Steeves Bujold, prĂ©sident de l’Association du Barreau canadien (ABC), exhorte le ministre de l’Immigration Sean Fraser et le ministre de la Justice David Lametti (lettres disponibles en anglais seulement; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) Ă travailler de concert pour permettre aux juristes d’accĂ©der aux portails en ligne de demande de citoyennetĂ©.
La Section du droit de l’immigration de l’ABC a dĂ©jĂ Ă©crit Ă Immigration, RĂ©fugiĂ©s et CitoyennetĂ© Canada (IRCC) pour faire part de ses prĂ©occupations quant Ă l’exclusion des juristes des portails de demande d’immigration. En mai 2021, IRCC a dĂ©clarĂ© que la situation Ă©tait temporaire et qu’elle avait Ă©tĂ© engendrĂ©e par la pandĂ©mie : afin d’Ă©viter que les agents n’aient Ă traiter en personne les demandes envoyĂ©es par la poste, le Ministère avait rapidement mis en place des outils numĂ©riques considĂ©rĂ©s comme des « produits minimums viables » appelĂ©s Ă Ă©voluer.
En aoĂ»t 2021, le prĂ©sident de l’ABC de l’Ă©poque, Bradley D. Regehr, avait Ă©crit Ă IRCC pour lui demander d’inclure les juristes dans chacune des applications avant leur lancement, insistant sur le fait qu’un « produit minimum viable » qui exclut les juristes n’est pas rĂ©ellement viable et ne devrait pas ĂŞtre mis en service.
Les nouvelles lettres de l’ABC mentionnent le fait qu’IRCC a depuis apportĂ© des changements Ă l’un des portails pour donner accès aux juristes qui reprĂ©sentent les demandeurs de statut de rĂ©sident permanent. Les reprĂ©sentants autorisĂ©s peuvent notamment prĂ©senter une demande en ligne de carte de rĂ©sident permanent ou de titre de voyage pour rĂ©sident permanent dans le portail des reprĂ©sentants. Mais les juristes ne sont toujours pas en mesure de soumettre en ligne des demandes de citoyennetĂ© et d’attestation de la citoyennetĂ© au nom de leurs clients.
« Les plateformes Web qui ne sont pas accessibles aux reprĂ©sentants reprĂ©sentent des obstacles Ă l’accès Ă la justice, Ă©crit Me Bujold. Les personnes qui mandatent des juristes pour les aider dans leur demande de citoyennetĂ© ont droit Ă un processus Ă©quitable, ce qui comprend l’accès au processus technologique appropriĂ©. Lorsqu’il modernise ses processus, IRCC ne doit pas entraver la capacitĂ© des juristes Ă reprĂ©senter leurs clients Ă des Ă©tapes cruciales de leurs demandes d’immigration ou de citoyennetĂ©. »
Il n’existe pas de portail des reprĂ©sentants des demandeurs de la citoyennetĂ©, fait remarquer Me Bujold. « Si les juristes ne peuvent examiner une demande de citoyennetĂ© directement, mais seulement par un partage d’Ă©cran ou une capture d’Ă©cran, cela nuit Ă leur capacitĂ© Ă reprĂ©senter leurs clients. » Depuis juin dernier, le portail de demande de citoyennetĂ© permet l’accès Ă certaines catĂ©gories de personnes au-delĂ des demandeurs, mais le refuse toujours aux juristes.
« Sans accès aux portails Web, les juristes ne peuvent conseiller adĂ©quatement leurs clients, dont certains choisiront alors de se reprĂ©senter eux-mĂŞmes et perdront ainsi les avantages que confèrent des conseils professionnels, explique le prĂ©sident de l’ABC. Les demandeurs qui se reprĂ©sentent eux-mĂŞmes peuvent commettre des erreurs qui entraĂ®neront un refus ou se traduiront par des dĂ©clarations inexactes susceptibles d’entraĂ®ner des consĂ©quences dĂ©vastatrices pour leur admissibilitĂ© Ă la citoyennetĂ©. Si les juristes pouvaient accĂ©der au portail de demande de citoyennetĂ© et dĂ©poser des demandes en ligne pour ceux qui choisissent de retenir les services d’un reprĂ©sentant ou d’une reprĂ©sentante, ils pourraient exercer pleinement leurs fonctions professionnelles, et des erreurs seraient ainsi Ă©vitĂ©es. »
« Les juristes jouent un rĂ´le essentiel dans la promotion de la primautĂ© du droit, l’un des piliers de la dĂ©mocratie et de nos droits et libertĂ©s, rappelle Me Bujold. Il est important qu’ils disposent des outils nĂ©cessaires pour exercer leurs fonctions au nom de leurs clients, Ă l’abri de contraintes artificielles. »
En excluant les juristes du portail de demande de citoyennetĂ© en ligne et en privant ainsi des individus de conseils adĂ©quats, « IRCC a fait obstacle Ă un processus de citoyennetĂ© Ă©quitable », concluent les deux lettres.