Aujourd’hui, le génie financier et médical permet régulièrement aux gens de circonvenir l’inévitable, qu’il s’agisse des exigences du percepteur ou de celles, ultimes, de la Grande Faucheuse, en payant moins que leur juste dû ou en vivant plus longtemps qu’ils ne l’auraient pu ne serait-ce qu’il y a une génération.
Un décès naturel, sans aucune intervention médicale visant à prolonger la vie, est presque chose anormale au 21e siècle. Cependant, cette intervention soulève des questions. Quel rôle le patient devrait-il jouer dans la décision quant au moment où les interventions, et par conséquent sa propre vie, devraient cesser?
Dans son jugement rendu en février 2015 dans l’affaire Carter, la Cour suprême du Canada a déclaré que, dans certains cas, le patient mérite plus forte voix au chapitre.
L’alinéa 241b) et l’art. 14 du Code criminel portent atteinte de manière injustifiée à l’art. 7 de la Charte et sont inopérants dans la mesure où ils prohibent l’aide d’un médecin pour mourir à une personne adulte capable qui (1) consent clairement à mettre fin à sa vie; et qui (2) est affectée de problèmes de santé graves et irrémédiables (y compris une affection, une maladie ou un handicap) lui causant des souffrances persistantes qui lui sont intolérables au regard de sa condition.
La Cour a accordé au gouvernement un an pour modifier les lois en conséquence. Elle a récemment prorogé ce délai, octroyant quatre mois au nouveau gouvernement pour élaborer de la législation reflétant sa décision. Le Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir a entendu des témoignages d’experts juridiques et médicaux pendant plus de deux semaines en janvier et février de cette année.
Dans son mémoire adressé au Comité, le groupe de travail de l’ABC créé pour examiner les enjeux de fin de vie a exprimé la politique de l’Association, établie au moyen de résolutions adoptées en 2015 par le Conseil lors de ses réunions de février et août.
L’ABC est d’avis qu’il est préférable d’aborder l’aide médicale à mourir comme n’étant qu’une option parmi toute la gamme des choix de soins qui s’offrent en fin de vie. Nous encourageons tous les gouvernements au pays à travailler en étroite collaboration afin de veiller à ce que des politiques rigoureuses et des ressources adéquates, capables de soutenir tout un éventail d’options de soins en fin de vie pour les Canadiens et les Canadiennes, soient mises en place de façon uniforme dans tous les ressorts.
La lettre, signée par la présidente de l’ABC, Janet Fuhrer, soutient qu’il est nécessaire de modifier le Code criminel afin de « s’assurer d’une interprétation commune du droit dans toutes les provinces et tous les territoires canadiens ».
L’ABC encourage le gouvernement à « donner, aux personnes admissibles, le droit de faire ce choix selon ce qui est le plus compatible avec leur sentiment de dignité et d’intégrité personnelle », qu’il s’agisse de sédation palliative, euthanasie volontaire, suicide assisté, ou toute autre option déjà disponible telle que le refus de l’alimentation et de l’hydratation artificielles ou la demande du retrait d’un équipement médical de maintien de la vie.
Qui plus est, le gouvernement devrait veiller à ce que les modifications apportées au Code criminel « protègent explicitement les professionnels de la santé qui fournissent un service de soutien dans le cadre de la prestation de l’aide médicale à mourir, ainsi que les membres de professions de la santé réglementées qui administrent les moyens de mettre fin à la vie sous les ordres d’un médecin ».