La Section du droit pĂ©nal de l’Association du Barreau canadien et son ComitĂ© sur l’emprisonnement et la libĂ©ration appuient le projet de loi S-230, Loi proposant des solutions de rechange Ă l’isolement et prĂ©voyant une surveillance et des mesures de rĂ©paration dans le système correctionnel (Loi de Tona). Dans une lettre (disponible en anglais seulement; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) adressĂ©e au ministre de la Justice David Lametti et au ministre de la SĂ©curitĂ© publique Marco Mendicino, la section a proposĂ© quelques modifications mineures pour que le projet de loi serve mieux son objectif.
Le projet de loi porte le nom d’une patiente de l’East Coast Forensic Centre, Ă Burnside, en Nouvelle-Écosse, que des membres du ComitĂ© sĂ©natorial des droits de la personne ont rencontrĂ©e au printemps 2018. Tona leur a parlĂ© de ses dix annĂ©es dans des Ă©tablissements sous responsabilitĂ© fĂ©dĂ©rale, annĂ©es qu’elle a entièrement passĂ©es en isolement pour un problème de comportement dĂ©crit comme une quĂŞte d’attention. Une fois admise dans le système de santĂ© mentale, elle a reçu un diagnostic de schizophrĂ©nie, et il a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© que ses longues pĂ©riodes d’isolement lui avaient causĂ© un traumatisme et une psychose indus. Elle a fait forte impression sur les sĂ©natrices en les priant d’abolir le recours Ă l’isolement.
Les membres de la Section du droit pĂ©nal de l’ABC comptent de nombreux clients qui vivent de longues pĂ©riodes d’isolement malgrĂ© des changements lĂ©gislatifs apportĂ©s en 2019. « De nombreux clients souffrant de troubles mentaux dĂ©pĂ©rissent dans des prisons Ă sĂ©curitĂ© maximale oĂą ils sont rĂ©gulièrement soumis Ă la force et Ă l’isolement, ce qui crĂ©e ou exacerbe des traumatismes », dĂ©nonce la lettre.
Le projet de loi S-230 contribuerait grandement Ă mieux assurer le respect des droits garantis par la Charte dans les prisons canadiennes, conclut la section. La lettre ajoute quelques commentaires sur le projet de loi, proposant notamment de modifier le libellĂ© pour interdire expressĂ©ment « les confinements cellulaires prolongĂ©s ou indĂ©finis et les pratiques restrictives courantes oĂą des gens sont confinĂ©s dans leur cellule pendant la journĂ©e pour des motifs autres que le dĂ©nombrement ».
Une autre suggestion d’amĂ©lioration concerne le transfert des personnes souffrant de troubles mentaux invalidants vers des Ă©tablissements communautaires. La lettre recommande d’Ă©largir cette disposition Ă des Ă©tablissements autres que les hĂ´pitaux, afin de s’assurer que ces personnes puissent ĂŞtre transfĂ©rĂ©es dans l’Ă©tablissement le mieux adaptĂ© Ă leurs besoins.
Le projet de loi S-230 exige que les placements dans des unitĂ©s d’intervention structurĂ©e soient examinĂ©s par une cour supĂ©rieure après 48 heures. La section est en faveur d’un examen rapide et approfondi de ce type de placement, mais s’inquiète du fait que cet examen n’exclut pas le renvoi dans la population carcĂ©rale rĂ©gulière d’une prison Ă sĂ©curitĂ© maximale. « Comme les prisons Ă sĂ©curitĂ© maximale reprĂ©sentent souvent des niveaux d’isolement comparables, un milieu dangereux en raison du recours frĂ©quent Ă la force par les agents correctionnels et une culture qui admet d’autres formes de violence, un retour dans la population carcĂ©rale rĂ©gulière d’une prison Ă sĂ©curitĂ© maximale n’est pas une mesure de rĂ©paration judicieuse. »