La Section du droit pĂ©nal de l’Association du Barreau canadien a exprimĂ© dans une lettre son appui gĂ©nĂ©ral au projet de loi S-212, Loi modifiant la Loi sur le casier judiciaire et d’autres lois en consĂ©quence et abrogeant un règlement. Elle a Ă©galement formulĂ© des recommandations pour en Ă©tendre la portĂ©e et interdire la divulgation des renseignements issus des donnĂ©es de non-condamnation.
Les Canadiens connaissent bien les vĂ©rifications de casier judiciaire. Ces vĂ©rifications sont nĂ©cessaires pour de nombreux emplois, pour des postes bĂ©nĂ©voles et pour une foule d’autres activitĂ©s. Avoir un casier judiciaire est souvent un obstacle Ă des activitĂ©s et des opportunitĂ©s que de nombreux Canadiens et Canadiennes tiennent pour acquis. Et c’est un problème qui touche de manière disproportionnĂ©e les personnes appartenant aux communautĂ©s marginalisĂ©es.
« La section de l’ABC souhaite voir des mĂ©thodes d’une rapiditĂ© et d’une fiabilitĂ© accrues pour ce qui est de rĂ©voquer ou de retrancher du casier une condamnation antĂ©rieure qui n’a plus sa pertinence pour le grand public », peut-on lire dans la lettre. Le système actuel de suspension de casier judiciaire est labyrinthique et fastidieux. Un système d’expiration comme celui proposĂ© dans le projet de loi S-212 lui serait prĂ©fĂ©rable.
La section appuie les mesures qui visent Ă combattre les prĂ©jugĂ©s causĂ©s par des antĂ©cĂ©dents pĂ©naux qui ne sont pas liĂ©s Ă des activitĂ©s comme le bĂ©nĂ©volat ou l’obtention d’un emploi. « Une fois que justice a Ă©tĂ© faite, poursuit la lettre, ces antĂ©cĂ©dents ne servent plus Ă rien d’autre qu’Ă entraver la voie vers la rĂ©habilitation sociale. »
Renseignements issus des données de non-condamnation
La section fait remarquer que dans sa mouture actuelle, le projet de loi ne traite pas de la diffusion des renseignements issus des donnĂ©es de non-condamnation contenues dans les bases de donnĂ©es policières, qui pose problème lors de la vĂ©rification d’un casier judiciaire. Ces renseignements incluent les interactions avec la police qui n’ont jamais abouti Ă une dĂ©claration de culpabilitĂ©, comme le fait d’avoir Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme un suspect, d’avoir Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©, d’avoir Ă©tĂ© victime de surdose ou d’avoir Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ© en vertu d’une loi sur la santĂ© mentale. Ces interactions sont consignĂ©es dans les bases de donnĂ©es policières et apparaissent lors des vĂ©rifications, malgrĂ© l’absence d’une dĂ©claration de culpabilitĂ© ou mĂŞme, dans bien des cas, l’absence d’une inculpation.
La divulgation des interactions avec la police qui n’ont abouti Ă aucune condamnation reprĂ©sente un obstacle de plus pour l’accès Ă l’emploi, au logement et aux prestations de l’État et pour d’autres aspects de la vie quotidienne. La lettre de l’ABC souligne qu’une Ă©tude menĂ©e en Colombie-Britannique en 2014 a montrĂ© que près des trois quarts des vĂ©rifications de casier judiciaire s’Ă©tant avĂ©rĂ©es positives ne l’Ă©taient que par la prĂ©sence de renseignements issus des donnĂ©es de non-condamnation.
« De son cĂ´tĂ©, le gouvernement de l’Ontario a adoptĂ© une loi qui brise le statu quo en interdisant la divulgation d’une information aussi prĂ©judiciable lors des vĂ©rifications de casier pour ce qui relève des forces policières provinciales », ajoute la section. Une telle mesure devrait ĂŞtre adoptĂ©e Ă tous les niveaux au Canada pour restreindre partout la divulgation des renseignements issus des donnĂ©es de non-condamnation.
Cela n’empĂŞcherait pas la police d’accĂ©der Ă ces renseignements Ă d’autres fins, comme des enquĂŞtes. Mais cela interdirait le partage de ces renseignements avec le public.