Le Sous-comitĂ© des questions judiciaires de l’Association du Barreau canadien appuie le remplacement de l’ancien processus et l’Ă©tablissement de nouvelles règles sur la façon dont les plaintes contre les juges de nomination fĂ©dĂ©rale sont traitĂ©es. Le projet de loi C-9, Loi modifiant la Loi sur les juges, a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© en dĂ©cembre et le sous-comitĂ© dĂ©clare dans une lettre qu’il appuie le nouveau processus.
Dans un mĂ©moire de 2014 s’adressant au Conseil canadien de la magistrature (CCM), l’ABC formulait plusieurs recommandations pour s’assurer du respect des objectifs d’Ă©quilibre entre l’indĂ©pendance de la magistrature et la confiance du public dans l’administration de la justice grâce Ă un processus efficace et opportun.
« De rĂ©centes consultations du gouvernement ont soulignĂ© le temps que prenaient les enquĂŞtes faisant suite Ă ces plaintes et les coĂ»ts que cela engendrait, affirme le sous-comitĂ©, notamment celui liĂ© Ă l’incapacitĂ© potentielle d’un juge de remplir ses fonctions lorsqu’il se dĂ©fend contre une plainte. »
Les suggestions qu’a formulĂ©es l’ABC en 2014, tout comme celles du CCM, ont finalement abouti aux modifications apparaissant dans le projet de loi C-9, Ă la suite de la publication par Justice Canada d’un livre blanc en 2016 et de la tenue de consultations en ligne sur le sujet.
Le projet de loi C-9 améliore le processus de trois façons :
- il instaure un processus d’examen des allĂ©gations trop peu graves pour justifier la destitution du juge;
- il amĂ©liore le processus par lequel la destitution d’un juge est recommandĂ©e au ministre;
- il assure que les annĂ©es de service ouvrant droit Ă pension du juge qui finit par ĂŞtre dĂ©mis de ses fonctions soient calculĂ©es en retranchant la durĂ©e du processus d’examen de ses annĂ©es de service.
Le premier point, la prĂ©sĂ©lection visant Ă s’assurer que les plaintes sont suffisamment graves pour justifier une destitution, est un Ă©lĂ©ment que l’ABC considère comme un dĂ©veloppement positif. « Le projet de loi C9 impose des sanctions obligatoires comme le counselling, la formation continue et les rĂ©primandes pour ces cas-lĂ , explique l’ABC dans sa lettre. Cette façon de faire fait Ă©conomiser du temps au CCM, assure une bonne gestion des ressources judiciaires et abrège le plus possible le temps qu’un juge pourrait devoir consacrer Ă se dĂ©fendre contre une plainte futile. »
Les juges exposĂ©s Ă une possible destitution auraient accès Ă un comitĂ© d’appel composĂ© de trois membres du CCM et de deux juges. Ils auraient Ă©galement la possibilitĂ© de faire appel devant la Cour suprĂŞme du Canada, Ă la discrĂ©tion de la Cour.
Comme le dit le sous-comitĂ©, ceci « constitue une simplification par rapport Ă l’actuel processus de rĂ©vision judiciaire des dĂ©cisions du CCM, qui passe par deux niveaux d’instance de plus (la Cour fĂ©dĂ©rale et la Cour d’appel fĂ©dĂ©rale du Canada) avant qu’un juge puisse s’adresser Ă la CSC ».
Le processus doit s’assurer que les juges peuvent dĂ©fendre leur conduite en ayant recours Ă un processus Ă©quitable. L’indĂ©pendance de la magistrature doit aller de pair avec la responsabilitĂ© judiciaire pour ne pas perdre la confiance du public dans l’administration de la justice.
« Si notre magistrature mĂ©rite le respect et la confiance, le public mĂ©rite quant Ă lui la certitude que les juges sont indĂ©pendants et peuvent ĂŞtre tenus responsables de leur conduite en cour », affirme le sous-comitĂ© dans sa lettre. De l’avis du sous-comitĂ©, le projet de loi C-9 renforcera la responsabilisation des juges, favorisera la transparence et rĂ©duira les frais du processus de traitement des plaintes contre des membres de la magistrature.