Étendre le libre échange en Asie du Sud-Est

  • 26 mars 2021

Le Canada est, et a toujours Ă©tĂ©, une nation commerciale. Selon Affaires mondiales Canada, en 2018 nous participions Ă  « 14 accords de libre-Ă©change appliquĂ©s dans 51 pays, reprĂ©sentant un produit intĂ©rieur brut combinĂ© de 52 billions $US ».

Le Canada envisage de conclure un accord de partenariat Ă©conomique global (APEG) avec l’IndonĂ©sie. Dans leur mĂ©moire (disponible uniquement en anglais, toutes les citations qui en sont tirĂ©es sont des traductions) portant sur ces nĂ©gociations, la Section du droit international, la Section du droit de la concurrence et de l’investissement Ă©tranger, et l’Association canadienne des conseillers et conseillères juridiques d’entreprise (ACCJE) de l’Association du Barreau canadien (les sections) disent que « les bases mouvantes » sur lesquelles reposent le commerce et les investissements internationaux ont de graves rĂ©percussions sur notre pays. C’est la raison pour laquelle notre approche d’un accord avec l’IndonĂ©sie « devrait examiner la manière dont il pourrait profiter Ă  la population et aux entreprises du Canada » en comparaison avec nos accords existants avec d’autres pays, particulièrement ceux de l’Asie du Sud-Est.

Globalement, les sections appuient la nĂ©gociation d’un accord commercial bilatĂ©ral avec l’IndonĂ©sie « pour renforcer les liens commerciaux et financiers afin de mieux correspondre Ă  une stratĂ©gie de diversification des exportations ». Nous avons des relations diplomatiques de longue date avec l’IndonĂ©sie et avons collaborĂ© avec elle dans maints domaines au fil des ans, y compris dans ceux des droits de la personne, et du renforcement de la capacitĂ© de lutte contre le terrorisme. Autre raison importante : ce pays est situĂ© dans une rĂ©gion du monde particulièrement dynamique du point de vue Ă©conomique.

« Le commerce et l’investissement du Canada en Asie du Sud-Est sont en rapide expansion, remarquent les sections, non seulement sur le plan du volume, mais aussi en ce qui concerne la diversitĂ© des secteurs concernĂ©s, y compris le secteur pĂ©trolier et gazier, celui de l’extraction minière, la haute technologie, les tĂ©lĂ©communications, l’agroalimentaire, les services financiers, l’aviation et les produits de consommation. Et pourtant, le Canada n’a signĂ© que peu d’accords Ă©conomiques globaux dans cette rĂ©gion du monde (le PTPGP et l’accord de libre-Ă©change entre le Canada et la CorĂ©e du Sud Ă©tant des exceptions dignes de mention) », explique le mĂ©moire.

L’IndonĂ©sie est non seulement la deuxième destination la plus importante pour les investissements canadiens directs en Asie du Sud-Est, mais elle possède Ă©galement la plus grande Ă©conomie. Elle se distingue par son potentiel de croissance parmi tous les pays du G20.

Les sections croient que le Canada devrait saisir l’occasion des nĂ©gociations commerciales avec l’IndonĂ©sie pour examiner son propre modèle d’accord de libre-Ă©change. « Les dispositions sur l’investissement et les mĂ©canismes de règlement des diffĂ©rends, Ă  savoir les modifications du mĂ©canisme du Centre international pour le règlement des diffĂ©rends relatifs aux investissements (CIRDI), mĂ©ritent qu’on les examine attentivement », ajoutent-elles.

Parmi les autres Ă©lĂ©ments qui pourraient tirer profit d’un examen, notons les taxes excessives sur les produits de luxe ou sur l’importation d’alcool et de produits mĂ©nagers, les restrictions des importations de certains produits, les exigences bureaucratiques qui empĂŞchent la participation Ă©trangère aux projets pĂ©troliers, gaziers et Ă©lectriques, ainsi que les prĂ©occupations de longue date liĂ©es Ă  la transparence et Ă  la corruption. L’ABC recommande en outre d’adopter une sĂ©rie de mesures visant Ă  promouvoir la concurrence Ă©quitable et la protection des consommateurs, administrĂ©es « avec des engagements dĂ©taillĂ©s assurant le respect des principes d’Ă©quitĂ© procĂ©durale, de non-discrimination et de transparence ».

Qui plus est, nous devons veiller Ă  ce que, puisque les sociĂ©tĂ©s Ă©trangères jouissent du mĂŞme environnement canadien de bonne gouvernance et de primautĂ© du droit, les « sociĂ©tĂ©s canadiennes se voient accorder les mĂŞmes protections lorsqu’elles font des affaires Ă  l’Ă©tranger », Ă©crivent les sections.

 

Plus que du simple commerce

Les accords commerciaux facilitent le flux de marchandises et de personne, c’est manifeste, mais ils peuvent aussi servir Ă  mettre en commun les pratiques exemplaires et Ă  encourager le changement positif pour les populations de tous les pays impliquĂ©s. Cet accord ne fait pas exception.

Les sections sont d’avis que le Canada devrait encourager la coopĂ©ration entre les experts canadiens et indonĂ©siens en matière de responsabilitĂ© sociale d’entreprise et partager l’information et les pratiques exemplaires pour appuyer la croissance verte, le perfectionnement des employĂ©s et la durabilitĂ© des communautĂ©s. « Tout accord devrait reflĂ©ter l’engagement des parties envers le dĂ©veloppement Ă©conomique durable », Ă©crivent-elles.

Il faudra aussi demeurer constamment vigilants pour garantir qu’un accord commercial entre le Canada et l’IndonĂ©sie se traduise par une rĂ©partition Ă©quitable et juste de la prospĂ©ritĂ© Ă©conomique, l’harmonisation des lois locales avec les droits de la personne Ă  l’Ă©chelle internationale, une meilleure protection des travailleurs, y compris l’Ă©limination du travail des enfants, l’Ă©quitĂ© salariale, la reprĂ©sentation proportionnelle des sexes dans toutes les professions, la protection des droits des personnes LGBTQIA2S+, et la garantie que les diffĂ©rences culturelles ne sont pas laissĂ©es pour compte dans le cadre de pratiques commerciales et d’affaires agressives.

L’ABC encourage l’Ă©quipe de nĂ©gociations du Canada Ă  s’adresser Ă  elle de nouveau en fonction des besoins. « Nous croyons que si l’occasion nous est donnĂ©e de fournir des conseils d’experts plus approfondis et plus ciblĂ©s, cela renforcera les positions du Canada. »