Par Zillah Virji
C’est une amie qui, la première, m’a parlé en 2015 du Programme international des jeunes juristes, me décrivant avec enthousiasme un programme de l’Association du Barreau canadien. Il jumelait de jeunes juristes avec des organisations à l’étranger pour leur permettre d’acquérir des compétences efficaces dans les domaines de la réforme du droit, des droits de la personne et de l’accès à la justice. Dès cette découverte initiale, j’ai toujours su que je voulais participer au PIJJ. Je ne savais simplement pas quand cela se ferait.
Retour vers l’an passé. J’avais presque terminé mon stage pratique en droit lorsque j’ai réalisé que le moment était venu pour moi, à ce stade de ma carrière juridique, de me plonger dans le monde du développement international. J’ai présenté ma demande au PIJJ et, peu de temps après, j’ai accepté un poste au sein de l’Organisation internationale de Droit du Développement (OIDD), une ONG internationale basée à Yangon, au Myanmar.
J’ai appris que je n’allais pas m’embarquer dans cette aventure toute seule. J’avais la chance qu’une autre stagiaire du PIJJ, Amanda Craig, vienne avec moi. Pendant toute la durée du stage, Amanda a été ma colocataire, mon amie, ma collègue et plus important encore, ma compagne de voyage.
L’OIDD a établi plusieurs projets sur la primauté du droit et l’accès à la justice au Myanmar. Ils ont pour objet de renforcer la justice officielle et officieuse, pour les personnes qui s’y adressent et pour celles qui la fournissent, en réduisant l’écart entre le gouvernement et les communautés. Le bureau de Yangon accueille des employés de l’OIDD et des formateurs des Rule of Law Centres (ROLC) (centres pour la primauté du droit). Ces centres assument la formation des juristes, des professeurs de droit, des fonctionnaires et des représentants de la société civile en ce qui a trait aux questions fondamentales liées à la primauté du droit et aux droits de la personne, ainsi qu’à l’accroissement de la sensibilisation des communautés de tout le pays face à la primauté du droit.
Ne laissez pas le mot « stagiaire » vous mystifier. Travailler en tant que stagiaire du PIJJ ne signifie pas nécessairement prendre les commandes de café et faire des photocopies. Un grand nombre d’organisations internationales vouées aux droits de la personne fonctionnent avec des ressources limitées. L’OIDD nous considérait comme de précieuses professionnelles du droit et, par conséquent, nous a confié des travaux intéressants et importants. Pendant mon stage à l’OIDD, j’ai réalisé un éventail de tâches juridiques et de gestion de projet, dont la rédaction d’analyses juridiques sur des sujets tels que l’accès des femmes à la justice, et les droits des enfants. J’ai aussi visité des bureaux sur le terrain pour apporter au personnel du ROLC un soutien technique en matière de collecte des données, de surveillance et d’évaluation.
Non seulement le travail au sein de l’OIDD était-il intéressant et complexe, mais nos collègues étaient exceptionnellement accueillants et chaleureux, allant jusqu’à nos inviter à leurs mariages! Quand un collègue nous voyait sortir notre ennuyeuse salade du frigo en guise de déjeuner, il nous invitait à partager un repas fait maison pour toute la famille et nous encourageait à goûter les nouilles et le curry birmans.
Toutefois, se déraciner et s’envoler vers l’Asie du Sud pendant six mois n’a pas été sans présenter quelques défis. Ni Amanda ni moi n’aurions pu être préparées pour les répercussions du choc culturel, puis, au retour pour le choc culturel inversé, qui nous attendaient. Cependant, l’ABC nous a offert un soutien extrêmement important ainsi que les outils et ressources pour nous réintégrer dans la société canadienne et dans le monde juridique.
Alors que je suis de retour au Canada, la ville chaotique qui était la mienne il y a peu de temps me manque. Je n’oublierai jamais les bruits de Yangon, uniques en leur genre, particulièrement les psalmodies des moines qui défilaient en procession tous les matins à 4 h.
Zillah Virji a été admise au Barreau de l'Ontario en septembre 2019 et a fait son stage dans le cabinet Deloitte Canada dans le domaine du droit de l’immigration commerciale. Elle a obtenu son baccalauréat en droit à l’université Kingston de Londres, en Angleterre.