Sous plis sĂ©parĂ©s adressĂ©s au ComitĂ© permanent des finances de la Chambre des communes et au ComitĂ© sĂ©natorial permanent des finances nationales, la Section de la taxe Ă la consommation, des douanes et du commerce de l’ABC exprime ses rĂ©serves quant Ă certaines mesures de taxation contenues dans la Loi d’exĂ©cution du budget de 2023 qui auraient un effet rĂ©troactif.
Les dispositions d’entrĂ©e en vigueur des modifications sur la TPS et la TVH modifieraient la Loi sur la taxe d’accise avec effet rĂ©troactif jusqu’au 17 dĂ©cembre 1990, ce qui Ă©tendrait la pĂ©riode de cotisation normale de quatre ans pour la TPS toutes les annĂ©es d’imposition jusqu’au 17 dĂ©cembre 1990 pour certains services d’exploitants de rĂ©seau de cartes de paiement, comme l’autorisation d’opĂ©rations, les services de compensation ou de règlement et d’autres services connexes.
« Les dispositions rĂ©troactives envisagĂ©es ont pour objet d’imposer des charges fiscales pour des opĂ©rations passĂ©es. Ce type de lĂ©gislation, en plus d’ĂŞtre injuste pour les contribuables, porte atteinte Ă la primautĂ© du droit », affirme la section.
L’enjeu est crucial, dans un contexte fiscal oĂą les tribunaux n’ont de cesse de rappeler l’importance de la prĂ©visibilitĂ©, du sentiment de certitude et de l’Ă©quitĂ©. Les contribuables doivent connaĂ®tre la loi et la respecter telle qu’elle existe au moment de leurs opĂ©rations taxables.
En ce qui concerne la TPS et la TVH, les parties fournisseuses et acheteuses sont censĂ©es connaĂ®tre les implications de la TPS de l’opĂ©ration Ă laquelle ils prennent part, car c’est Ă ce moment que se prend la dĂ©cision d’exiger la taxe et de la prĂ©lever.
« Les modifications rĂ©troactives imposant des taxes brisent ce système et contreviennent Ă la règle de droit : le comportement du contribuable se trouvera rĂ©gi par deux règles successives, Ă savoir celle en vigueur au moment de l’action, puis celle imposĂ©e ultĂ©rieurement par la lĂ©gislation rĂ©troactive », peut-on lire dans les lettres.
Allongement des périodes de cotisations révolues
En plus de ces changements, les dispositions d’entrĂ©e en vigueur confèrent Ă l’Agence du revenu du Canada le droit de rĂ©Ă©valuer les opĂ©rations commerciales conclues il y a 30 ans, mesure « normalement rĂ©servĂ©e aux cas graves de fraude et de dĂ©claration inexacte ». Cette modification contrevient Ă un principe fondamental du droit fiscal : le contribuable devrait bĂ©nĂ©ficier d’un sentiment de certitude et de limites prĂ©cises, sans ĂŞtre contraint d’archiver des documents pour des pĂ©riodes excessivement longues.
La section soutient que rien ne justifie l’application rĂ©troactive de ces modifications qui compromettent les principes de certitude, de prĂ©visibilitĂ© et d’Ă©quitĂ© du système fiscal. « Les gens devraient ĂŞtre gouvernĂ©s par des lois connues au moment de poser des actions », conclut la lettre.