Les membres de la profession juridique en quĂŞte d’Ă©quitĂ© ont laissĂ© leur marque dans le rapport final du projet de l’ABC Avenirs en droit, publiĂ© en aoĂ»t dernier. Celui-ci recommande de favoriser la diversitĂ© dans notre profession par divers mĂ©canismes.
- Le respect par les cabinets juridiques de principes de diversité conformes aux exigences juridiques et déontologiques.
- La collecte et la publication systĂ©matiques des donnĂ©es qualitatives et quantitatives sur la composition dĂ©mographique de tous les fournisseurs de services juridiques ainsi que des cohortes d’Ă©tudiants qui commencent ou terminent leurs Ă©tudes en droit
- L’expansion des critères d’admission aux facultĂ©s de droit pour tenir compte de facteurs comme l’expĂ©rience de vie des candidats.
- L’obligation, pour les barreaux, de pourvoir des sièges Ă leur conseil d’administration par un processus de nomination conçu pour combler les lacunes sur le plan de l’expĂ©rience, des compĂ©tences et de la diversitĂ©.
On constate dĂ©jĂ des progrès sur ces points. Par exemple, la recommandation sur la nomination des administrateurs des barreaux est en train d’ĂŞtre mise en Ĺ“uvre au Manitoba, oĂą le gouvernement provincial a prĂ©sentĂ© des modifications Ă la Loi sur la profession d’avocat.
Entre autres, le projet de loi 19 viendrait modifier la composition de l’organe dirigeant de la SociĂ©tĂ© du Barreau pour mieux en reprĂ©senter la diversitĂ© des membres.
La prĂ©sidente sortante de la sociĂ©tĂ© du barreau, Karen Clearwater, explique dans le numĂ©ro de mai 2015 de CommuniquĂ© 2.0 que les conseillers du barreau ont Ă©tudiĂ© la manière de combler les lacunes du corps dirigeant sur le plan de la diversitĂ©, des compĂ©tences, de l’expĂ©rience, du sexe et de la culture. Leur solution comporte deux volets :
- Nommer davantage de non-juristes Ă la table du conseil.
- Pallier les lacunes au chapitre de l’expĂ©rience et des compĂ©tences par un amalgame de conseillers Ă©lus et nommĂ©s.
Les dispositions du projet de loi 19 suivent ce raisonnement : le nombre de non-juristes passerait de quatre Ă six, tandis qu’il y aurait moins de conseillers Ă©lus pour reprĂ©senter les rĂ©gions. Mais surtout, suivant les recommandations du rapport Avenirs en droit, quatre sièges non Ă©lus additionnels seraient Ă pourvoir par les conseillers eux-mĂŞmes au moyen d’un nouveau processus de nomination prenant en compte des critères qu’ils auront Ă©tablis, tels que le « besoin d’une reprĂ©sentation reflĂ©tant la diversitĂ© sur le plan des rĂ©gions, des groupes dĂ©mographiques, des catĂ©gories d’exercice professionnel et des compĂ©tences d’ordre professionnel ou en matière de leadership ou d’administration ».
Un dispositif semblable est dĂ©jĂ en place en Nouvelle-Écosse, oĂą la Nova Scotia Barristers’ Society rĂ©serve trois postes de membre sans affectation particulière afin de combler les lacunes dĂ©mographiques au sein de son conseil en trait au sexe ou Ă l’orientation sexuelle, Ă la reprĂ©sentation gĂ©ographique, Ă la race, et aux domaines et lieux d’exercice.
Également Ă l’avant-garde en matière d’autorĂ©glementation, le barreau nĂ©o-Ă©cossais, comme ses Ă©quivalents de l’Alberta, de l’Ontario et du Manitoba, cherche Ă augmenter la portĂ©e et la proactivitĂ© de ses règlements assurant la conduite Ă©thique des avocats. Il obĂ©it Ă son objectif de promouvoir la diversitĂ©, l’inclusion, la vraie Ă©galitĂ© et la non-discrimination dans la prestation des services juridiques et le système judiciaire. Son approche d’autorĂ©glementation sera sans doute porteuse de progrès vers une profession plus diverse et Ă©quitable, tout en servant de modèle dans les autres provinces et territoires.
Les membres du projet de l’ABC Avenirs en droit, dans les plans d’avenir qu’ils Ă©tablissent, reconnaissent que la profession juridique doit se diversifier pour mieux reflĂ©ter la population qu’elle sert – et que les seules forces du marchĂ© ne peuvent en Ă©branler le caractère jusqu’ici homogène. La rĂ©forme ne pourra atteindre son plein potentiel sans la mĂ©tamorphose de l’essence mĂŞme de la profession, et cette diversification fondamentale n’aura pas lieu tant que nous ne changerons pas notre manière d’Ă©duquer, de former et de rĂ©glementer les avocats. Pourrons-nous compter sur votre aide?