La Section du droit des affaires, la Section du droit de la vie privĂ©e et de l’accès Ă l’information ainsi que l’Équipe anticorruption de l’Association du Barreau canadien appuient les efforts du gouvernement pour lutter contre la criminalitĂ© financière, affirment-elles dans une lettre au PrĂ©sident du ComitĂ© permanent de l’industrie et de la technologie de la Chambre des communes Ă propos du projet de loi C-42. Cependant elles insistent pour que cette lutte se fasse dans le respect du droit Ă la vie privĂ©e et de la confidentialitĂ© des renseignements personnels.
Le problème concerne en particulier l’accès public au registre sur la propriĂ©tĂ© effective.
« Nous reconnaissons que le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constituent une grave menace pour l’intĂ©gritĂ© de l’Ă©conomie du pays et la sĂ©curitĂ© de sa population » lit-on dans la lettre. Un registre sur la propriĂ©tĂ© effective aide Ă assurer l’exactitude des donnĂ©es, ce qui est utile pour dĂ©tecter l’utilisation de structures sociĂ©taires Ă des fins de criminalitĂ© financière. Mais dans la forme actuelle du projet de loi, le registre serait disponible au grand public, ce qui risque de porter une atteinte disproportionnĂ©e aux droits Ă la vie privĂ©e et Ă la sĂ©curitĂ© personnelle protĂ©gĂ©s par la Charte canadienne des droits et libertĂ©s.
« Certes, la divulgation publique d’information additionnelle sur les entreprises pourrait prĂ©venir la corruption, le blanchiment d’argent et nuire aux tentatives d’utiliser de fausses structures sociĂ©taires Ă des fins criminelles, Ă©crivent les sections. Cependant, elle pourrait aussi mener Ă une hausse des vols d’identitĂ© (comme on l’a rĂ©cemment constatĂ© avec les stratagèmes frauduleux pour obtenir l’aide gouvernementale liĂ©e Ă la COVID-19) et donc aller Ă l’encontre de l’objectif antifraude du registre. »
Il existe des moyens de maintenir un Ă©quilibre entre l’intĂ©rĂŞt public et la protection du droit Ă la vie privĂ©e, indique le mĂ©moire de l’ABC, par exemple comme cela se fait en Europe. La plus rĂ©cente directive du Parlement europĂ©en Ă ce sujet, qui date de mai dernier, rĂ©serve accès au registre aux personnes motivĂ©es par un « intĂ©rĂŞt lĂ©gitime » comme les journalistes, chercheurs et organisations de la sociĂ©tĂ© civile.
L’ABC exhorte le gouvernement canadien Ă revoir le projet de loi C-42 pour assurer un meilleur Ă©quilibre entre la lutte contre la criminalitĂ© financière et la protection de la vie privĂ©e et des renseignements de nature personnelle.