La mĂ©thode actuellement utilisĂ©e pour calculer le montant des pensions alimentaires pour enfants en cas de temps parental partagĂ© ne convient pas Ă la plupart des familles dans cette situation. Dans une lettre adressĂ©e Ă Justice Canada, la Section du droit de la famille de l’Association du Barreau canadien dit que le gouvernement devrait modifier les Lignes directrices fĂ©dĂ©rales sur les pensions alimentaires pour enfants dans les situations de temps parental partagĂ©. [TRADUCTION] « Une prĂ©somption rĂ©futable d’application de la simple compensation dans ces cas correspondrait mieux aux objectifs des Lignes directrices », Ă©crit la section.
L’article 9 des Lignes directrices porte sur le temps parental partagĂ©, prescrivant que les dĂ©penses effectuĂ©es dans ces circonstances devraient ĂŞtre dĂ©terminĂ©es compte tenu des montants figurant dans les tables applicables Ă l’Ă©gard de chaque Ă©poux, des coĂ»ts plus Ă©levĂ©s associĂ©s au temps parental partagĂ©, et des ressources, des besoins et, d’une façon gĂ©nĂ©rale, de la situation de chaque Ă©poux.
Dans l’arrĂŞt Contino c. Leonelli-Contino, monsieur le juge Bastarache a examinĂ© les pensions alimentaires pour enfants applicables aux enfants en situation de temps parental partagĂ©. Il a Ă©crit que « [L]e lĂ©gislateur, en rĂ©digeant l’art. 9, a volontairement mis l’accent sur les objectifs d’Ă©quitĂ©, de souplesse et de reconnaissance des ressources, des besoins et, d’une façon gĂ©nĂ©rale, de la situation de chaque Ă©poux et de tout enfant pour lequel une pension alimentaire est demandĂ©e, mĂŞme si cela compromet jusqu’Ă un certain point la prĂ©visibilitĂ©, l’uniformitĂ© et l’efficacitĂ© ».
Toutefois, la section souligne que dans la plupart des cas, il est difficilement envisageable, en pratique, d’appliquer les principes de l’arrĂŞt Contino. [TRADUCTION] « La difficultĂ© et les coĂ»ts inhĂ©rents au respect des exigences des paragraphes 9b) et c) des Lignes directrices empĂŞchent de satisfaire aux objectifs des Lignes directrices visant Ă ce que les enfants continuent Ă profiter des moyens de leurs deux parents, accroissent les conflits et les tensions entre les parents, rĂ©duisent l’objectivitĂ© des calculs des pensions alimentaires pour enfants et nuisent Ă l’efficacitĂ© du processus judiciaire. »
En outre, l’Ă©laboration d’une analyse Contino peut ĂŞtre onĂ©reuse en temps et en argent, et le processus est particulièrement dĂ©courageant pour les parties non reprĂ©sentĂ©es par avocat Ă©tant donnĂ© que les Lignes directrices ne contiennent aucune assistance quant Ă la manière de traiter ces complexes enjeux.
La section propose de mettre en Ĺ“uvre une prĂ©somption rĂ©futable qu’une simple compensation peut ĂŞtre appliquĂ©e en cas de temps parental partagĂ©. Cela signifie que le parent ayant le revenu le plus Ă©levĂ© verserait Ă l’autre la diffĂ©rence entre leurs montants respectifs calculĂ©s au moyen de l’outil de recherche.
[TRADUCTION] « Cette prĂ©somption guiderait les parents et les tribunaux, augmenterait la prĂ©visibilitĂ©, l’uniformitĂ© et l’efficacitĂ© des dĂ©cisions des tribunaux tout en rĂ©duisant les conflits entre les parents au moyen d’un calcul plus objectif des pensions alimentaires pour enfants. Cela permettrait en outre aux parents de rajuster facilement les pensions alimentaires au fil de la fluctuation des revenus et permettrait aux services de nouveau calcul (le cas Ă©chĂ©ant) de recalculer les pensions alimentaires en fonction d’une formule dĂ©terminĂ©e. Une prĂ©somption augmenterait aussi l’accès Ă la justice en simplifiant le calcul des pensions alimentaires pour enfants et en en accroissant la prĂ©visibilitĂ© et l’objectivitĂ© dans les situations de temps parental partagĂ©. »
Faire de la simple compensation une prĂ©somption laisserait la possibilitĂ© aux parties de la rĂ©futer dans les situations oĂą elle ne serait pas appropriĂ©e, Ă l’instar d’autres dispositions des Lignes directrices qui autorisent ces arguments.
La proposition de la section soulève nĂ©anmoins une possible prĂ©occupation : elle pourrait ne pas tenir compte des dĂ©penses normalement engagĂ©es par un seul des deux parents et qui ne sont pas couvertes par la dĂ©finition actuelle des dĂ©penses spĂ©ciales ou extraordinaires plus communĂ©ment connues sous le nom de « dĂ©penses de l’art. 7 », comme les vĂŞtements d’extĂ©rieur. [TRADUCTION] « La crĂ©ation d’une nouvelle catĂ©gorie de dĂ©penses de l’art. 7 dont il faut tenir compte en cas de temps parental partagĂ© devrait Ă©liminer en partie cette prĂ©occupation. Cette catĂ©gorie pourrait prendre la forme d’un nouveau paragraphe 7(1.2) et inclure des dĂ©penses telles que les visites chez le coiffeur, l’achat de vĂŞtements d’extĂ©rieur et autres articles ou services lorsque le coĂ»t engagĂ© profite Ă l’enfant oĂą qu’il rĂ©side. »
La section recommande en outre de modifier les dĂ©penses de l’art. 7 en y incluant des dĂ©penses telles que celles engagĂ©es pour l’achat de matĂ©riel Ă©lectronique, d’Ă©quipement sportif sans lien avec des leçons officielles, ou l’assurance de vĂ©hicules conduits par les enfants. [TRADUCTION] « Si le lĂ©gislateur ne souhaite pas allonger la liste des dĂ©penses spĂ©cifiques prĂ©vues Ă l’article 7, une catĂ©gorie gĂ©nĂ©rale de dĂ©penses laissĂ©es Ă la discrĂ©tion du tribunal pourrait ĂŞtre ajoutĂ©e en vue de son emploi dans les cas appropriĂ©s. »
La mĂ©thode actuelle utilisĂ©e pour dĂ©terminer les pensions alimentaires pour enfants en cas de temps parental partagĂ© ne convient pas Ă la plupart des familles dans cette situation. Les changements proposĂ©s par la section de l’ABC garantiraient que les enfants continuent Ă profiter des moyens financiers des deux parents, rĂ©duiraient les conflits entre les ex-conjoints, faciliteraient l’efficacitĂ© et l’uniformitĂ© des ordonnances alimentaires pour enfants et amĂ©lioreraient l’accès Ă la justice.