Développer son QA (quotient autochtone)
Voici des moyens d’améliorer vos relations avec les personnes, communautés et administrations autochtones.
Communication
Il y a une différence entre parler et avoir quelque chose à dire. Les Autochtones sont peut-être plus à l’aise avec le silence que vous. C’est une bonne chose d’attendre qu’ils soient prêts à parler. Et sachez que les gestes, les expressions faciales et autres formes de communication non verbales font partie intégrante de la façon dont de nombreux peuples autochtones interagissent. Les Inuits, par exemple, signaleront souvent leur accord en haussant les sourcils, et leur désaccord en plissant le nez. Certains membres des Premières Nations peuvent indiquer la direction en pointant avec leurs lèvres plutôt qu’avec leurs doigts, ou sembler maladroits lorsqu’on leur offre une poignée de main ferme. Il est important de bien décoder le langage corporel. Tout comme d’avoir un bon sens de l’humour. Les Autochtones aiment rire, plaisanter et taquiner. Même si notre histoire coloniale est sombre et traumatisante, les Autochtones sont nombreux à utiliser l’humour pour enseigner des vérités importantes. S’ils se moquent de vous ou avec vous, cela peut signifier simplement que vous ne devriez pas vous prendre autant au sérieux. Et s’ils vous taquinent, c’est sans doute qu’ils vous apprécient.
L’importance des aînés
Avant l’arrivée des Européens, ce sont les aînés qui prenaient en charge les enfants et les instruisaient pendant que les parents s’occupaient des nécessités pratiques de la vie. Les aînés sont vénérés et honorés pour leur sagesse et leur savoir. Pour leur témoigner du respect, certains ont appris à ne pas les regarder directement dans les yeux. Il est important de les écouter sans les interrompre lorsqu’ils racontent une histoire ou partagent leurs connaissances. Il peut être impoli de poser trop de questions. Écoutez, observez, imitez et réfléchissez à ce que vous avez appris.
Écoute et consensus
Les Autochtones se réunissent souvent en cercle pour bien montrer que chacun a voix au chapitre. Plusieurs nations utilisent un bâton d’orateur, un objet par lequel on donne à une personne à la fois le droit d’être entendue sans interruption. Le point de vue de chacun est pris en compte et toutes les options sont discutées. La plupart des nations autochtones prenaient traditionnellement leurs décisions par consensus. Cela demande plus de temps et d’efforts à l’ensemble des parties. On peut notamment observer cette approche dans les procédures consensuelles des gouvernements du Nunavut et du Nunatsiavut, qui sont fondées sur des principes inuits. Vous constaterez peut-être, dans vos relations avec les Autochtones, qu’il faut prévoir beaucoup plus de temps pour leur permettre de se mettre parfaitement d’accord.
Protocoles des communautés
Les protocoles sont les coutumes et les règles des communautés avec lesquelles vous travaillez. Certaines communautés ont des documents ou des processus officiels. Ailleurs, ces protocoles vous seront révélés une fois que vous serez en relation avec cette communauté. Tentez de découvrir le type de système de gouvernance dans lequel fonctionne la communauté. S’il s’agit d’une Première Nation, dispose-t-elle d’un système de chefs héréditaires? Dispose-t-elle d’un chef ou d’un conseil relevant de la Loi sur les Indiens? Existe-t-il un conseil de direction traditionnel? Il est important de comprendre la structure de direction et d’autorité.
Les protocoles couvrent des éléments comme la reconnaissance du territoire, l’intégration des connaissances fournies par les aînés et les exigences culturelles touchant la fourniture de tabac ou de thé, les frais et honoraires ou toute forme de cadeau. Des services de traduction et d’interprétation pourraient être nécessaires dans les communautés où la langue maternelle n’est pas l’anglais ou le français. La participation et la recherche pourraient être encadrées par des protocoles détaillés. Il est important de faire ses recherches, de poser des questions et de comprendre les protocoles et processus de chaque communauté, puis de les suivre.
Vous pouvez demander que l’on vous conseille des livres à lire, des sites Web à visiter ou des personnes à consulter pour en savoir plus sur certains objets particuliers. Vous avez peut-être vu, parmi certaines Premières Nations, une cérémonie de purification par la fumée, par exemple, ou reçu du tabac à partager. Si vous voyez qu’on utilise une plume d’aigle, tentez de découvrir l’importance de cette plume. Ou la signification des chemises à ruban, de la ceinture métisse ou du qulliq inuit. Vous serez probablement exposé à de nombreuses pratiques et il est important d’avoir une attitude d’humilité et une volonté d’apprendre et de comprendre.
Capacité des communautés
La grande majorité des communautés des Premières Nations, inuites et métisses comptent moins de 1 000 personnes. Elles subissent pourtant des pressions constantes de la part des chercheurs, des entreprises de l’industrie des ressources, des gouvernements, des établissements d’enseignement et des médias pour qu’ils réagissent, participent et conseillent.
La plupart des communautés sont aux prises avec les effets du colonialisme – éducation et infrastructures inférieures aux normes, problèmes sociaux, lourd fardeau administratif et de reddition. Ils peuvent ne pas avoir les moyens – ou simplement les gens – pour répondre à toutes les demandes qu’on leur fait. Le conseiller de bande d’une petite réserve, par exemple, est tenu de s’occuper des questions fédérales et provinciales ou territoriales ET d’assumer un rôle comparable à celui d’un conseiller municipal. Les modifications à la Loi sur les Indiens et les traités modernes accroissent encore plus le fardeau de gouvernance et de gestion des réserves. Les Inuits ont même dû créer des dizaines d’organismes de cogestion et de surveillance pour mettre en œuvre les différents aspects de leurs accords de revendications territoriales. Compte tenu de tout cela, vous devrez être patient et tenir compte du fait que les communautés autochtones avec lesquelles vous travaillez doivent composer avec de nombreuses priorités et des capacités limitées.
La relation
La relation repose-t-elle uniquement sur ce que vous attendez d’eux? Connaissez-vous quoi que ce soit de l’histoire, de la culture et de la réalité des gens que vous rencontrez? Vous souciez-vous de leur sort?
Les relations demandent du temps, des efforts et une volonté d’écouter, de part et d’autre. Tentez de comprendre la dynamique du pouvoir en jeu et efforcez-vous d’adopter le point de vue des Autochtones avec qui vous établissez cette relation. Incorporez des façons autochtones de penser et de faire.
Le respect
Au fondement de tout cela, il y a le respect. Pensez à ce que cela signifie que d’être respectueux en tant que personne, que nation, qu’entreprise, qu’organisation. Est-ce respectueux de donner à une équipe sportive un nom ou une mascotte stéréotypiques? De s’habiller en « Indien »? Est-ce respectueux de pratiquer l’appropriation culturelle, de faire fi des droits inhérents des peuples autochtones ou de refuser aux Autochtones les droits fondamentaux reconnus à tous les autres Canadiens?
Étant donné l’histoire coloniale troublante du Canada et la violation de tant de promesses et d’engagements au fil des décennies – au niveau personnel comme au niveau parlementaire –, comment vous, votre employeur et votre gouvernement pourriez vous favoriser et démontrer un réel respect pour les partenaires, communautés et personnes autochtones?