La semaine dernière, la Cour suprĂŞme de la Colombie-Britannique a accordĂ© une injonction (disponible uniquement en anglais) exemptant temporairement les professionnels du droit de l’application des nouvelles règles de divulgation obligatoire de la Loi de l’impĂ´t sur le revenu qui Ă©tendent le nombre de transactions commerciales devant ĂŞtre dĂ©clarĂ©es Ă l’Agence du revenu du Canada (ARC).
La Cour a jugĂ© que la prĂ©pondĂ©rance des inconvĂ©nients favorisait l’octroi d’une telle injonction, en attendant la dĂ©cision sur une demande de la FĂ©dĂ©ration des ordres professionnels de juristes du Canada contestant la constitutionnalitĂ© des articles 237.3 et 237.4 de la Loi de l’impĂ´t sur le revenu. La FĂ©dĂ©ration cherche Ă obtenir une dĂ©claration selon laquelle ces articles sont inopĂ©rants Ă l’Ă©gard des professionnels du droit au motif qu’ils enfreignent les articles 7 et 8 de la Charte canadienne des droits et libertĂ©s. Ă€ ce titre, la FĂ©dĂ©ration soutient qu’elles portent atteinte Ă l’obligation des conseillers juridiques de se dĂ©vouer Ă la cause de leurs clients.
Les dispositions contestĂ©es sont entrĂ©es en vigueur le 22 juin, crĂ©ant une nouvelle catĂ©gorie d’« opĂ©rations Ă signifier », dĂ©finies dans un document d’orientation du gouvernement comme « les opĂ©rations que l’Agence a jugĂ©es abusives et les opĂ©rations dĂ©signĂ©es comme des opĂ©rations dignes d’attention (c’est-Ă -dire, lorsque plus de renseignements sont requis pour dĂ©terminer si une transaction est abusive) ».
L’Association du Barreau canadien demande l’autorisation d’intervenir dans cette affaire.
Dans les motifs de son jugement, la Cour suprĂŞme de la Colombie-Britannique a estimĂ© que la FĂ©dĂ©ration satisfaisait aux critères juridiques pour l’octroi d’une injonction, en particulier qu’un prĂ©judice irrĂ©parable en rĂ©sulterait autrement.
La Cour a relevĂ© deux raisons Ă cela. D’une part, les clients subiraient un prĂ©judice irrĂ©versible du fait de la violation du secret professionnel si les dispositions contestĂ©es Ă©taient ultĂ©rieurement jugĂ©es inconstitutionnelles. D’autre part, l’anticipation d’un tel scĂ©nario dissuaderait les clients de consulter librement leurs conseillers juridiques jusqu’Ă ce qu’une dĂ©cision dĂ©finitive soit rendue sur le recours constitutionnel.
La Cour a Ă©galement donnĂ© raison Ă la FĂ©dĂ©ration qui estimait que la communication d’informations confidentielles et privilĂ©giĂ©es, conformĂ©ment Ă une lĂ©gislation potentiellement inconstitutionnelle, [traduction] « porterait irrĂ©mĂ©diablement atteinte Ă la relation avocat-client et Ă l’intĂ©rĂŞt public en sapant la confiance du public dans un barreau indĂ©pendant ».
La Cour a jugĂ© que le gouvernement n’avait pas dĂ©montrĂ© l’urgence d’Ă©tendre le champ d’application des obligations de dĂ©claration pour rendre obligatoire la divulgation par les professionnels du droit.