Renforcer le régime de sanctions du Canada

  • 24 mars 2023

Le projet de renforcer le rĂ©gime de sanctions du Canada pour veiller Ă  ce que les ressortissants Ă©trangers qui ont Ă©tĂ© sanctionnĂ©s ne puissent pas entrer ou rester au pays doit ĂŞtre soutenu, Ă©crit la Section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien dans une lettre au ComitĂ© permanent des affaires Ă©trangères et du dĂ©veloppement international de la Chambre des communes. Les modifications prĂ©vues par le projet de loi S-8 Ă  la Loi sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s et Ă  d’autres lois et règlements nĂ©cessitent toutefois quelques amĂ©liorations.

DĂ©finitions

La section recommande des amendements au projet de loi, en commençant par une dĂ©finition appropriĂ©e des termes « sanctions » et « entitĂ© ». La lettre fait remarquer que ces termes dĂ©terminants ne sont pas non plus dĂ©finis dans la Loi sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s ni dans le Règlement sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s.

La section suggère en outre de retirer le mot « pays » des motifs d’interdiction de territoire pour sanctions, ce terme ayant une portĂ©e trop large. Le projet de loi devrait plutĂ´t limiter les sanctions Ă  une « entitĂ© » ou une « personne » et dĂ©finir clairement la première catĂ©gorie de manière Ă  en exclure explicitement les pays et les États Ă©trangers.

« Imposer des sanctions Ă  un Ă©tranger uniquement parce qu’il est citoyen d’un pays donnĂ© (État Ă©tranger) est un mĂ©canisme trop gĂ©nĂ©ral qui pĂ©nalise injustement les personnes en fonction de leur pays de citoyennetĂ© plutĂ´t que de leurs actions ou affiliations, indique la lettre. Les Ă©trangers peuvent avoir des raisons familiales, personnelles ou Ă©conomiques de se trouver au Canada. Nous estimons qu’il est dĂ©raisonnable de les interdire de territoire uniquement en raison de leur pays de citoyennetĂ©. »

Recours

Les personnes considĂ©rĂ©es comme interdites de territoire pour sanctions devraient pouvoir compter sur un recours lĂ©gitime. Or, le projet de loi S-8 supprimerait la dispense ministĂ©rielle et empĂŞcherait les personnes faisant l’objet de sanctions d’en appeler Ă  la Section d’appel de l’immigration. Le seul moyen pour quelqu’un qui considère avoir Ă©tĂ© sanctionnĂ© Ă  tort serait d’emprunter la voie complexe et difficile du dĂ©pĂ´t d’une demande officielle de retrait de la liste ou d’attendre la levĂ©e des sanctions.

« Selon nous, Ă©crit la section, la Commission de l’immigration et du statut de rĂ©fugiĂ© (Section de l’immigration et Section d’appel de l’immigration) est la mieux placĂ©e pour Ă©valuer l’interdiction de territoire pour sanctions. Il est primordial que les personnes visĂ©es par ce type d’interdiction soient Ă©valuĂ©es de façon indĂ©pendante et impartiale. Les consĂ©quences d’une telle interdiction sont graves et fortement prĂ©judiciables. »

Demandes d’asile

Le projet de loi S-8 pourrait faire en sorte qu’il soit plus difficile pour les personnes faisant l’objet de sanctions de demander la protection au Canada en tant que demandeurs d’asile. Et cela, dĂ©clare la section, va « Ă  l’encontre de l’engagement du Canada Ă  l’Ă©gard de la Convention relative au statut des rĂ©fugiĂ©s et de sa tradition de protĂ©ger les personnes qui en ont besoin ». Le projet de loi devrait ĂŞtre modifiĂ© de manière Ă  garantir que les demandeurs d’asile puissent toujours demander une protection.