Quelques jours après le discours du Trône qui présentait un gouvernement plus transparent et sensible, les Libéraux ont tenu leur promesse électorale de créer une commission d’enquête sur la question des femmes autochtones portées disparues ou assassinées.
La commission d’enquête aura lieu en deux étapes. Tout d’abord, la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, déclare que le gouvernement va consulter les familles des victimes, les organisations autochtones et les travailleurs de première ligne pour déterminer ce que la commission d’enquête doit viser à accomplir. Ensuite, la commission d’enquête même aura lieu. Selon Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones, elle devrait être annoncée au printemps.
Alors que les statistiques sont difficiles à trouver, la GRC, en 2014, a déclaré avoir recensé près de 1 200 cas documentés de femmes et filles autochtones portées disparues ou assassinées entre 1980 et 2012. Un rapport des Nations Unies de 2015 a conclu que les femmes autochtones ont cinq fois plus de risques que les non autochtones de mourir de mort violente.
« Les victimes méritent qu’on leur fasse justice et les familles, une occasion d’être entendues et d’apaiser leur douleur. Nous devons travailler ensemble pour mettre fin à cette tragédie qui continue », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau. La plateforme du parti a estimé le coût d’une commission d’enquête à environ 40 millions de dollars sur deux ans.
Madame Wilson-Raybould a déclaré que ce rapport ne finira pas oublié sous une couche de poussière.
[Traduction] « Il faut, pour s’améliorer, savoir être ouvert et pouvoir écouter. Nous le comprenons parfaitement, et nous avons compris que cela ne peut être seulement qu’un rapport de plus », dit-elle.
Dans une déclaration écrite, le chef national de l’APN, Perry Bellegarde, a loué cette annonce. [traduction] « Après des années de déni et de déviation, j’espère que nous pouvons faire de réels progrès pour atteindre la justice pour les familles et offrir sécurité et sûreté à tous et toutes. »
L’ABC est elle aussi ravie de constater que des mesures sont enfin prises à ce sujet.
Dans une lettre en date de 2012 adressée au ministre de la Justice d’alors, Rob Nicholson, puis dans une résolution de 2013 adoptée par le Conseil de l’ABC, l’Association a exhorté le gouvernement à faire tout son possible pour mettre un terme aux « cycles de violence intergénérationnels » à l’encontre des femmes autochtones et pour convoquer une commission d’enquête sur la question.
En mars 2014, le ministre de la Justice d’alors, Peter MacKay a déclaré [traduction] « la plus grosse erreur que nous pourrions commettre (à l’égard de la question des femmes autochtones portées disparues ou assassinées) serait de consacrer plus de temps à l’étudier ». L’actuelle chef du Parti conservateur, Rona Ambrose, déclare quant à elle que le gouvernement fédéral agit comme il faut.
Et tandis que d’aucuns affirment que les fonds destinés à la commission d’enquête seraient engagés à meilleur escient pour améliorer les services de police et autres, on peut dire sans se tromper que très nombreux sont les personnes qui soutiennent avec force une commission d’enquête qui exposera les racines des problèmes endémiques à la source des cycles de violence intergénérationnels et offrira des solutions réalistes est solide et très répandu.
[Traduction] « Il importe que la commission d’enquête soit exhaustive, financée correctement, axée sur des solutions et engagée envers la mise en œuvre des solutions déterminées », déclare Aimée Craft, ancienne présidente de la Section du droit des autochtones.
« Elle doit être sensible aux besoins des familles et des communautés qui ont souffert et continuent à souffrir. Elle doit en outre pouvoir tenir compte des expériences des femmes et des filles autochtones, de leur vécu d’un racisme systémique, et viser à prévenir tout préjudice supplémentaire et à venir. Parmi ce que certains pourraient considérer comme les principes directeurs de la commission d’enquête notons l’assurance que toute vie sera considérée comme précieuse au même titre, que rien dans l’expérience des femmes et des familles autochtones ne sera exclu du processus et que les hypothèses des inégalités sociales et du colonialisme qui se poursuivent seront reconnues . »
[Traduction] « Il n’y aura pas de remède miracle », a récemment déclaré la présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, Dawn Lavell Harvard. « Cependant, parce qu’il s’agit d’un problème systémique touchant au bien-être des enfants, aux services de police et aux services correctionnels, toutes ces institutions doivent être examinées. »