Les restrictions imposées aux demandeurs d’asile en raison de la COVID-19 pourraient enfreindre le droit international

  • 27 avril 2020

Dans le cadre de ses efforts pour contenir et limiter la propagation de la pandĂ©mie de coronavirus, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a publiĂ© des avis aux voyageurs et restreint les franchissements non essentiels de la frontière entre le Canada et les États-Unis. Toutefois, l’une des restrictions risque de causer une violation, par le Canada, des obligations que lui impose le droit international.

En mars, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a dit qu’il remettra aux autoritĂ©s amĂ©ricaines tout demandeur d’asile qui franchit la frontière canado-amĂ©ricaine Ă  un point d’entrĂ©e non officiel.

Dans une lettre (disponible uniquement en anglais) adressĂ©e aux ministres de l’Immigration et de la SĂ©curitĂ© publique, la Section du droit de l’immigration de l’ABC fait remarquer qu’il s’agit d’un Ă©cart marquĂ© par rapport Ă  la politique antĂ©rieure. Avant l’annonce faite en mars, le gouvernement avait dĂ©clarĂ© qu’il allait sĂ©lectionner et isoler les demandeurs d’asile; une procĂ©dure correspondant aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santĂ©.

En vertu du droit international et de la Convention de 1951 relative au statut des rĂ©fugiĂ©s, le Canada est tenu d’autoriser les demandeurs d’asile qui arrivent Ă  prĂ©senter une demande d’asile et Ă  obtenir une dĂ©cision quant Ă  cette demande.  

[TRADUCTION] « En renvoyant automatiquement les demandeurs d’asile aux États-Unis, on pourrait considĂ©rer que le Canada enfreint le droit international », Ă©crit la section, sans parler des obligations que lui impose sa propre Loi sur l'immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s.

Qui plus est, déclarer la frontière fermée ne va pas empêcher certaines des personnes les plus vulnérables du monde entier de la franchir là où elles le peuvent. Ces personnes pourraient rester cachées et ne pas consulter de médecin en cas de besoin, risquant à la fois leur propre vie et celle de la population du Canada.

La section demande au gouvernement d’annuler la nouvelle politique et de satisfaire aux [TRADUCTION] « obligations du Canada, tant internationales que juridiques et morales, de continuer Ă  accueillir les personnes dans le besoin ».