Il reste encore beaucoup Ă faire pour que les droits des francophones soient respectĂ©s au sein du système juridique canadien. VoilĂ l’essentiel du message que la Section des juristes d’expression française de common law de l’Association du Barreau canadien a adressĂ© au ComitĂ© permanent des langues officielles au sujet du projet de loi C-13, Loi visant l’Ă©galitĂ© rĂ©elle entre les langues officielles du Canada, dĂ©posĂ© Ă la Chambre des communes le 1er mars 2022.
En janvier 2022, la section avait fait part de ses prĂ©occupations concernant la modernisation de la Loi sur les langues officielles (LLO) prĂ©vue Ă l’Ă©poque dans le projet de loi C-32. Elle insistait sur l’importance d’Ă©largir et de renforcer le rĂ´le du Conseil du TrĂ©sor, de garantir l’accès Ă la justice en français en matière de faillite et d’insolvabilitĂ© et de crĂ©er l’obligation d’adopter la version française de la Constitution, entre autres.
La section « se rĂ©jouit que des modifications importantes proposĂ©es dans le projet de loi C-32 aient Ă©tĂ© prĂ©servĂ©es dans le projet de loi C-13, notamment le retrait de l’exemption de bilinguisme Ă la Cour suprĂŞme du Canada au paragraphe 16(1) de la LLO et l’enchâssement du Programme de contestation judiciaire ». Mais il reste des inquiĂ©tudes, dont certaines sont rĂ©sumĂ©es ci-dessous.
Renforcement du rôle du Conseil du Trésor
Une mesure importante pour protéger le statut de la langue française serait de transformer les attributions discrétionnaires du Conseil du Trésor en obligations. Si le projet de loi C-13 représente une avancée importante à cet égard, il maintient néanmoins toujours le pouvoir du Conseil du Trésor de déléguer ses attributions.
Le livre blanc du gouvernement promettait de confier au Conseil du TrĂ©sor l’entière responsabilitĂ© de coordonner la mise en Ĺ“uvre de la LLO, mais le projet de loi C-13 maintient son partage entre le Conseil du TrĂ©sor et le ministère du Patrimoine canadien. Or, la section est d’avis que « seul le Conseil du TrĂ©sor doit ĂŞtre chargĂ© de coordonner la mise en Ĺ“uvre de la LLO, rĂ´le qu’il doit jouer Ă l’Ă©gard de toute la loi (et non seulement une partie de celle-ci) ».
Faillite et insolvabilité
Si les citoyens ont le droit d’utiliser la langue officielle de leur choix dans les affaires relevant du Code criminel ou de la Loi sur le divorce, ce n’est pas le cas en matière de faillite et d’insolvabilitĂ©. La section a demandĂ© cette garantie plus d’une fois, mais le projet de loi C-13 ne propose aucune garantie juridique pour assurer le bilinguisme judiciaire dans ce domaine.
Juges bilingues, textes constitutionnels
La section a demandĂ© que le gouvernement s’engage Ă lĂ©gifĂ©rer un processus obligatoire d’Ă©valuation rigoureuse des compĂ©tences linguistiques des candidats et candidates Ă la magistrature. « L’accès Ă la justice en français nĂ©cessite une magistrature capable de servir toute la population dans la langue officielle de son choix », indique la lettre. Le projet de loi C-13 ne traite pourtant pas cette question.
Autre point important que le projet de loi passe sous silence : la nĂ©cessitĂ© de s’assurer que les textes constitutionnels du Canada aient force de loi en français comme en anglais. La section demande depuis longtemps au gouvernement de remplir ses obligations prĂ©vues Ă l’article 55 de la Loi constitutionnelle de 1982. « La Section de l’ABC est déçue que le projet de loi C-13 ne mentionne pas l’impasse qui existe depuis 1982 et demande que celui-ci soit modifiĂ© en consĂ©quence. »