitement de comportement, d’humeur ou d’apparence;
- Augmenter la consommation de substances;
- Rechercher des moyens de se faire du mal, notamment avec des pilules ou des armes;
- S’automutiler ou adopter des comportements imprudents.
Si vous remarquez l’un de ces signes ou, comme dans le cas de votre amie, si vous constatez qu’une personne fait allusion au suicide, il est essentiel de prendre son comportement et ses sentiments au sérieux et d’agir rapidement. Engager une conversation sur le suicide peut être difficile, mais c’est nécessaire. Les objectifs de votre conversation sont d’offrir du soutien, d’évaluer l’urgence de la situation, d’assurer la sécurité de la personne et de lui recommander de l’aide ou d’en chercher pour elle.
Voici quelques étapes qui peuvent vous aider lors de cette conversation :
- Dites à la personne que vous vous souciez d’elle, puis décrivez les comportements qui suscitent votre inquiétude. Attendez-vous à ce que la personne ne veuille pas parler avec vous. Dans ce cas, proposez-lui de l’aider à trouver quelqu’un à qui elle pourra se confier, de préférence quelqu’un qui a des connaissances pour faire face à ce genre de situation.
- À moins que la personne ne vous l’ait déjà dit, la seule façon d’évaluer l’urgence de la situation est de lui demander directement si elle envisage le suicide. Il est plus important de faire preuve d’empathie et de lui accorder toute votre attention que de vous concentrer pour dire la bonne chose. Encouragez-la à partager ses sentiments et ses pensées en lui posant des questions ouvertes. Évitez d’intervenir, de juger, de minimiser ses sentiments ou d’offrir des solutions immédiates. Bien qu’il soit courant de ressentir de la détresse face aux révélations d’une personne se trouvant dans une telle situation, l’adoption d’une attitude calme et confiante sera plus rassurante pour elle.
- Si vous croyez qu’il existe un risque immédiat que la personne agisse par rapport à ses pensées suicidaires, veillez à ce qu’elle ne soit pas seule et faites en sorte d’assurer sa sécurité en retirant tout moyen par lequel elle pourrait se faire du mal. Si la personne refuse de se défaire d’une arme ou de demander de l’aide, selon la situation, vous devrez peut-être appeler le 9-1-1 ou un centre de crise, ou encourager la personne à se rendre au service d’urgence le plus proche.
- Informez la personne que de l’aide est disponible et encouragez-la à communiquer avec son médecin ou un professionnel de la santé mentale, un centre de crise ou tout autre soutien, ou encore faites-le en son nom. Il peut être utile de se rappeler que vous ne pouvez pas remplacer un professionnel de la santé mentale et que votre rôle est de fournir du soutien jusqu’à ce que la personne puisse recevoir de l’aide professionnelle ou jusqu’à ce que la crise soit résolue. Si la personne ne sait pas qui contacter, Parlons suicide Canada est une ressource précieuse, disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Prenez une minute pour enregistrer le numéro sans frais, 1 833 456-4566, et le SMS, 45645, de cette ressource dans votre téléphone. Ce simple geste pourrait vous aider à sauver une vie.
Soutenir une personne qui vit une crise de santé mentale peut être une tâche difficile et exigeante sur le plan émotionnel. Assurez-vous de prendre le temps de prioriser votre bien-être en recherchant les aides et les soins personnels qui vous aideront à gérer votre stress et vos émotions.
Envisagez d’avoir au sein de votre cabinet des champions de la santé mentale en milieu de travail qui peuvent soutenir quelqu’un vivant une crise de santé mentale. Une formation sur les premiers soins en santé mentale est offerte par la Commission de la santé mentale du Canada et votre programme d’aide aux juristes peut vous offrir une formation ou des ressources semblables.
Prenez bien soin de vous.
Advy