Dans une lettre (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) adressĂ©e Ă l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), la Section Taxe Ă la consommation, douanes et commerce de l’ABC offre des commentaires sur le règlement proposĂ© pour modifier le Règlement sur la dĂ©termination de la valeur en douane. Celui-ci a Ă©tĂ© publiĂ© pour une sĂ©rie de raisons, notamment pour assurer l’harmonisation du cadre lĂ©gislatif et rĂ©glementaire existant avec les obligations internationales du Canada, protĂ©ger la capacitĂ© des importateurs canadiens de soutenir la concurrence de manière Ă©gale avec les importateurs non-rĂ©sidents, amĂ©liorer la certitude et la prĂ©visibilitĂ© pour la communautĂ© des importateurs et permettre Ă l’ASFC de percevoir le montant exact des revenus provenant des droits.
Le problème que soulève la section, c’est que le règlement manque ces objectifs.
En particulier, la lettre met le point sur le fait que « le règlement proposĂ© s’oppose aux obligations internationales du Canada, notamment l’article 1 de l’Accord sur la mise en Ĺ“uvre de l’article VI de l’Accord gĂ©nĂ©ral sur les tarifs douaniers et le commerce de 1994 (Accord de l’OMC sur l’Ă©valuation en douane) ». Cet article stipule que la valeur des marchandises importĂ©es est le prix effectivement payĂ© ou Ă payer lorsque les marchandises sont vendues pour l’exportation.
Le règlement dĂ©rogerait de la politique dĂ©clarĂ©e sur ce qui constitue la « dernière vente » de marchandises importĂ©es Ă des fins douanières, en Ă©loignant la base de l’Ă©valuation douanière de la dernière vente ayant eu lieu avant l’introduction des marchandises au Canada, et ne prendra en compte que les transactions nationales entre entitĂ©s canadiennes se produisent après l’importation des marchandises.
Cela n’est pas conforme aux règlements douaniers des principaux partenaires commerciaux du Canada. Les directives de l’Union europĂ©enne sur la notion de « dernière vente » exigent que la valeur de la transaction soit basĂ©e sur une vente rĂ©elle et lĂ©gale des marchandises ayant lieu immĂ©diatement avant l’introduction des marchandises dans le pays, et non sur une sorte d’accord ou d’arrangement concernant une vente future qui n’existe pas encore, ou qui n’est pas lĂ©galement obligatoire, au moment de l’importation.
Élimination du rôle des distributeurs canadiens
Selon la section, le règlement proposĂ© va bien au-delĂ de l’Ă©galisation des conditions de concurrence entre les importateurs canadiens et les importateurs non-rĂ©sidents (INR). « Ce règlement forcera les distributeurs canadiens qui rĂ©sident au Canada, ou ceux qui y ont une prĂ©sence importante (c’est-Ă -dire les “acheteurs au Canada” existant) Ă payer des droits plus Ă©levĂ©s sur les marchandises qu’ils importent au Canada pour les vendre sur le marchĂ© canadien, dans les cas oĂą le distributeur n’importe pas et n’entrepose pas les marchandises avec une possibilitĂ© infime de vente. »
Le règlement proposĂ© s’appliquerait Ă©galement aux dĂ©taillants canadiens qui importent des marchandises pour les vendre en ligne Ă des consommateurs canadiens. Cela « entraĂ®nera une valeur en douane basĂ©e sur le prix Ă la consommation et engendrera l’Ă©limination du dĂ©taillant canadien, Ă©tant donnĂ© que les ventes pourraient ĂŞtre effectuĂ©es directement par le dĂ©taillant Ă©tranger (par exemple, amĂ©ricain) en profitant des règles de minimis », prĂ©vient la lettre. Elle note Ă©galement que cela entraĂ®nerait une surĂ©valuation des marchandises importĂ©es qui se traduirait par des coĂ»ts plus Ă©levĂ©s pour les consommateurs. « En outre, en augmentant le coĂ»t des marchandises importĂ©es par rapport aux marchandises similaires produites dans le pays, le projet de règlement violerait les obligations du Canada en matière de traitement national dans le cadre de l’OMC », peut-on lire dans la lettre.
La section exhorte l’ASFC Ă rĂ©viser et Ă republier le règlement proposĂ© pour examen et commentaires.