Plus de 80 % des décès attribuables à la COVID-19 au Canada recensés jusqu’à la fin mai ont eu lieu dans des maisons de retraite et des établissements de soins de longue durée publics et privés. Les rapports publiés avant la pandémie faisaient déjà état de pénuries de main-d’œuvre graves et endémiques dans ces milieux, qui poussaient les travailleurs à délaisser le secteur pour des raisons de surcharge de travail, de rémunération insuffisante et d’épuisement professionnel. Les restrictions imposées par la pandémie n’ont fait qu’aggraver ces problèmes.
Pourtant, le gouvernement fédéral offre un programme qui, moyennant quelques modifications, pourrait aider à pallier ces pénuries.
En juin 2019, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a lancé son projet pilote des gardiens ou gardiennes d’enfants en milieu familial et celui des aides familiaux à domicile, un programme en deux volets destiné aux ressortissants étrangers qui travaillent au Canada et aux demandeurs à l’étranger admissibles.
La Section du droit de l’immigration croit qu’avec quelques ajustements, le projet pilote des aides familiaux à domicile pourrait contribuer à remédier à la pénurie de main-d’œuvre dans les maisons de retraite et les établissements de soins de longue durée avant l’arrivée de la possible deuxième vague, qui risque très vraisemblablement d’être empirée par la grippe saisonnière.
La Section recommande le traitement des demandes en 90 jours plutôt qu’en 12 à 18 mois, comme il est actuellement prévu, et la renonciation à l’exigence du rapport d’évaluation des diplômes d’études qui doit accompagner la demande de résidence permanente à l’étape de l’approbation de principe. Tous les demandeurs sont tenus de fournir des données biométriques. Cependant, comme les centres de collecte à l’étranger risquent de fonctionner au ralenti en raison de la pandémie de COVID-19, cette exigence peut entraîner des retards de plusieurs mois. La Section recommande aussi d’autoriser les demandeurs à fournir des données biométriques à leur arrivée au Canada, ou de renoncer à cette exigence jusqu’à ce que l’étape de l’approbation de principe soit passée.
La Section recommande en outre d’élargir la définition des « professions admissibles » prévue dans le projet pilote, qui se limite actuellement à certains services offerts dans des résidences privées, pour y inclure les aides familiaux à domicile qui travaillent dans des établissements de soins de longue durée et des maisons de retraite.
« Le projet pilote des aides familiaux à domicile pourrait contribuer à résorber les graves pénuries de préposés aux soins de santé qui s’occupent des aînés et des personnes vulnérables au Canada, pénuries qui se sont aggravées avec la pandémie, soutient la Section. L’expérience professionnelle des demandeurs au titre du projet pilote des aides familiaux à domicile doit être reconnue, quel que soit le milieu de vie des bénéficiaires des soins. Nos recommandations accéléreraient le processus, ce qui se traduirait par la délivrance plus rapide des permis de travail et permettrait aux demandeurs de contribuer à enrayer plus tôt la pénurie de préposés aux soins de santé au Canada, tant dans les établissements que dans les résidences privées. »