La Section des juristes d’expression française de common law de l’Association du Barreau canadien rĂ©itère les inquiĂ©tudes dĂ©jĂ exprimĂ©es et y ajoute des suggestions pour amĂ©liorer le projet de loi C-13, Loi visant l’Ă©galitĂ© rĂ©elle entre les langues officielles du Canada. Les prĂ©occupations soulevĂ©es dans la lettre adressĂ©e au prĂ©sident du ComitĂ© permanent sont rĂ©sumĂ©es ci-après.
La section se rĂ©jouit de constater que le projet de loi C-13 renforce le rĂ´le du Conseil du TrĂ©sor en transformant ses pouvoirs discrĂ©tionnaires en obligations. Toutefois, l’observance de la Loi sur les langues officielles doit demeurer la responsabilitĂ© exclusive du Conseil du TrĂ©sor et ne pas ĂŞtre partagĂ©e avec le ministère du Patrimoine canadien.
L’ABC rĂ©affirme donc sa position voulant que l’accès Ă la justice en français soit garanti dans le domaine des faillites et de l’insolvabilitĂ©, celui-ci Ă©tant l’un des rĂ©gimes « mixtes » du droit canadien avec le droit criminel et le droit relatif au divorce. Dans ces deux derniers cas, l’accès Ă la justice en français est garanti dans l’ensemble du Canada, mais ce n’est pas le cas pour le domaine des faillites et de l’insolvabilitĂ©. « Ainsi, puisque les instances judiciaires instruites sous le rĂ©gime des lois en question relèvent constitutionnellement de l’ordre fĂ©dĂ©ral », peut-on lire dans la lettre, « il est essentiel qu’elles puissent se dĂ©rouler dans les deux langues officielles partout au Canada, conformĂ©ment aux paragraphes 16(1), 19(1) et 20(1) de la Charte canadienne des droits et libertĂ©s. »
De plus, la Section de l’ABC demande que le gouvernement s’engage Ă lĂ©gifĂ©rer un processus « obligatoire d’Ă©valuation rigoureuse des compĂ©tences linguistiques des candidats s’intĂ©ressant Ă devenir juge de première instance ou de cour d’appel qui ont choisi de prĂ©ciser leur niveau de capacitĂ© linguistique dans leur fiche de candidature ».
Constatant derechef que la majoritĂ© des textes constitutionnels du pays n’ont force de loi qu’en anglais, la Section de l’ABC presse une fois de plus le gouvernement d’adopter une version française officielle des textes constitutionnels du Canada, conformĂ©ment Ă l’article 55 de la Loi constitutionnelle de 1982. Dans sa lettre, la Section se dit déçue de voir que le projet de loi C-13 ne comble pas cette lacune.
De plus, le projet de loi C-13 ne prĂ©cise pas les critères d’application de l’obligation des tribunaux fĂ©dĂ©raux de publier leurs dĂ©cisions dans les deux langues officielles. « La Section de l’ABC tient donc Ă rĂ©pĂ©ter que tout comme son prĂ©dĂ©cesseur, l’article 12 du projet de loi C-13, qui modifie l’article 20 de la LLO, demeure imprĂ©cis et risque de faire reculer le statut du français au sein des cours fĂ©dĂ©rales. »