Par Nisha Anand et Yael Bienenstock

Forts du succès du premier « Petit-déjeuner de réseautage axé sur la diversité » organisé l’an dernier, les juristes spécialisés en droit de la propriété intellectuelle ont une fois encore lancé la Journée annuelle de la P.I. de l’ABC avec une discussion animée et inspirante au sujet des questions de diversité avec lesquelles la profession compose. Le petit-déjeuner a été suivi par une journée complète de formation continue sur la P.I. La journée s’est terminée en beauté avec un dîner de gala au Musée canadien de la guerre à Ottawa.
Animé par Nisha Anand (Gilbert’s), le groupe de discussion du petit-déjeuner composé de monsieur le juge Henry Brown et de madame la protonotaire Mireille Tabib de la Cour fédérale du Canada, de Dominique Hussey (Bennett Jones), et de Yael Bienenstock (Torys), a fourni des points de vue uniques sur la diversité, exprimés tant par la magistrature que par le barreau.
Pour lancer la discussion et encourager la candeur face à des questions difficiles, Nisha Anand a applaudi l’entretien de Marguerite Ethier (qui exerçait alors dans le cabinet Lenczner) en novembre 2015. Me Ethier avait exprimé un point de vue franc (certains diraient impopulaire) de son expérience en tant qu’avocate, particulièrement au cours de ses premières années d’exercice. L’entretien a suscité un très grand nombre de discussions au sein du barreau, principalement entre jeunes avocates qui font face aux mêmes problèmes aujourd’hui. Heureusement, chacun des membres du groupe de discussion a exprimé son opinion avec la même franchise, ce qui a donné lieu à une discussion réfléchie.

Chaque membre du groupe de discussion a commencé par relater ses expériences personnelles ou présenter ses opinions sur la diversité, qui ont couvert toute la gamme des émotions allant d’inspirant à hilarant, en passant par déchirant. Madame la protonotaire Tabib a parlé de ses expériences alors qu’elle commençait ses classes dans une petite ville, de l’accent « étranger » de son père, de son nom de famille peu commun, puis d’avoir été la seule femme dans un service dominé par les hommes de son cabinet juridique. Le juge Brown a éclairé l’auditoire concernant son sentiment d’avoir été perçu comme l’« autre » et du sentiment de non-appartenance. Yael Bienenstock a parlé de ses études en droit et de ses premières années d’exercice tout en ayant une grande famille de jeunes enfants. Pour ceux et celles d’entre nous qui pensaient que le Canada est véritablement la terre de l’égalité, l’expérience de Dominique Hussey en tant qu’enfant grandissant dans une petite ville de l’Ontario nous a enseigné que le racisme pur et dur est toujours bien vivant dans ce pays.
Indépendamment de leurs opinions différentes, les membres du groupe de discussion ont souligné les mêmes thèmes : ce n’est que lorsque nous sommes véritablement nous-mêmes que nous pouvons être les meilleurs juristes possibles, et cela signifie que nous ne devons pas cacher nos différences, mais bien les accepter pleinement. Lorsque nous constatons la diversité au sein de nos cabinets, cela signifie que nous réussissons à ouvrir des possibilités pour les meilleurs juristes, quels qu’ils soient, de s’épanouir au sein de la profession. Alors que les juristes spécialisés en P.I. ont fait de grands progrès, il leur reste encore du chemin à faire dans ce domaine.
Nisha Anand a posé des questions inspirantes aux membres du groupe de discussion. Pourquoi devrions-nous nous efforcer de diversifier la profession? Que pensons-nous des quotas ou des objectifs comme moyens d’augmenter la diversité? Lorsque trois juristes sont en lice pour un poste d’associé, et que les deux qui contribuent le plus à l’essor du cabinet sont des hommes, offrons-nous le poste d’associé au troisième, qui est une femme? Les membres du groupe de discussion ont traité cette question comme s’il s’agissait d’un serpent venimeux, mais ils ont été sauvés par une réponse provenant du public; si cela a lieu tous les ans, c’est que nous faisons erreur.
Des discussions animées se sont poursuivies pendant tout le petit-déjeuner et tout au long de la journée alors que des juristes de générations et de provenances différentes réfléchissaient à ce que la diversité signifie pour eux et à la façon dont, en tant que communauté, nous pouvons nous efforcer d’y parvenir. La conversation se poursuit – et nous avons bien hâte à l’année prochaine!
Nisha Anand est associée dans le cabinet Gilbert’s LLP, et Yael Bienenstock est avocate dans le cabinet Torys S.E.N.C.R.L.