Quand le traitement des travailleurs Ă©trangers temporaires (TET) fait les manchettes, c’est gĂ©nĂ©ralement pour de mauvaises raisons. La Section du droit de l’immigration de l’Association du Barreau canadien se rĂ©jouit, dans une lettre (disponible uniquement en anglais; les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) adressĂ©e Ă Immigration, RĂ©fugiĂ©s et CitoyennetĂ© Canada (IRCC) et Ă Emploi et DĂ©veloppement social Canada (EDSC), que des modifications au Règlement sur l’immigration et la protection des rĂ©fugiĂ©s soient proposĂ©es afin de mieux protĂ©ger ces travailleurs vulnĂ©rables pendant leur sĂ©jour au Canada. Elle y prĂ©sente ses commentaires et suggestions dans le but de renforcer encore ces protections.
Information sur les droits des travailleurs
La section approuve l’idĂ©e d’obliger les employeurs Ă fournir Ă tous les TET un document papier dĂ©taillant leurs droits, ainsi que l’assurance couvrant les soins mĂ©dicaux urgents. « Nous suggĂ©rons que ce document papier soit fourni dans plusieurs langues autres que l’anglais et le français, afin que les TET qui ne maĂ®trisent ni l’une ni l’autre des langues officielles du Canada et n’ont pas accès Ă Internet soient bien informĂ©s. »
Étant donnĂ© que certains TET ont plus d’un lieu de travail et qu’un lieu d’affichage unique pourrait s’avĂ©rer inadĂ©quat, IRCC et EDSC devraient prĂ©ciser si ces renseignements peuvent Ă©galement ĂŞtre fournis par voie Ă©lectronique.
Attestation des pratiques des agences de recrutement par les employeurs
Il peut ĂŞtre difficile pour les employeurs faisant appel au Programme de mobilitĂ© internationale d’attester que les agences de recrutement n’ont pas perçu ni recouvrĂ© de frais associĂ©s Ă une Ă©valuation de l’impact sur le marchĂ© du travail. La section se demande si EDSC sera en mesure de tenir les employeurs responsables dans les cas oĂą des agences de recrutement auront fourni des renseignements inexacts sur leurs processus. « Cela est d’autant plus prĂ©occupant que les modifications proposĂ©es au Règlement accordent notamment Ă IRCC et Ă EDSC le pouvoir d’obliger des tiers Ă fournir des documents lors d’une enquĂŞte sur la conformitĂ© de l’employeur. » La section recommande qu’IRCC et EDSC apportent des clarifications sur ce qui constitue un « effort raisonnable » des employeurs pour s’assurer que les agences ne perçoivent pas illĂ©galement des frais auprès des TET. Le gouvernement devrait peut-ĂŞtre envisager de rĂ©glementer ces agences et d’exiger qu’elles dĂ©tiennent un permis.
Contrats signés
La section estime qu’exiger un contrat d’emploi Ă©crit est incompatible avec les exigences du droit du travail selon lesquelles les contrats d’emploi peuvent ĂŞtre Ă©crits, oraux ou hybrides. Exiger un contrat signĂ© peut en outre s’avĂ©rer incommode pour certaines demandes de permis, notamment celles visant une mutation interne ou un emploi Ă court terme. « Pour les cas oĂą l’obtention d’un contrat signĂ© n’est pas pratique, nous recommandons que l’employeur soit tenu de dĂ©crire par Ă©crit les modalitĂ©s de la relation de travail, que ce document soit signĂ© ou non. »
Soins de santé
La section approuve l’idĂ©e d’obliger les employeurs Ă fournir aux TET une assurance mĂ©dicale en attendant qu’ils soient admissibles au rĂ©gime de soins de santĂ© de la province ou du territoire. Elle espère toutefois que cette nouvelle exigence ne dissuadera pas les employeurs de faire appel Ă des programmes comme le Programme des travailleurs agricoles saisonniers.
Par ailleurs, l’accès aux services de santĂ© peut ĂŞtre difficile pour les TET qui n’ont pas de lieu de travail fixe. Pour cette raison, la section recommande au gouvernement de clarifier ce qui est attendu des employeurs lorsqu’il dit qu’ils doivent « faire des efforts raisonnables pour offrir aux travailleurs Ă©trangers temporaires un accès Ă des soins de santĂ© ».
Protéger les travailleurs contre la violence
Les employeurs ne devraient pas rĂ©percuter leurs frais de recrutement sur les TET. Plusieurs provinces ont d’ailleurs lĂ©gifĂ©rĂ© en la matière, dont la Colombie-Britannique, le Manitoba et la Saskatchewan. La section considère que les modifications proposĂ©es aligneront le règlement fĂ©dĂ©ral sur celui de ces provinces.
La section recommande au gouvernement de modifier l’article 207.1 du Règlement afin de permettre aux TET victimes de violence d’obtenir plus facilement un permis de travail ouvert sans les obliger Ă conserver un statut de rĂ©sident temporaire valide. « Cette exigence est injuste pour les candidats qui ont perdu leur statut sans qu’ils en soient responsables, dĂ©nonce la lettre. Une telle perte de statut ne peut qu’aggraver la situation de ces travailleurs vulnĂ©rables qui ont subi de la violence sur leur lieu de travail, ce qui est incompatible avec l’esprit des modifications proposĂ©es par IRCC et EDSC. »