Le Tribunal des revendications particulières (TRP) permet aux Premières Nations de demander le règlement extrajudiciaire d’un diffĂ©rend concernant l’application des traitĂ©s historiques. Dans une lettre (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) adressĂ©e Ă la prĂ©sidente du Tribunal, la Section du droit des autochtones de l’Association du Barreau canadien prĂ©sente ses recommandations afin de le rendre plus efficace et plus flexible. En voici l’essentiel.
Nomination de juges francophones
Le Tribunal des revendications particulières est formĂ© de juges nommĂ©s par l’ensemble des cours supĂ©rieures provinciales du pays. Mais comme le fait remarquer la section, aucun des membres actuels du Tribunal ne parle français, et cela pose un problème d’accès Ă la justice pour les Premières Nations francophones. « Nous estimons que le Tribunal devrait compter au moins deux membres francophones, afin que les demandeurs des Premières Nations aient accès Ă la mĂ©diation », dĂ©clare-t-elle, ajoutant qu’elle Ă©crira Ă©galement au ministre des Relations Couronne-Autochtones Ă ce sujet, Ă©tant donnĂ© que les membres ne sont pas nommĂ©s par le Tribunal.
Un membre de la Cour supérieure du Québec
Pour que le Tribunal puisse traiter les revendications touchant le QuĂ©bec, il faudrait qu’au moins un de ses membres provienne de la Cour supĂ©rieure du QuĂ©bec et possède une connaissance suffisante du droit civil de la propriĂ©tĂ©. « Il ne s’agit pas d’une question de paritĂ© rĂ©gionale, mais d’expertise juridique et de confiance des demandeurs quant Ă la compĂ©tence du Tribunal », peut-on lire dans la lettre.
Prudence dans l’intĂ©gration des audiences virtuelles
La pandĂ©mie a forcĂ© la tenue de plusieurs procĂ©dures Ă distance, et dans bien des cas cette approche a favorisĂ© l’accès Ă la justice. Cependant, la section croit que la rĂ©conciliation et le respect de la diversitĂ© culturelle exigent que des audiences soient tenues dans la collectivitĂ©. Ces audiences « sont particulièrement importantes pour les tĂ©moins issus de la communautĂ© et pour les preuves par histoire orale, explique-t-on dans la lettre, mais aussi pour donner aux membres de la collectivitĂ© la possibilitĂ© d’assister Ă l’audience de leur revendication ». Le TPR devrait par ailleurs s’assurer que les propositions d’audience virtuelle tiennent compte du droit des demandeurs de choisir une audience tenue dans la collectivitĂ©.
Accès à la documentation en ligne
Les documents du TRP, notamment les procès-verbaux des confĂ©rences de gestion des instances, les directives et les ordonnances, Ă©taient auparavant disponibles sur le site Web, afin que le public et les conseillers juridiques puissent se renseigner sur l’Ă©tat d’une revendication. Ces documents ont Ă©tĂ© rĂ©cemment retirĂ©s en raison des exigences en matière de langues officielles. La section souhaite qu’ils redeviennent accessibles en ligne dès que possible. « Si la chose n’est pas possible, un système Ă©lectronique de dossiers comme celui des Cours fĂ©dĂ©rales pourrait ĂŞtre une solution de rechange appropriĂ©e », ajoute-t-elle.
Approche crĂ©ative de l’attribution des dĂ©pens
Selon la Section, une approche crĂ©ative de l’attribution des dĂ©pens pourrait rendre le processus de revendication plus efficace. Si l’attribution des dĂ©pens envoie le signal que les objections prĂ©liminaires ne sont pas acceptĂ©es, le nombre de demandes prĂ©alables Ă l’audience peut s’en trouver rĂ©duit. Cet aspect est crucial, puisque les Premières Nations ne disposent normalement pas de ressources comparables Ă celles de l’État. « Si les règles permettaient que les dĂ©pens soient payĂ©s Ă l’avance par l’État aux Premières Nations, suivant les critères de l’arrĂŞt Colombie-Britannique c. Bande indienne Okanagan, non seulement les Premières Nations disposeraient-elles de budgets suffisants pour faire valoir leurs revendications, mais les deux parties concentreraient leur attention sur la recherche d’une solution Ă©quitable », conclut la lettre.