Ă€ la demande du ministre de la SantĂ© et des Soins de longue durĂ©e de l’Ontario, l’honorable Stephen Goudge, c.r. ancien juge de la Cour d’appel de l’Ontario, a effectuĂ© un examen du rĂ©gime judiciaire de l’Ontario en ce qu’il a trait aux affaires de responsabilitĂ© mĂ©dicale. Il devait trouver des moyens de rĂ©duire les coĂ»ts gĂ©nĂ©rĂ©s par ces dossiers et d’accroĂ®tre l’efficience. Il devait en outre Ă©laborer des recommandations visant Ă rationaliser la procĂ©dure de traitement des plaintes dĂ©posĂ©es contre les mĂ©decins en Ontario, et Ă rĂ©duire le nombre des audiences, leur durĂ©e et leur coĂ»t.
Me Goudge a produit deux rapports qui ont rĂ©cemment Ă©tĂ© mis Ă la disposition du public par le gouvernement de l’Ontario.
Rapport au Ministère de la SantĂ© et des Soins de longue durĂ©e de l’Ontario Objet : Examen de la responsabilitĂ© mĂ©dicale
Rationalisation de la procédure de traitement des plaintes contre les médecins en Ontario
Examen de la responsabilité médicale
Dans son premier rapport, Me Goudge a conclu que les coĂ»ts de la responsabilitĂ© mĂ©dicale ont considĂ©rablement augmentĂ© au cours des dernières annĂ©es, attribuant cette hausse en grande partie Ă une augmentation des dommages-intĂ©rĂŞts versĂ©s (p. 4). Selon la conclusion de Me Goudge alors que l’augmentation du nombre des plaintes exigeant un paiement entre 1990-2015 a Ă©tĂ© relativement modeste, la somme totale des coĂ»ts en rĂ©sultant pendant la mĂŞme pĂ©riode a augmentĂ© entre 500 et 700 % (p. 11). Ce qui, a-t-il dĂ©couvert, a accru le coĂ»t de la protection contre la responsabilitĂ© mĂ©dicale.
Me Goudge a en outre dĂ©terminĂ© des prĂ©occupations lĂ©gitimes quant au dĂ©lai qui s’Ă©coule avant que les demandeurs ne soient indemnisĂ©s lorsqu’ils sont victimes d’une erreur mĂ©dicale; la durĂ©e totale moyenne du traitement d’un dossier qui atteint le stade du procès Ă©tant de 80 mois du dĂ©but Ă la fin (pp. 18 et 51).
Pour rĂ©duire les coĂ»ts des affaires de responsabilitĂ© mĂ©dicale et accroĂ®tre l’efficacitĂ© de leur traitement, Me Goudge a fait un certain nombre de recommandations connexes aux coĂ»ts des soins futurs, Ă la perte de revenus futurs, au taux d’actualisation, Ă la majoration, aux frais de gestion, Ă la subrogation, aux intĂ©rĂŞts antĂ©rieurs au jugement, aux frais de tutelle, aux demandes de rĂ©clamations dĂ©rivĂ©es, aux avantages accessoires et Ă l’amĂ©lioration de l’efficacitĂ© du système de justice civile par rapport Ă la responsabilitĂ© mĂ©dicale.
La crĂ©ation d’un comitĂ© consultatif composĂ© de juges et d’avocats chevronnĂ©s figure parmi ses principales recommandations. Ce comitĂ© collaborerait pour Ă©laborer les dĂ©tails des autres recommandations, superviser leur mise en Ĺ“uvre et suggĂ©rer des amĂ©liorations continues (p. 54).
Les autres recommandations faites par Me Goudge incluent les suivantes :
- fournir des critères explicites pour déterminer les besoins en soins futurs (p. 21);
- crĂ©er une entitĂ© gouvernementale chargĂ©e de dĂ©tenir et d’administrer les fonds destinĂ©s aux règlements Ă©chelonnĂ©s (p. 26);
- adopter une approche cohĂ©rente de la doctrine du « temps perdu » (p. 33);
- dans la mesure du possible, faire appel à des juges spécialisés dans les affaires de responsabilité médicale (p. 52);
- amĂ©liorer la gestion d’instance dans les affaires de responsabilitĂ© mĂ©dicale au moyen d’un protocole normalisĂ© (p. 52).
Plaintes déposées contre les médecins
Dans son second rapport, Me Goudge a fourni un contexte et un historique complets de la procĂ©dure actuelle de traitement des plaintes en Ontario avant de discuter ses recommandations visant Ă en amĂ©liorer l’efficacitĂ© et la rentabilitĂ©.
Commençant par l’Ă©tape de l’enquĂŞte, Me Goudge a tout d’abord soulignĂ© qu’Ă son avis il n’est pas dans l’intĂ©rĂŞt du public de rechercher l’efficacitĂ© dans la tentative de rĂ©duction du nombre de plaintes dĂ©posĂ©es (p. 19). Il pense qu’un trop grand nombre de plaintes et d’enquĂŞtes restent trop longtemps dans le système (p. 20).
Me Goudge a comparĂ© le système ontarien avec celui de l’Alberta. Il a remarquĂ© que dans cette dernière, 30 % de toutes les plaintes sont rĂ©glĂ©es dans les 15 jours, alors qu’en Ontario le dĂ©lai moyen de règlement de 25 % des dossiers qui sont rĂ©glĂ©s le plus rapidement est de 97 jours (pp. 29-30). Il a Ă©galement constatĂ© que, malgrĂ© l’exigence du paragraphe 28(1) de la Loi de 1991 sur les professions de la santĂ© rĂ©glementĂ©es, selon lequel le ComitĂ© des enquĂŞtes, des plaintes et des rapports (CEPR) doit rĂ©gler les plaintes dans les 150 jours de leur dĂ©pĂ´t, la durĂ©e mĂ©diane se situe actuellement Ă 200 jours (p. 22).
Selon la première recommandation de Me Goudge, il faut accorder la compĂ©tence nĂ©cessaire au registrateur ou, comme en Alberta, crĂ©er un nouveau poste de directeur des plaintes, pour approuver le retrait d’une plainte ou rejeter une plainte dès son dĂ©pĂ´t lorsqu’il n’existe aucune probabilitĂ© raisonnable que des mesures soient nĂ©cessaires (p. 70).
Me Goudge a en outre recommandĂ© la crĂ©ation d’un poste de reprĂ©sentant des patients qui communiquera immĂ©diatement avec le plaignant, examinera et clarifiera la « vraie nature » de la plainte (p. 70). Il espère ainsi que le reprĂ©sentant des patients pourra, dans certains cas, convaincre le plaignant qu’il pourrait retirer sa plainte, ou le cas Ă©chĂ©ant, que sa plainte excède les limites de la compĂ©tence du CEPR (pp. 70 et 71).
Enfin, Me Goudge a recommandĂ© la crĂ©ation d’une procĂ©dure de règlement des diffĂ©rends qui comporterait un certain nombre d’Ă©lĂ©ments, dont l’octroi Ă l’enquĂŞteur de l’Ordre des mĂ©decins et chirurgiens de l’Ontario de la compĂ©tence nĂ©cessaire pour entamer la procĂ©dure le cas Ă©chĂ©ant, et le fait que l’accord du plaignant ne devrait pas ĂŞtre une condition prĂ©alable Ă la rĂ©solution (p. 71).
Conclusion
Me Goudge a proposĂ© un grand nombre de recommandations qui, il l’espère, aideront Ă asseoir la viabilitĂ© Ă long terme du rĂ©gime de responsabilitĂ© mĂ©dicale en Ontario et Ă rationaliser la procĂ©dure de dĂ©pĂ´t de plainte contre les mĂ©decins.
Seul le temps nous dira lesquelles de ces recommandations seront mises en Ĺ“uvre et les rĂ©percussions qu’elles auront sur le rĂ©gime actuel de l’Ontario et possiblement ailleurs au Canada.
Michael Waite est avocat et Sarah Barker Ă©tait stagiaire dans le cabinet Carbert Waite Ă Calgary