Les date limites pour dĂ©poser des documents et les dĂ©lais de prescription prĂ©vus par les lois fĂ©dĂ©rales sont devenus problĂ©matiques en cette pĂ©riode de COVID-19 alors que bien des juristes n’ont pas accès aux tribunaux ou aux parties dont la participation leur est nĂ©cessaire pour s’acquitter de leurs tâches.
C’est la raison pour laquelle l’ABC fĂ©licite le gouvernement pour les efforts qu’il fait pour fournir un allègement significatif sous forme de propositions lĂ©gislatives qui soulignent les possibles solutions. Cependant, dans deux mĂ©moires distincts, un certain nombre d’entitĂ©s de l’ABC ont critiquĂ© le projet de loi lui-mĂŞme et ont recommandĂ© des amĂ©liorations. Quatre entitĂ©s de l’ABC ont contribuĂ© au premier mĂ©moire, Ă savoir la Section du droit des organismes de bienfaisance et Ă but non lucratif, la Section de la propriĂ©tĂ© intellectuelle, la Section du droit de la concurrence et le ComitĂ© de liaison entre la magistrature des Cours fĂ©dĂ©rales et le barreau. Le ComitĂ© mixte sur la fiscalitĂ© de l'Association du Barreau canadien et de Comptables professionnels agrĂ©Ă©s du Canada ainsi que la Section de la taxe Ă la consommation, douanes et commerce de l’ABC ont envoyĂ© un mĂ©moire portant sur les incidences fiscales du projet de loi.
« En l’absence de lĂ©gislation », soulignent les quatre groupes dans le premier mĂ©moire (en anglais seulement), « le seul recours est la demande d’une prorogation des dĂ©lais auprès des cours ou des tribunaux, ce qui prend du temps et est inefficient. »
Cela Ă©tant dit, l’ABC a dĂ©terminĂ© des domaines dans lesquels la loi peut ĂŞtre amĂ©liorĂ©e, par exemple la nature vague d’un mĂ©canisme gĂ©nĂ©ral de prorogation prĂ©vu par la loi qui, selon le mĂ©moire, [TRADUCTION] « court le risque de gĂ©nĂ©rer une plus grande incertitude pour les plaideurs. La lĂ©gislation devrait clarifier au moyen d’un libellĂ© prĂ©cis » si l’article 6 s’applique Ă tous les règlements et, si ce n’est pas le cas, devrait Ă©numĂ©rer les lois et règlements fĂ©dĂ©raux visĂ©s. L’ABC a soulignĂ© certains ajouts appropriĂ©s Ă la liste des lois et règlements.
L’ABC suggère que le gouvernement ne devrait pas rendre obligatoires les suspensions ou les prorogations des dĂ©lais, car cela pourrait causer [TRADUCTION] « des difficultĂ©s ou une confusion imprĂ©vues dans les cas oĂą les prolongations ne sont pas nĂ©cessaires ». Au lieu, dit-il, le gouvernement devrait soit autoriser les parties Ă ne pas se prĂ©valoir de la prorogation obligatoire au cas par cas, soit accorder les prolongations ou les suspensions aux parties qui les demandent.
En outre, les incidences du projet de lĂ©gislation sur d’autres initiatives ou sur des lois dĂ©jĂ assorties de suspensions ou de prolongations ne sont pas claires. L’ABC soulève Ă©galement la question de savoir quels sont « les effets et obligations » connexes Ă l’expiration de toutes les dates limites au 14 septembre 2020. La Section du droit de la propriĂ©tĂ© intellectuelle suggère que le gouvernement serait mieux avisĂ© d’arrĂŞter le calcul du temps pendant la pĂ©riode de suspension et lui demande de prĂ©ciser les règlements et les dĂ©lais qui seront prolongĂ©s ou suspendus.
Dans son mĂ©moire, le ComitĂ© mixte cherche Ă garantir que les propositions seront appliquĂ©es de manière Ă fournir une certaine souplesse. Il cherche de plus Ă garantir la certitude des procĂ©dures conduites aux termes de la Loi de l’impĂ´t sur le revenu et de la Loi sur la taxe d’accise, et qu’elles ne permettront pas « des suspensions ou des prolongations non fondĂ©es par le besoin d’Ă©viter les effets injustes ou indĂ©sirables de la crise de la COVID-19 ».
« [L]a protection des droits acquis et d’autres Ă©lĂ©ments de certitude permettraient aux contribuables de planifier leurs finances (y compris les informations Ă fournir dans les Ă©tats financiers) et de prendre les dispositions appropriĂ©es et sĂ»res avec leurs employĂ©s, leurs crĂ©anciers et d’autres parties prenantes en cette pĂ©riode difficile. De plus, en ce qui concerne l’article 7, si son but Ă©tait de donner Ă l’ARC la capacitĂ© Ă suspendre ou Ă prolonger les pĂ©riodes de cotisation, la note explicative devrait en faire mention plus clairement […]. »
La Section du droit de la concurrence suggère de minimiser la durĂ©e des suspensions ou des prolongations et demande que tout dĂ©lai omette la pĂ©riode de 45 jours pendant laquelle le ministre doit Ă©tudier les investissements en vue d’un possible contrĂ´le. Elle dit Ă©galement que les dĂ©lais ou prolongations ne devraient pas s’appliquer rĂ©troactivement au mois de mars, moment auquel les mesures de distanciation sociale ont pris effet. Elle dit que cela [TRADUCTION] « nuirait Ă la rĂ©putation du Canada en tant que pays prĂ©visible et respectueux de la primautĂ© du droit dans lequel il fait bon investir ». Cela causerait aussi une incertitude considĂ©rable Ă l’Ă©gard d’opĂ©rations rĂ©centes.
Ces commentaires, entre autres, ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s en vue d’accroĂ®tre l’accessibilitĂ© et la rĂ©activitĂ© du système de justice face aux dĂ©fis contemporains, dit l’ABC. [TRADUCTION] « Alors que la brève pĂ©riode de consultation ne permet pas d’effectuer une analyse plus approfondie du projet de loi dans tous les domaines juridiques, nous serions ravis de fournir des commentaires plus dĂ©taillĂ©s sur tout règlement d’application. » Au terme de la consultation, la Loi sur les dĂ©lais et autres pĂ©riodes (COVID-19) a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e devant la Chambre des communes le 10 juin en tant que partie du projet de loi C-17.