Initiatives législatives et de politiques canadiennes
Le gouvernement du Canada se prĂ©occupe de questions d’EDP liĂ©es aux activitĂ©s des sociĂ©tĂ©s canadiennes actives Ă l’Ă©tranger. L’approche du Canada Ă l’Ă©gard des entreprises et des droits de la personne Ă©volue rapidement, reflĂ©tant les dĂ©veloppements Ă l’Ă©chelle nationale et internationale.
L’approche du Canada en matière d’EDP repose sur une combinaison de lois et de politiques. Le gouvernement du Canada n’a pas encore publiĂ© de plan d’action national sur l’EDP. Une grande part des politiques gouvernementales dans ce domaine ont portĂ© sur l’industrie extractive canadienne. Cette attention s’est rĂ©cemment Ă©largie aux industries du vĂŞtement et du textile, ainsi qu’Ă tous les secteurs de l’Ă©conomie ayant des activitĂ©s et des chaĂ®nes d’approvisionnement internationales.
Les initiatives canadiennes ont mis l’accent sur la double responsabilitĂ© du Canada dans le cadre des PDNU : veiller Ă ce que les entreprises canadiennes respectent les droits de la personne dans l’ensemble de leurs activitĂ©s, et Ă©tablir des processus de règlement des diffĂ©rends pour remĂ©dier aux violations des droits de la personne liĂ©es aux activitĂ©s des entreprises.
Ă€ ce jour, le Canada a pris des mesures limitĂ©es pour codifier les attentes de ses politiques dans la loi. Au cours des dernières annĂ©es, des projets de loi sur les questions liĂ©es Ă l’EDP ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s Ă la Chambre des communes et au SĂ©nat. Le Canada est le premier territoire Ă nommer un ombudsman pour enquĂŞter sur les allĂ©gations de violation des droits de la personne dans le cadre des activitĂ©s d’entreprises canadiennes Ă l’Ă©tranger.
i) Conduite responsable des entreprises
Les attentes du gouvernement envers les entreprises canadiennes actives Ă l’Ă©chelle internationale sont actuellement formulĂ©es sous l’appellation « conduite responsable des entreprises » (CRE). Cette stratĂ©gie relève d’Affaires mondiales Canada.
On attend des entreprises qu’elles mènent leurs activitĂ©s de manière durable sur les plans Ă©conomique, social et environnemental, conformĂ©ment aux pratiques exemplaires mondiales Ă©noncĂ©es dans des lignes directrices reconnues Ă l’Ă©chelle internationale, notamment les PDNU.
La stratĂ©gie de CRE du Canada s’appuie sur les efforts antĂ©rieurs du gouvernement axĂ©s sur les activitĂ©s internationales du secteur canadien de l’extraction. La première StratĂ©gie de responsabilitĂ© sociale des entreprises (RSE) du gouvernement a Ă©tĂ© lancĂ©e en 2009. Cette stratĂ©gie a donnĂ© suite Ă de nombreuses recommandations formulĂ©es par les Tables rondes nationales sur la responsabilitĂ© sociale des entreprises, une sĂ©rie de consultations nationales multipartites menĂ©es par le gouvernement en rĂ©ponse Ă un rapport de 2005 intitulĂ© L’exploitation minière dans les pays en dĂ©veloppement — La responsabilitĂ© sociale des entreprises par un sous-comitĂ© du ComitĂ© permanent des affaires Ă©trangères et du commerce international de la Chambre des communes. La stratĂ©gie canadienne de RSE de 2009 a Ă©tĂ© remplacĂ©e en 2014 par une stratĂ©gie de RSE « enrichie » : Le modèle d’affaires canadien : StratĂ©gie de promotion de la responsabilitĂ© sociale des entreprises pour les sociĂ©tĂ©s extractives canadiennes prĂ©sentes Ă l’Ă©tranger. La stratĂ©gie de CRE du gouvernement est en cours d’examen Ă l’heure actuelle. Une rĂ©cente consultation publique sur ces questions s’est terminĂ©e en octobre 2020.
La stratĂ©gie de CRE du Canada rapproche la promotion des intĂ©rĂŞts commerciaux par le gouvernement Ă l’intention des entreprises actives Ă l’Ă©tranger Ă la question de savoir si ces entreprises respectent ou surpassent les normes reconnues Ă l’Ă©chelle internationale, y compris les PDNU.
Dans le cadre de la stratégie, le gouvernement peut retirer son soutien lié au commerce si :
- une entreprise ne respecte pas les normes;
- une entreprise refuse de participer à des processus non judiciaires de règlement des différends, dont il est question dans la section Différends ci-dessous.
De plus, le soutien gouvernemental liĂ© au commerce peut ĂŞtre refusĂ© Ă toute entreprise canadienne exerçant ses activitĂ©s Ă l’Ă©chelle internationale ou ayant des chaĂ®nes d’approvisionnement mondiales dans tout secteur qui ne rĂ©pond pas aux attentes ou aux exigences de CRE.
La stratĂ©gie de CRE s’appuie sur un ombudsman pour recommander des sanctions dans les cas oĂą des entreprises canadiennes ne se conforment pas aux attentes de la CRE.
Ombudsman canadien de la responsabilité des entreprises
En avril 2019, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a nommĂ© un ombudsman canadien de la responsabilitĂ© des entreprises (OCRE). Le mandat de l’OCRE consiste Ă enquĂŞter sur les allĂ©gations de violation des droits de la personne associĂ©es Ă des sociĂ©tĂ©s canadiennes actives Ă l’Ă©tranger, au moyen d’une recherche de faits indĂ©pendante et collaborative. L’OCRE a Ă©galement pour mandat de formuler des recommandations pour rĂ©gler les diffĂ©rends. Ces recommandations peuvent ĂŞtre transmises aux parties au litige ou au gouvernement fĂ©dĂ©ral. Par exemple, si une entreprise canadienne n’agit pas de bonne foi pendant le processus d’examen, l’ombudsman peut recommander au ministre de prendre des mesures commerciales, y compris le retrait de l’aide Ă la dĂ©fense des intĂ©rĂŞts et la cessation du soutien financier futur d’Exportation et dĂ©veloppement Canada. L’OCRE est Ă©galement chargĂ© de surveiller la mise en Ĺ“uvre des recommandations.
Les procĂ©dures opĂ©rationnelles de l’OCRE peuvent ĂŞtre consultĂ©es sur le site Web de l’OCRE.
Le travail de l’OCRE s’inscrit dans l’initiative du Canada visant Ă offrir un accès Ă©tatique non judiciaire aux recours en vertu du principe gĂ©nĂ©ral 3 des PDNU. Toutefois, comme son prĂ©dĂ©cesseur le conseiller en RSE, il n’a pas encore jouĂ© un rĂ´le actif dans le règlement de diffĂ©rends entre des entreprises canadiennes et des victimes de violations des droits.
Groupe consultatif multipartite sur la conduite responsable des entreprises
Un Groupe consultatif multipartite sur la conduite responsable des entreprises (GCMCRE) a Ă©tĂ© instituĂ© en parallèle de l’OCRE afin d’Ă©laborer davantage la stratĂ©gie de CRE du Canada et de formuler des recommandations au gouvernement. Le GCMCRE est composĂ© de membres de l’industrie, d’organisations non gouvernementales et du milieu universitaire. En juillet 2019, les reprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile et des syndicats siĂ©geant au GCMCRE ont dĂ©missionnĂ©, invoquant une perte de confiance dans l’engagement du gouvernement envers la responsabilitĂ© des entreprises Ă l’Ă©tranger. Le GCMCRE n’a pas repris ses travaux depuis.
ii) Mise en œuvre canadienne du Traité sur le commerce des armes des Nations Unies
Les entreprises canadiennes qui font du commerce international de produits ou de technologies de dĂ©fense, directement ou indirectement, sont assujetties Ă des contrĂ´les Ă l’exportation afin d’aider Ă se prĂ©munir contre les incidences nĂ©gatives graves sur les droits de la personne des flux transfrontaliers illicites d’armes. Le Canada est devenu un État partie au TraitĂ© sur le commerce des armes (TCA) des Nations Unies. En 2018, le Canada a adoptĂ© une loi modifiant la Loi sur les licences d’exportation et d’importation (L.C. 2018, ch. 26) afin de respecter ses obligations au titre du TCA. Il s’agit de la première loi canadienne qui intègre expressĂ©ment des facteurs liĂ©s aux droits de la personne, Ă la paix et Ă la sĂ©curitĂ© et au dĂ©veloppement dans le cadre de contrĂ´le des importations et des exportations du Canada.
Un Ă©lĂ©ment fondamental de l’engagement du Canada en vertu du TCA consiste Ă s’assurer que les permis d’exportation ne sont pas accordĂ©s lorsqu’il existe un « risque sĂ©rieux » que l’octroi de permis contribue Ă :
- porter atteinte à la paix et la sécurité;
- une violation grave du droit international humanitaire ou des droits de la personne;
- une infraction aux conventions ou protocoles internationaux relatifs au terrorisme ou à la criminalité transnationale auxquels le Canada est partie;
- des actes graves de violence fondée sur le sexe ou envers les femmes et les enfants
Lorsqu’un « risque prĂ©pondĂ©rant » d’incidences nĂ©gatives sur les droits de la personne ne peut ĂŞtre attĂ©nuĂ©, le ministre des Affaires mondiales doit rejeter la demande de permis.
iii) Initiative d’approvisionnement en vĂŞtements; politique sur les droits de la personne d’EDC
Le gouvernement du Canada a pris des mesures et en envisage de nouvelles afin d’intĂ©grer ses attentes en matière d’EDP aux politiques fĂ©dĂ©rales en matière d’approvisionnement et aux processus dĂ©cisionnels des organismes gouvernementaux, plus prĂ©cisĂ©ment l’organisme de crĂ©dit Ă l’exportation du Canada, Exportation et dĂ©veloppement Canada (EDC).
Initiative d’achat de vĂŞtements
L’initiative d’achat de vĂŞtements du gouvernement est une exigence d’autoattestation pour l’approvisionnement fĂ©dĂ©ral en vĂŞtements et en textiles. La Politique du Canada sur l’achat Ă©thique en vĂŞtements appuie l’approvisionnement Ă©thique dans l’ensemble des chaĂ®nes d’approvisionnement du Canada.
Depuis septembre 2018, les fournisseurs qui passent des marchĂ©s avec le gouvernement canadien doivent attester qu’eux-mĂŞmes et leurs fournisseurs directs canadiens et Ă©trangers adhèrent Ă huit droits fondamentaux de la personne et du travail prĂ©vus dans les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) qui lient les États membres. Ces droits comprennent l’absence de travail des enfants, de travail forcĂ©, de mauvais traitements et de harcèlement, de discrimination, l’accès Ă des salaires Ă©quitables et Ă des conditions de travail sĂ©curitaires, ainsi que la libertĂ© d’association et de nĂ©gociation collective. Depuis le lancement de cette politique en 2018, tous les nouveaux contrats d’achat de vĂŞtements conclus avec le gouvernement du Canada comprennent l’attestation d’approvisionnement Ă©thique.
EDC – Politique sur les droits de la personne
EDC a mis en place une Politique sur les droits de la personne autonome en vigueur depuis le 1er mai 2019, appuyĂ©e par son Cadre de diligence raisonnable : Droits de la personne, qui Ă©nonce l’approche d’EDC pour cerner et attĂ©nuer les incidences des activitĂ©s de ses clients sur les droits de la personne.
La politique d’EDC l’engage Ă faire « tout en son pouvoir pour dĂ©celer, prĂ©venir et attĂ©nuer les atteintes potentielles aux droits de la personne dans le cadre de ses relations avec ses clients ». L’organisme s’efforcera Ă©galement d’accroĂ®tre ses pressions s’il ne peut pas influencer les entreprises pour prĂ©venir et attĂ©nuer les incidences nĂ©gatives sur les droits de la personne.
La politique d’EDC ne subordonne pas l’octroi d’un soutien financier Ă l’adhĂ©sion des entreprises aux PDNU ou Ă leur coopĂ©ration avec l’OCRE. Toutefois, EDC encouragera les entreprises Ă collaborer avec le point de contact national (PCN) pour le règlement des diffĂ©rends liĂ©s aux Principes directeurs de l’OCDE Ă l’intention des entreprises multinationales. Pour en savoir plus sur le PCN, consultez la Section sur les mĂ©canismes de règlement des diffĂ©rends non judiciaires) et l’OCRE. EDC prendra elle-mĂŞme des mesures raisonnables pour collaborer Ă ces processus non judiciaires de règlement des griefs. De plus, en dĂ©cembre 2020, l’Ă©quipe de direction d’EDC a approuvĂ© ses Principes en matière d’influence et de rĂ©paration qui, entre autres, Ă©tablissent un lien explicite entre les considĂ©rations relatives aux droits de la personne et le processus dĂ©cisionnel d’EDC sur les transactions, les relations et les projets qu’elle acceptera.
Depuis 2007, EDC est Ă©galement signataire des Principes de l’Équateur, une rĂ©fĂ©rence internationale du secteur financier pour dĂ©terminer, Ă©valuer et gĂ©rer les risques environnementaux et sociaux associĂ©s au financement de projets, conformĂ©ment aux normes de performance de la SociĂ©tĂ© financière internationale (SFI) en matière de durabilitĂ© sociale et environnementale. La plus rĂ©cente version des principes de l’Équateur — PE4 — exige que les signataires effectuent des Ă©valuations des incidences sur les droits de la personne pour chaque projet financĂ© conformĂ©ment aux PDNU, peu importe si le risque justifie ou non une Ă©valuation complète des incidences environnementales et sociales.