Différends entre des entreprises canadiennes et des parties étrangères
Les différends entre des plaideurs étrangers et des entreprises canadiennes ont une incidence rapide et importante sur les éléments suivants :
- l’adoption par les entreprises canadiennes des principes de l’EDP;
- les conseils juridiques concernant les opérations internationales;
- la sensibilisation accrue Ă la capacitĂ© des collectivitĂ©s touchĂ©es Ă l’Ă©tranger d’intenter des poursuites.
Les diffĂ©rends juridiques entre des plaideurs Ă©trangers et des entreprises canadiennes dĂ©coulent tous d’allĂ©gations selon lesquelles une entreprise canadienne est directement ou indirectement responsable de violations des droits de la personne Ă l’Ă©tranger.
Quatre causes principales ont été intentées par des plaideurs étrangers contre des entreprises canadiennes :
- Choc v. Hudbay Minerals Inc. (soumise Ă procès sur le fond après l’Ă©chec de la requĂŞte en radiation Ă la Cour supĂ©rieure de l’Ontario)
- Araya et al. c. Nevsun Resources (rĂ©glĂ©e en 2019 après l’Ă©chec de la requĂŞte en radiation de la sociĂ©tĂ© Ă la Cour suprĂŞme de la Colombie-Britannique, Ă la Cour d’appel de la Colombie-Britannique et Ă la Cour suprĂŞme du Canada)
- Garcia v. Tahoe Resources Inc. (rĂ©glĂ©e en 2020 après l’Ă©chec de la requĂŞte en radiation de la sociĂ©tĂ© Ă la Cour suprĂŞme de la Colombie-Britannique et Ă la Cour d’appel de la Colombie-Britannique)
- Das v. Weston (catastrophe de Rana Plaza et Loblaws, poursuite rejetĂ©e après requĂŞte en radiation accueillie Ă la Cour supĂ©rieure de l’Ontario et Ă la Cour d’appel de l’Ontario)
Ces affaires ont produit un fond de jurisprudence soulignant que les entreprises canadiennes peuvent être tenues responsables des violations des droits de la personne liées à leurs activités internationales.
MĂŞme si les entreprises peuvent croire qu’elles ont des arguments Ă faire valoir sur le fond, d’autres facteurs peuvent influer sur les dĂ©cisions quant Ă savoir si une entreprise souhaite s’engager dans une bataille judiciaire publique avec des plaideurs Ă©trangers, notamment les facteurs suivants :
- DĂ©fis liĂ©s Ă la poursuite des activitĂ©s Ă l’Ă©tranger : Dans le cas des entreprises qui exerceraient encore leurs activitĂ©s dans le territoire oĂą le diffĂ©rend a Ă©tĂ© soulevĂ©, le fait de compter sur le soutien des intervenants locaux tout en les contestant devant un tribunal Ă©tranger peut rendre les activitĂ©s de l’entreprise plus difficiles. Il est essentiel que les entreprises qui souhaitent poursuivre leurs activitĂ©s Ă l’Ă©tranger renforcent leur capital de sympathie.
- Atteinte Ă la rĂ©putation : Les entreprises voudront peut-ĂŞtre mettre la question derrière elles pour minimiser les dommages Ă leur rĂ©putation et tout contrecoup Ă©ventuel. Un aspect clĂ© du litige en matière d’EBP est que la violation des droits de la personne n’est souvent pas contestĂ©e. La question est plutĂ´t de dĂ©terminer si une entreprise doit ĂŞtre tenue lĂ©galement responsable de cette violation des droits de la personne. Une entreprise qui gagne en justice peut tout de mĂŞme perdre sur le marchĂ©. Le consommateur moyen est plus susceptible de se rappeler qu’une marque particulière est associĂ©e Ă un certain Ă©vĂ©nement Ă l’Ă©tranger, plus que le fait que la relation entre l’entreprise et la personne lĂ©sĂ©e n’Ă©tait pas suffisamment directe pour justifier une responsabilitĂ©. L’existence d’un litige, Ă elle seule, peut irrĂ©mĂ©diablement nuire Ă la rĂ©putation d’une entreprise
i) Mécanismes non judiciaires de règlement des différends
Bien que les mĂ©canismes judiciaires demeurent au cĹ“ur de la rĂ©paration, le principe directeur 27 des PDNU identifie les mĂ©canismes non judiciaires comme des tribunes essentielles et complĂ©mentaires pour traiter les diffĂ©rends en matière de droits de la personne. Ensemble, les mĂ©canismes judiciaires et non judiciaires forment un système complet et mutuellement complĂ©mentaire pour les processus de recours basĂ©s sur l’État.
Les mĂ©canismes Ă©tatiques de règlement non judiciaire des diffĂ©rends Ă©tablis par le Canada visent Ă faciliter le règlement des diffĂ©rends entre des entreprises canadiennes et des personnes ou des collectivitĂ©s Ă l’Ă©tranger allĂ©guant des violations des droits de la personne liĂ©es Ă ces entreprises.
- L’OCRE est Ă©tabli pour recevoir et examiner des allĂ©gations de violation des droits de la personne dĂ©coulant des activitĂ©s Ă l’Ă©tranger de sociĂ©tĂ©s canadiennes Ĺ“uvrant dans le secteur du vĂŞtement et dans les secteurs minier, pĂ©trolier et gazier.
- Le Canada dispose d’un point de contact national pour le règlement des diffĂ©rends liĂ©s aux Principes directeurs de l’OCDE Ă l’intention des entreprises multinationales, des normes clĂ©s Ă©tablies par l’OCDE qui, depuis 2011, intègrent les PDNU.
- Le conseiller-mĂ©diateur en matière de conformitĂ© (CAO) de la Banque mondiale est un mĂ©canisme multilatĂ©ral de règlement des diffĂ©rends qui s’applique aux sociĂ©tĂ©s canadiennes qui reçoivent un soutien financier ou de souscription par l’entremise de la Banque mondiale, soit de la SociĂ©tĂ© financière internationale (SFI) ou de l’Agence multilatĂ©rale de garantie des investissements (AMGI). Le CAO a pour mandat de recevoir les plaintes de parties externes touchĂ©es par des projets financĂ©s par la SFI ou l’AMGI et de mener des enquĂŞtes sur les violations prĂ©sumĂ©es des Normes de performance de la SFI.
Ces processus sont tous basĂ©s dans les pays d’origine et non dans les pays hĂ´tes. Ils exigent que les participants se conforment Ă certaines exigences procĂ©durales, ce qui peut ĂŞtre coĂ»teux et chronophage. Ce ne sont pas tous les individus ou tous les groupes qui, selon les PDNU, devraient pouvoir demander un recours qui pourront avoir accès Ă ces processus ou y participer. C’est pourquoi des mĂ©canismes efficaces de règlement des rĂ©clamations au palier opĂ©rationnel, abordĂ©s Ă la partie II, sont si importants.